Forum de FilmDeCulte

J'aime de plus en plus Peter Bogdanovich, dont je découvre la filmographie petit à petit.

Ce premier film est un bijou d'âpreté qui met en parallèle les vies d'une vieille star du cinéma d'horreur (Boris Karloff dans un de ses derniers rôles, absolument génial) et d'un "spree killer" au fusil de sniper. Jusqu'au face à face final, aussi drôle qu'incongru, Bogdanovich égraine les séquences d'anthologie aux tonalités singulièrement différentes, passant d'une scène de massacre terrifiante d'intensité à celle d'un Karloff ramassé sur son fauteuil, racontant les yeux brillants une histoire d'horreur (passage sublime : http://www.youtube.com/watch?v=88wMrLGch9w).

5.5/6 pour le moment, mais le film vieillit extrêmement bien. 6/6 pas impossible.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Assez incroyable en effet.

Je l'ai découvert à travers la critique de Tarantino, que j'avais aussi déja posté ici.
Film quand même très en avance sur son temps pour ces mélanges de tons, où on a de l'hommage méta, de la nostalgie hollywoodienne, des tueries de masses tristement réalistes et chaotiques (seulement deux ans après la fameuse tuerie de l'Univesity of Texas à Austin) et qui ducoup évoque ... Once Upon A Time in Hollywood, où Boris Karloff remplace Sharon Tate et où un tueur blondinet propre sur lui remplace la bande à Manson.
Je n'ai vu aucun autre film de Bogdanovich mais celui ci est très maitrisé. Castorp mentionne notamment la première tuerie dans la maison, tout en plans composés qui durent.
Pour un premier film c'est assez impressionnant je trouve.

Tu l'as vu où ? Téléchargé ?

_________________
CroqAnimement votre

Ouais.
Enfin je l'ai regardé sur le compte Plex d'un pote.

Je vais essayer de le dégotter ça a l'air bien.

_________________
CroqAnimement votre

C'est un film curieux qui vaut le coup d'oeil, et il ne dure qu'1h30.

Aaaaaah ! Ça fait plaisir !
Trois mois que je tanne tout le monde pour se poser sur ce film. Comme flatclem c'est par QT que j'ai découvert le film (sur le Pure Cinema Podcast où il parlait de Once upon peu de temps avant sa sortie), et c'est vraiment une excellente surprise. Au-delà du tour de force de Bogdanovich qui parvient à se servir de la machine Corman et ses contraintes pour accoucher d'un film franchement original et très méta, c'est la patte de Fuller en arrière-plan qui m'a beaucoup conquis: ça va droit au but et ça se permet des instants très forts, .

J'aime aussi beaucoup le côté capsule temporelle de certains films et celui-là rentre forcément dans cette case.

Je n'ai pas enchainé encore sur d'autres Bogdanovich. The last picture shown me tente.

Me semble que Lohmann disait ici ou là ne pas avoir apprécié.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je trouve juste le film moyen. En fait la scène que je préfère ne fait pas partie de celles que vous mentionnez (celle où il monte sur le toit pour shooter les voitures sur l'autoroute, qui m'en rappelle une autre mais sans savoir quoi). Je ne suis pas fan de Karloff (l'acteur hein), il fait preuve de second degré ici mais je trouve la longue séquence dans l'appart avec Bogda bien gavante. Et je ne vois pas ce que le meurtre de la famille a de bien particulier dans sa mise en scène.

En fait j'attends toujours de voir un film de Bogdanovich qui me transcende, La Barbe à papa c'est sympa sans plus (Ryan O'Neil est largement meilleur dans Driver de Hill) et je n'aime pour le coup vraiment pas La Dernière séance. Celui que je préfère c'est encore Jack le magnifique.

Oui c'est certainement ma scène préfèrée aussi.

Je trouve la scène avec Karloff et Bogdanovich bienveillante et très touchante en fait. Le rapport méta entre le jeune réalisateur et la vieille star marche bien. Et le fait qu'elle se clôt sur ce long plan de lui racontant une histoire d'horreur achève de rendre la scène classe, je sais pas.
Pour la première tuerie dans la maison, j'aime beaucoup que la mise en scène adopte le point de vue psychopathe du tueur, ou sa famille n'est reduit qu'a quelques silhouettes qui ouvrent des portes pour se faire dégommer. L'idée est réutilisée dans les deux autres tueries mais le concept évolue à chaque fois (de plus en plus chaotique et a plus grande échelle, ce qui est appuyé avec le montage et la mise en scène du coup).

Découvert hier soir et quel film surprenant, je n'en connaissais rien avant de le lancer et ça a été une surprise totale du début à la fin. Vraiment très étonnant cette construction "deux films en un" qui se rejoignent à la fin (après s'être croisés au début). J'ai pas mal pensé au dernier Tarantino (LA, le drive in forcément, mais pas que) dans cette exploration méta du cinéma (avec la surprenante présence indirecte de Jack Nicholson à travers les extraits du film L'halluciné de Corman). Après un peu comme Lohmann je trouve que les scènes entre Karloff et Bogdanovich sont un peu trop complaisantes dans leur durée. En fait tu sens trop le jeune réalisateur qui veut rendre hommage à un acteur culte et qui le laisse un peu trop à l'écran. Ce n'est rien de rédhibitoire mais il y a eu un moment j'avais vraiment plus envie d'être dans "l'autre film" (avec le sosie de Matt Damon) totalement fascinant et flippant. Vraiment un film assez unique et singulier, excellente découverte.

_________________
CroqAnimement votre

Merci Art de m'avoir rappelé que je l'avais chopé sur La Loupe et que je devais le voir. Attention SPOILERS.

La construction alternée entre deux parties que tout oppose est intrigante. D'un côté une comédie gourmande et farceuse sur les coulisses du cinéma, avec Boris Karloff et Peter Bogdanovich virtuellement dans leurs propres rôles ; de l'autre un récit clinique de tueur de masse qu'on présente d'abord dans sa famille de sitcom à la Leave it to Beaver avant de le voir glisser en pur mode Oswald. Tourné quatre ans après les faits, le spectre de l'assassinat de JFK plane à fond sur le film. D'ailleurs à l'aune de ce visionnage je vais aller relire mon livre de JB Thoret sur le meurtre de JFK dans le ciné américain.

La collision de ces deux mondes est totalement 68 dans l'esprit, on croit que ça va être un film purement de son temps: ces jeunes boomers qui débarquent et vont venir tuer le monde/le cinéma de papa, de la même manière que Bogdanovich et ses pairs ont déboulé à Hollywood et tout renouvelé.

Mais Bogdanovich, que je connais mal, s'avère plus tarantinesque que ça. Le cinéma de papa fights back et vient corriger le tragique du monde réel et remettre les punks dans le droit chemin avec deux-trois torgnoles. Final hyper fort et inattendu, alors qu'on pensait que Byron Orlok allait tout droit vers Samarra et la mort.

Bref, film fou et riche, déroutant, méta... Je suis ravi de l'avoir découvert.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui film génial, un des meilleurs de son auteur. La tuerie est apparemment inspirée d’un drame réel survenu en 1966, par contre.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

En effet, le film Zapruder n'était pas sorti au moment du tournage et dans son livre Thoret ne mentionne TARGETS qu'en passant.

Mais quand on voit ces images, qu'on ne me dise pas que le film ne pense pas par lui-même:

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est quoi le titre exact, stp ?

_________________
I think we're gonna need a helmet.