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Twilight's Last GleamingLe dimanche 16 novembre 1981 s’annonce comme une journée tranquille pour David Stevens. Le président des États-Unis ignore qu’au même moment des évadés de prison sont en train de s’infiltrer dans une base militaire du Montana, afin de prendre le contrôle de neuf missiles nucléaires. Leur meneur, Lawrence Dell, est un ancien général de l’US Air Force condamné pour meurtre. Introduit avec succès dans le silo 3, Dell contacte l’étatmajor et impose ses conditions : de l’argent ainsi qu’une extradition à bord d’Air Force One pour lui et ses hommes. En sus, le renégat ordonne au Président de révéler un document confidentiel sur l’intervention américaine au Vietnam. En cas de refus, les fusées nucléaires seront lancées… Assez chouette ce film, qui détourne les codes des vieux épisodes de
Mission : Impossible et annonce même un peu
24 heures chronos ... Oui parce que ça apparait de prime abord plus télévisuel qu'autre chose ce qu'y fait le père Aldrich, dont la mise en scène de l'action fait même très peur dans tout le prologue, avec une introduction dans une base militaire qui souffre particulièrement d'arthrite. En même temps, je trouve déjà généralement que ses films ont pas mal accusés le coup avec le temps, plus que des Fuller et Peckinpah pour l'associer à d'autres grognons qui faisaient dériver le style hollywoodien de leur époque.
On craint le film de vieillard, avec notamment un Widmark assez crispant... Mais une fois que Lancaster (toujours impeccable) et ses sbires s’enferment dans le Silo on passe heureusement autre chose. Les successions d'échanges téléphoniques et la durée assumée (dans cette version intégrale qui vient de sortir du moins) sont valorisés par tout un petit délire de split screen et de caméras de surveillance (peut-être l'un des premiers films à en jouer autant), qui finissent par atteindre une aisance assez virtuose dans ce climax de nervosité aux 2/3, porté en prime par un Goldsmith en bonne forme. On suit ainsi avec beaucoup de fluidité tout ce qui se passe du côté des deux camps, et le cinéaste finit par jouer de l'affrontement de deux mises en scène avec les mini-caméras du centre: s'affronte le filmage des autorités et celui des assaillant jouant sur les angles morts des caméras de chacun.
Après, ce
Twilight's Last Gleaming trouve quand même une grande part de son intérêt dans son regard sur la politique américaine et l'accent de désillusion que le générique de début introduit d'emblée... On y fait l'addition crument sur le vietnam sans rien en montrer et à travers quelques acteurs de l'âge d'or, c'est plutôt amusant. A côté de ces vieilles gloires, le président joué par Charles Durning devient progressivement le personnage principal du film, ce qui offre à cet acteur de second plan peut-être sa plus belle prestation. Aldrich est un malin, il portraitise en cynique achevé les agissements de l'administration américaine, tout en nous présentant ce président extrêmement humain qui en fin de compte partage les vues du "terroriste" joué par Lancaster. Entre dernière posture morale et affrontement de la situation extraordinaire par un type qui s'avère un américain lambda
, Durning se retrouve notamment avec un monologue assez énorme où il fait la lecture du fameux "document secret", dont Aldrich a le courage de révéler la teneur pour sa politique fiction, et de ne pas en faire juste un macguffin parano... Au final c'est passionnant, même si l'échappatoire amer et mélancolique est finalement un peu frustrant.