C'est mon Truffaut préféré, sans doute le plus lucide sur les relation humaines et le couple. La fin est terrible, à la fois triviale et anéantissant d'un mot tout l'univers exposé par le film : pourquoi recréer un monde qui se considère lui-même comme mort ?
Mais cette gratuite est aussi ce qui donne au cinéma son pouvoir : le cosmopolitisme n'est défendu par Truffaut ue dans la mesure où il ne vit plus que par le cinéma.
Cette ambiguïté est complètement en phase avec la réalité politique du 20ème siècle. D'un certain côté Mai 68 à présent est à son tour plus défendu au cinéma que dans le discours politique réel. C'est justement cet aspect morbide qui permet au film de dépasser le seul enjeu esthétique pour dire une vérité sur l'idéologie de l'époque. En un sens le costume permet de dire la même vérité sur les relations humaines que la Maman et la Putain, mais avec moins de complaisance : l'idée de liberté qui anime le film est celle d'un autre, vient du passé (c'était aussi une manière de montrer que les idéaux sexuels de l'époque avaient un passé, étaient situés dans la bourgeoisie, et avaient déjà connus une forme de défaite ou d'achoppement contre le réel : ils deviennent tragiques et ce tragique est refoulé - il est aussi l'indice de leur nécessité) : elle n'a pas à être défendue, elle est un fait achevé, elle a déjà trouvé sa forme, mais cela au moment où plus personne ne l'investit. Seul la nostalgie du passé l'expose à la démagogie.
. Mais il faut le considérer comme un dyptique avec Jules et Jim. Je troue aussi intéressant la manière dont quelque-chose de l'urgence de la nouvelle vague survit dans le film à costume. Le décalage culturel vers l'Angleterre est aussi intéressant, geste peu courant dans le cinéma français.
Dans le livre de Roché le ralentissement progressif de lettres à la fin du livre est bouleversant (c'est aussi la dynamique réelle des rapports amoureux).
Le film souffre peut-être d'avoir vu sa démarche imitée par Assayas dans les Destinées Sentimentales ou Desplechin dans Esther Kahn (pas des films inintéressants d'ailleurs).