Forum de FilmDeCulte

Le métro de New York, deux heures du matin. Station après station, le dernier wagon du train se remplit de passagers : une famille rentrée d'un repas tardif, un jeune couple qui va conclure, deux militaires en permission... Puis deux voyous entrent dans la rame.


Ça se présente comme un croisement entre du Haneke (situation sidérante, terreur sociale, culpabilité...), Orange mécanique (deux fous rieurs qui confrontent la civilisation propre sur elle) et les films théâtraux et psychologisants des années 50, façon Douze hommes en colère, dont le film semble d'ailleurs presque être le miroir inversé (unité de temps, de lieu, sécheresse du dispositif et galerie de portaits pris un à un). Avec toute l'efficacité qu'un tel mariage peut suggérer...

Mais l'ensemble reste surtout marqué, à mon goût, par son cachet 60' : spectacle (avec ce qu'il faut de fasciné ou de revendicateur) de la violence de sa jeunesse, propos socio-politique très sûr de lui, jeu de massacre satisfait des archétypes du monde qui se lève tôt. La longue première partie est déjà en soi un peu curieuse, tant le réalisateur prend le temps de nous présenter un à un les futures victimes du piège, alors qu'on le sait évidemment prêt à se refermer dès le prologue. On se retrouve alors à observer un à un les arrivants comme autant d'échantillons sociologiques (le noir, l'homo, le père de famille lâche, le jeune rebelle...). Cette tendance un peu sclérosante se retrouve dans le métro-même : au lieu de tresser un vaste réseau de terreur, de jouer subtilement des réactions de chacun, le scénario confronte sagement les passagers à la queue-leu-leu, couple par couple, faisant retomber la tension entre chaque confrontation.

Ça reste très bien écrit, on sent bien que l'agresseur fonctionne comme une figure de diable qui va moins attaquer que révéler la lâcheté secrète de chacun, qui va mettre à jour la névrose de chaque duo, les non-dits, les tensions : bref, qui va dissiper les mensonges et craquer le vernis de la civilisation, provoquant avant tout une autodestruction chez celui qui lui fait face. Mais on reste donc sur ce schéma bégayant et répétitif qui ne construit pas le grand cauchemar promis, et qui de fait peine à réellement donner le vertige.

Pas vraiment déçu, car j'avais vraiment peur du petit exposé hyper démonstratif bourré de tics sixties (bon, il en reste : le jeu à performance aux rires alignés me gonfle bien). Ce n'est pas que ça : le propos du film en passe par une véritable expérience émotionnelle, il oppresse, il construit impeccablement sa progression, et il se dessine un très beau personnage de héros salvateur (dont on pourrait questionner le métier, d'ailleurs, pour un film qui semble tant de fois se rêver iconoclaste). Mais ça reste un peu petit par rapport à ce que le pitch pouvait promettre.


Premier rôle de Martin Sheen, sinon !

Tu l'as vu comment ?
Je l'avais découvert à la télé y a une éternité et depuis j'ai jamais pu mettre la main sur une version potable.
Ça fait trop longtemps pour que j'en parle mais ce côté oppressant m'avait bien scotché sur le moment.

Il est passé au Champs-Élysées Film Festival et sera repris le 10 septembre.

Il repasse aussi à Paris Cinéma j'ai vu, je le tenterais surement.

Il ressort en septembre, tout simplement.

Je l'ai vu au ciné-club de la Femis (première fois que j'y mettais les pieds, d'ailleurs). Copie très bien, je suppose que ce sera édité sous peu.

OK, merci tout le monde.