(ci-dessous la traduction en français de mon compte-rendu pour des amis anglophones fait dimanche soir)
"Nouveau né. J'ouvre mes yeux. Je fonds. Dans la lumière éternelle. Tu m'as ramené à la vie" Le film s'ouvre sur quelques plans de caméra vidéo de mauvaise qualité (à la VHS) dans Paris. Puis dans le TGV. Marina vient juste de rencontrer Neil.
Ils semblent dans un amour partagé. Ils semblent commencer une vie ensemble en France, à Paris. Après quelques minutes, ils sont dans un Mont Saint Michel désert. "J'ai monté les marches... vers la Merveille" "I went the stairs ... to the Wonder"
Tout le film continuera ainsi, de la même manière que ces premiers moments: le film est plus conduit par la narration que le précédent, et ce sont les voix-off qui conduisent cette narration, elles expliquent souvent les sauts, les trous comme les mots d'Holly le faisaient dans Badlands (La Balade Sauvage). Mais elles continuent tout en même temps de poser des question.
D'une certaine manière, c'est un mélange complexe du Nouveau Monde et de The Tree of Life. Sur un plan esthétique, il y a des scènes qui sont de façon frappantes similaires à certaines de The Tree of Life. Neil grimpe une colline ... comme Jack adulte, dans son esprit, grimpait dans le désert. Des petites vagues sur l'eau. (La différence est évidemment que ces scènes ne sont pas imaginaires) Des ombres en contrejour dans une autre pièce. Des voiles de rideau. Des visages dans ces voiles. Des enfants jouant à l'école Marina qui prononce "L'amour nous fait un, deux, un" qui fait écho à une voix off de Pocahontas. Les mots de Quintana "Help me not to pretend.. Pretend feeling I don't have" qui font écho à la fois à une prière de Pocahontas dans le Nouveau Monde et à la prière de Jack. Le "Je te suivrai. Où que tu ailles" de Marina qui fait écho à la promesse de Mrs. O'Brien de fidélité à Dieu. Mais tout à la fois, nous entendons, nous suivons une histoire, comme nous avons suivi une histoire dans le Nouveau Monde. Et une histoire dont ce qui semble initialement le thème principal est similaire au Nouveau Monde (une histoire d'amour) La Marina heureuse, la Marina amoureuse est montrée et filmée comme un personnage aussi fantasque (ou peut-être plus encore) que la Pocahontas heureuse, jusque dans les gestes (qui pourrait aider à perdre quelques spectateurs, puisque ça semble irréaliste d'une femme de notre époque... mais la mémoire -- puisqu'il semble que le film soit destiné à être perçu comme des souvenirs, comme dans TToL -- sélectionne le meilleur, le mémorable, "the outstanding" dans les moments heureux). Et la Marina déprimée est filmée en un personnage égaré similairement à la manière dont était filmée the astray Pocahontas. Mais ce ne sont pas les seules facettes du personnage de Marina.
Au contraire, Neil est filmé principalement à la façon d'un Mr O'Brien (et pas vraiment comme Sean Penn, malgré quelques similarité esthétiques évoquées plus haut. Nous le suivons enquêtant près de machines, près et dans l'eau, comme nous avons suivi Mr O'Brien dans l'usine. Nous le voyons chez l'avocat. Bien qu'il ait du dialogue, bien qu'il ait de la voix off, bien que nous le voyons si souvent, nous savons si peu de ce qui le mène. Ce que nous avons, ce sont des personnages (principalement Marina, et Jane) qui nous parlent de lui, de la vie, des sentiments à ses côtés. Comme Mr O'Brien, nous savons plus à son sujet par ses gestes, que par ses mots : ils est filmé dans certains scènes comme un homme souffrant, mais dans ces scènes, qui révèlent tant du personnage, il est vu à distance ou comme une forme noire, une ombre dans le contrejour. Comme Mr O'Brien dans les bois, ou comme son ombre à sa porte. Marina à un moment de leur histoire dira de lui "Il y a des gens qui n'ont pas le courage de mettre fin aux choses. Ils laissent les autres le faire pour eux." D'une certaine manière, cette opinion sur Neil pourrait résumer la façon dont Neil est filmé. Mais cette phrase ne résume le personnage complexe que Neil semble être.
Et pourtant, nous voyons son visage si souvent, probablement autant que nous voyons Marina, peut-être plus. Il a été écrit qu'il n'avait pas le "lead". Mais il n'est pas non plus un personnage secondaire. Il partage la lumière, le lead, tout en étant aussi une ombre. Il est une ombre, tout en nous donnant des voix off. Tout en ayant des lignes de dialogue. Il est en fait l'astre autour desquels les personnages gravitent.
Ce qui est frappant en fait, et ce qui rend le film différent qu'un simple mélange du Nouveau Monde et de The Tree of Life c'est la somme énorme de voix off. Et combien, je l'ai déjà dit, cela mène la narration, combien cela narre l'histoire au contraire du Nouveau Monde.. tout en parvenant dans le même temps à être tout autant interrogatif, introspectif, philosophique (probablement même plus en quantité)
Durant peut-être la moitié du film, ou peut-être les deux tiers, pour un spectateur ordinaire (mais aussi pour un spectateur plus au fait de l'oeuvre de Malick) l'histoire ne semble pas articulée. Quel est le rôle, le sens de la futilité de l'histoire, pourquoi suivons-nous leur vie? En quoi cela nous concerne, de manière plus profonde que l'histoire? En quoi la crise de foi du Père Quintana est liée à tout ça? Et les extrêmesdu personnage de Marina peut-être n'aide pas le spectateur ordinaire à se connecter avec l'histoire.
Et puis, tout s'est éclairé.. (tout au moins pour moi) L'amour est ce qui lie tout cela, qui connect tout cela. Terrence Malick nous montre tout type d'amours, et comment il peut-être difficile de les faire coexister en nous même en tant qu'être humain. L'amour entre un homme et une femme, l'amour entre deux parents, une mère et sa fille éloignée, l'amour en tant que désir, la chair, l'amour dans la haine, l'amour des les disputes parfois violente, l'amour dans le pardon, l'amour en tant qu'amour de Dieu, l'amour dans l'aide aux autres, qui soient-ils, prisonniers, personnes mourants, agée.. A un moment, Marina avait demandé, avant, "Où sommes nous", où sommes nous tous, ce que nous expérimentons comme ce qui est appélé la vie, sommes nous destiné à être plus heureux maintennant en cette vie où un autre "moment". La réponse pour Malick est que nous somme là pour expérimenter l'amour. L'amour qui est la voie, le chemin vers ce quoi Malick poursuit dans toute son oeuvre: voir, percevoir l'éternel partout, dansz chaque moment de vie, en percevoir la bénédiction. A propos de cela, le Père Quintana dira, dans une foi renouvelé: "We (Men?) are meant to see you" Quelques un des derniers mots, prononcés par Marina, "L'amour qui nous aime. Merci" ("Love that lovees us. Thank you" dans la version sous-titrée en anglais) renforce ma conviction et semble un indice laissé par Malick, comme les mots épiphaniques de Mr O'Brien muté l'étaient pour un des sens de The Tree of Life. Cela signifie aussi combien expérimenté l'amour est en fait expérimenté les autres. Et combien, à nous, comme toujours, c'est une bénédiction.
Quand nous avons quitté la salle, je sourias. J'ai souri longtemps. Quel moment extraordinaire. Quel difficile, exigeante mais si récompensante expérience.*
Mais avant tout cela, au premier fondu au noir, quand l'image estrevenu, à ma projection il y eut des rires: des gens semblaient déçu que ce ne soit pas fini encore. Et puis, quatre ou cinq minutes plus tard, au vrai fondu au noir, il y eut un grosse huée, et quelques instants plus tard, les premiers applaudissement. A leur summun, les applaudissement ont réussi à rivaliser avec les huées (mais je suis peut-être optimiste). Impression juste ou non, optimiste ou non, huer est plus sonore qu'un applaudissement, ce n'était pas si mal. Ce que je ne comprends pas vraiment c'est pourquoi il y a tant de gens faisant l'effort d'aller dans une festival et tant de gens pour un film de Malick (tout était complet) tout en ignorant le sens de l' oeuvre de l'artiste. Juste parce que c'est hype d'y être?
* Quoique le film ait ou non, c'est malgré les impressions mitigées à mi film, un film majeur à la fois pour Malick et pour le cinéma. Mais j'ai pensé à Metropolitan [...] Au vu de leur catalogue comment pourront-ils jamais en faire la promotion? Pour le Nouveau Monde, le drame historique avait aidé. Pour To The Wonder, cela semble une grosse tâche... Peut-être que la raison pour laquelle il n'y a pas de bande-annonce pour le moment est parce que réaliser une bande annonce décente pour ce film est diffcile: une bande annonce qui ne révèle pas trop de l'histoire est très difficile. Et d'un autre côté révéler et résumer l'histoire est inutile, l'histoire n'est pas ce qui importe, et l'histoire pourrait ne pas attirer. Peut-être peut-il y avoir un miracle d'équilibre, un tour de force comme la bande annoce de TToL. Mais c'est plus difficile à réaliser que pour TToL.
La raison pour laquelle je termine par cette réflexion terre à terre est que, le rôle du Lion d'Or, comme de La Palme d'Or ou l'Ours d'Or est d'aider des films importants qui méritent d'être vu mais n'y réussiront pas sans la publicité du prix. Et To the Wonder semble en avoir besoin bien plus par exemple que le favori et hype The Master ou Passion dont on parle tant.
(NB: J'éditerai certainement ce soir quelques lignes pour ajouter quelques précisions sur les allusions au Nouveau Monde et à The Tree of Life)
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