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Tri pesni o Lenine (Три песни о Ленине) en VO.



Film réalisé à l'occasion des dix ans de la mort de Lénine. Trois chansons populaires dédiées à la Révolution inspirent les trois parties du film, intitulées "Mon visage se trouvait dans une prison noire" (sur la libération de la femme musulmane), "Nous l'aimions" (sur les funérailles de Lénine) et "Dans la grande ville de pierre" (sur la construction du socialisme).


De très, très, trèèèèès loin le film le plus correct que j'ai vu de Vertov. Ni théorico-frigidissime comme L'Homme à la caméra, ni bordélico-brouillon comme Enthousiasme... Il y a une différence de taille, c'est le "chant" du titre, c'est à dire le lyrisme. Alors certes, c'est avec le poids d'une propagande démesurée, arrivée à un point d’idolâtrie terminal (les cartons enchaînant des trucs comme "c'était beau quand il riait comme ça", "là il avait une expression fâchée"...), presque masturbatoire dans sa façon de rembobiner / boucler les quelques secondes d'images d'archives de son leader. Mais quelque part, ce n'est pas tellement le problème : ce n'est pas dans l'exagération que le film devient chiant, mais lorsqu'il insère ses témoignages où paysans ou ouvriers donnent l'exemple (et donc l'ordre implicite) d'un investissement supérieur dans le labeur, ce qui transforme à nouveau l'entreprise en quelque chose de didactique.

La fantasmagorie que se crée Vertov est autrement plus aimable : celle d'une nation vaste comme le globe, qu'il cartographie de façon révélatrice en ne conservant que sa capitale et son hyper-extrémité (Asie extrême-orientale, ou extrême-sud), la barbarie de la seconde étant sauvée par l'idéologie salvatrice de la première. Cette communauté éparpillée, qui en passe presque uniquement par les femmes (dont les visages se penchent sur le tombeau comme autant de bonnes fées) et par leur terre (nature étrangement omniprésente, pour une fois), permet un film plus libre, plus éclaté et plus énigmatique, pas si loin de ce que je peux trouver beau chez Dovjenko, ou même chez Malick. Il y a une poésie dans le montage, complètement absente des autres films que j'ai vu de lui, qui pour une fois entretient davantage le mystère de sa vision du monde qu'elle n'en déroule l'exposé.

Après, tout ça est de l'ordre du potentiel. Contrairement à Eisenstein et consorts, ça reste quand même fatalement limité par sa nature de film franchement propagandiste - qui empêche à l'ensemble de clore correctement ce qu'il dessine, ratatinant son ambition au niveau du tract.