Forum de FilmDeCulte

Si on n'aime pas Bourdieu, ça reste intéressant ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Là c'est quand même Bourdieu de la première à la dernière minute, tu risques l'overdose. Qu'est-ce que tu n'aimes pas chez lui ?

Je te trouve qu'il brasse beaucoup de vent pour ne pas dire grand-chose.
A part La misère du monde (où c'est pas lui qui écrit), je le trouve imbouffable.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

J'ai rien lu de lui donc je ne saurais te contredire (alors que j'ai lu Wacquant, qui lui aussi apparaît dans le film). Par contre sur les deux heures de La Sociologie... tout est parfaitement clair, j'ai trouvé ses analyses particulièrement pertinentes (normal tu vas me dire vu que je suis un gauchiste), et surtout le doc permet de dépasser son statut de superstar de la sociologie, on le suit dans tous ses déplacements, et c'est au final quelqu'un de très sympathique, drôle (voir le moment où il reçoit un pli de Godard et ne comprend absolument rien de ses élucubrations) et profondément humain.

Dans le genre "brassage de vent", Godard est pas mal non plus, faut dire.

Mais OK, donc c'est vraiment le portrait de l'homme plus qu'une mise en images de sa pensée, c'est ça ?

(Ouvre un topic sur "Muncipale" (oui, j'ai ta page imdb dans mes favoris), je suis curieux)

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je vais essayer !

C'est avant tout le portrait de l'homme, mais comme c'est à 90% filmé lors d'interview, de colloques et de passage en radio, c'est aussi un excellent travail de vulgarisation.

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Je vois ce que tu veux dire mais en se rappelant le contexte de l'époque, tu caricatures grossièrement.

J'aime vraiment pas l'esprit derrière "enfin pris" mais même si le documentaire cheap-alternatif avait une place à proposer, encore fallait-il la prendre et Carles avait certainement les moyens de la jouer Karl Zéro ou Schneiderman et être plus confortable.
Il n'a quand même pas fait le choix le plus facile et ça l'a peut-être amener à des sujets comme la décroissance qui n'était pas forcément une évidence à l'époque dans la matière audiovisuelle.

Faut pas oublier que l'investigation alternative sur internet et les moyens techniques à la maison n'existaient pas.
Maintenant, ça paraît encore plus cheap qu'à l'époque (parce que c'est très laid le cinéma de Carles dans l'ensemble et je me demande si son film sur Choron n'est pas une façon de justifier un positionnement brouillon derrière un paravent d'anarchisme) mais il a un positionnement passé assez unique dans le milieu qui justifie un minimum son égo.

Et j'ai bien aimé la mise en abîme, cinéma et politique, avec leur film sur Lassalle. Comment ils se rendent compte que le seul politique qui a l'instinct de la fracture territoriale ,dont on a bouffé depuis, n'a pas les épaules pour porter son discours. Et comment les proches de gauche sont incapables de comprendre ce que Carles et son acolyte voient comme potentiel social chez Lassalle.
Il y a une certaine dignité à assumer cet échec pour un type avec un égo comme celui de Carles (voir une obligation matérielle de sortir un film sur le sujet, n'ayant peut-être pas le luxe de jeter des heures d'enregistrement et de passer à autre chose).

Sinon, pas d'accord sur le côté dérisoire de la mise sur la place publique de l'échange Léotard / Mougeotte.
Je ne suis pas sûr que Bolloré ait jamais eu autant de pouvoir que le Bouygues de l'époque. Et je suis sur qu'aucun media n'a le pouvoir du TF1 de l'époque. Les cartons d'audience de Zemmour sur CNews, c'est relativement fort sur le créneau des chaînes infos mais dans l'ensemble du PAF, ça ne pèse pas lourd. Dans les années 90, le JT de TF1 était le plus regarde d'Europe. Faut quand même y aller quand t'es jeune freelance.

Simplement, maintenant le grand public est mieux informé sur ces pratiques. Et Carles a fait une partie du boulot.

Oui c'est vrai il y a une continuïté entre cette époque et aujourd'hui. TF1 avait plus d'impact à l'epoque car la télé en avait plus, mais l'interventionnisme politique (qui fonctionne maintenant plutôt du media vers le.pouvoir, et ça transparaît déjà dans la vidéo du film où c'est Mougeotte qui sollicite Léotard et non l'inverse, mais Léotard qui détecte la caméra) et la dérégulation du secteur se sont quand-même aggravés.

La limite de Carles c'est qu'il entend s'inscrire dans cette continuïté par sa position à l'intérrieur du système plutôt que par un discours et des idées. Une critique plus externe serait à la fois moibs agressive sur la forme et plus efficace.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman