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Et donc avec des courts avis et le palmarès
Amérique du Nord (2)
4 : Mystery Train de Jim Jarmusch
La grande classe. Le premier segment est magnifique, 45 minutes en apesanteur, avec ce couple que tu as envie de cajoler sur du Elvis (enfin surtout elle). La suite est plus inégale même si ça reste grand style, avec ce sens du casting et cette sublime photographie
5: Etrange séduction de Paul Schrader
Le film a mauvaise réputation mais j'ai beaucoup aimé, l'ambiance, la musique de Badalamenti, les discussions adultes sur le sexe, Venise... Lui est bien sûr beau comme un Dieu grec et aussi un grand acteur, elle est totalement désarmante de charme et de lucidité.
France (4)
5 : Irma Vep d’Olivier Assayas
Beauté d'Irma Vep, peut-être le meilleur film d'Olivier Assayas. Je n'aime pas tout mais le film est traversé d'une telle passion pour le cinéma, Maggie Cheung est si belle et parfaite, que j'en suis tombé amoureux. Même le film dans le film est génial.
3 : 17 fois Cécile Cassard de Christophe Honoré
Premier film bien sûr très personnel et référencé de Christophe Honoré, qui paie sa dette à Demy et Carax, tout en racontant la difficulté de vivre sans amour. Béatrice Dalle est très bien dans le rôle titre, mais c'est surtout Romain Duris qui illumine le film. Après ça reste « petit ».
3 - Tu mérites un amour de Hafsia Herzi
Joli premier film de Hafsia Herzi sur le sentiment de désamour après la passion. Bien sûr, le principal atout c'est elle, tellement touchante dans le rôle de Lila, femme que tous les hommes (et les femmes) rêve de conquérir pour une nuit, mais pas pour la vie (quand ce n'est pas elle qui fuit).
3 - Spectateurs d’Arnaud Desplechin
Documentaire de Desplechin consacré au cinéma, si j'aime bien le côté érudit de l'exercice, avec des réflexions critiques intéressantes sur le septième art, j'ai moins apprécié les sketchs de fiction, parfois plus clichés tu meurs.
Europe (8)
5 Le Voyage des comédiens de Theo Angelopoulos (Grèce)
Film-monstre de près de 4h, #LeVoyagedescomédiens suit une troupe dans le tumulte de la Grèce de la Seconde GM et des années suivantes. Je ne connais rien de l'histoire de ce pays, si bien que j'ai eu du mal à tout comprendre mais la mise en scène à base de plan-séquence est dingo.
4 - Marseille d’Angela Schanelec (Allemagne)
Très beau film sur la solitude, la violence des rapports humains, la répétition. Tu photographies quoi ? Les rues. Maren Eggert est une immense actrice, Angela Schanelec une grande scénariste. Bien sûr, le film a ses longueurs (pas fan de la partie théâtrale) mais le film va infuser, je le sais.
4 : Tori et Lokita des frères Dardenne (Belgique)
À mon corps défendant, plutôt aimé le film. Pourtant, les grosses ficelles misérabilistes ce n'est pas mon spéculoos. Il faut accepter le côté fable démonstrative - l'épilogue est très maladroit - mais les Dardenne sont fortiches pour créer de l'empathie pour leurs personnages et nous questionner sur le sens de la famille.
4: La Nourrice de Marco Bellocchio (Italie)
Film très troublant de Marco Bellocchio, qui aborde des sujets politiques passionnants - le trouble de la bourgeoisie pour le prolétariat, le commerce du corps, l'amour maternel - mais sans choisir d'en traiter un frontalement. Tout se passe par la mise en scène, les non-dits, les soupirs. Maya Sansa est magnifique.
4 : L’amour meurtri de Mario Martone
Film très intrigant de Mario Martone, le meilleur que j'ai vu de lui, qui suit une femme sur les pas de sa mère décédée. Le scénario - une adaptation de Ferrante - est brillant, jouant sur différents registres, de la chronique familiale au polar, en passant par l'érotisme, pour raconter la violence symbolique d'une ville, Naples. Et l'actrice est formidable.
3 : Le Métier des Armes d’Ermanno Olmi (Italie)
Sacré morceau de cinéma figuratif, Le métier des armes d'Olmi, avec des plans composés comme des tableaux, une divine utilisation de la musique classique et, hélas, un sérieux de pape. J'ai mis du temps à accrocher à la narration wikipediesque mais la fin est puissante.
5 : L’Invasion de Sergei Loznitsa (Ukraine)
Documentaire monstre diffusé dans sa version longue sur Arte, L’invasion de Loznitsa est un concentré de l'existence des Ukrainiens sous les bombes russes. Malgré les alertes aériennes, la vie continue. Mais la guerre et la mort rôdent, dans chaque fragment de vie. Très très fort
4 : Le Chemin du serpent de Bo Widerberg (Suède)
Film très éprouvant et à la mode Haneke du suédois Bo Widerberg sur une famille de fermiers sous la coupe d'un propriétaire terrien puis de son fils. D'un nihilisme total, le film est une critique féroce du capitalisme et montre ce qu'était la société de l'époque, loin des clichés pastoraux. Le jeune Stellan Skarsgård est surprenant dans un rôle à contre-emploi à ce qu'il fera après. Bon, il en paie le prix fort.
Asie (4)
4 : Five d’Abbas Kiarostami (Iran)
Dédié à Ozu, #Five de Kiarostami se compose de 5 plans faussement simples, ode à la Nature, à la lumière, au hasard et au frémissement. Les numéros impairs sont sublimes, les deux autres plus gadgets, à mon humble avis. Regret de ne pas l'avoir vu en salle pour me laver les yeux.
4 Le Ballon blanc de Jafar Panahi (Iran)
Un peu de poésie dans ce monde iranien de brutes. Pour son premier film, Jafar Panahi confrontait l'innocence d'une fillette aux hommes qui veulent presque tous lui prendre son argent. C'est mignon, ça manque un peu d'enjeu, aussi, mais ça dure moins d'1h30 et ça glisse tout seul, comme un billet dans une plaque d'égout.
3 Carmel d’Amos Gitai (Israël)
Film expérimental d'Amos Gitaï, journal de bord qui raconte l'histoire d'Israël version intime. Pas très convaincu, même si j'aime bien l'aspect collage, avec parfois des séquences saisissantes - les scènes historiques, les photos familiales.
4 - Rêves d’Akira Kurosawa (Japon)
Huit rêves de Kurosawa au crépuscule de sa vie. Les premiers sont les plus beaux, quand il convoque les légendes japonaises. Je suis un peu moins fan des visions "futuristes" et de la visite de l'oeuvre de Van Gogh, surtout que les effets ont un peu vieilli, mais ça reste si poétique... Et le dernier est très beau.
Amérique latine (1)
4: Prayers for the Stolen de Tatiana Huezo (Mexique) (2)
Très beau film de Tatiana Huezo, premier film de fiction très impressionnant sur une communauté aux prises avec les cartels de la drogue. En suivant trois jeunes filles des premières années à l'adolescence, la réalisatrice montre la violence sourde subie par les femmes dans les régions reculées du Mexique.
Afrique (1)
2 : Beauty d’Oliver Hemanus (Afrique du Sud)
Premier film d'Olivier Hermanus que je vois, je ne sais pas si c'est représentatif de son cinéma, mais j'ai trouvé le film plus intéressant que vraiment convaincant, trop démonstratif, un peu comme une version sud-af d'un certain cinéma austro-mexicain (Haneke-Franco bien sûr). L'acteur Deon Lotz parvient à donner de l'empathie à son perso bien bien chargé.
Plutôt une belle sélection, ma foi, avec des grands maîtres en forme. Allez place à Venise.
Palme d’or : L’Invasion de Sergei Loznitsa
Grand prix : Le Voyage des comédiens de Theo Angelopoulos
Prix du jury : Prayers for the Stolen de Tatiana Huezo
Acteur : Rupert Everett (The Comfort of the Strangers)
Actrice : Maggie Cheung (Irma Vep)
Scénario : Angela Schanelec (Marseille)
Mise en scène : Akira Kurosawa (Dreams) et Jim Jarmusch (Mystery Train)
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