Bon allez je vais faire honneur à ce topic injustement désert après la vision du dernier des cinq films de ce superbe coffret Blu-ray Carlotta. J'ai en tête de m'en faire beaucoup d'autres grâce au méga fichier de La Loupe. En attendant:
Le Grondement de la montagne (1954) Choc de la découverte du cinéaste mais le film est en soi absolument sublime, c'est peut-être le film dont la fin m'a le plus ému depuis le début de ma cinéphilie, c'est pour dire. Naruse construit patiemment ses climax émotionnels et c'est le torrent qui emporte tout sur son passage. Mais dans la classe la plus totale: tout en pudeur, en finesse, en suggestion.
Au gré du courant (1956) Un sujet qui m'intéresse moins, celui d'une maison close, et pourtant je l'ai bien plus apprécié que le Mizoguchi auquel on peut le comparer, La Rue de la honte, qui m'avait somme toute un poil ennuyé. Car Naruse a une science du rythme admirable, je ne m'ennuie pas devant ses films, les durées de ses plans, de ses scènes, sont en totale correspondance avec mon rythme à moi, bref cette sensation d'être chez soi, ça n'arrive pas souvent.
Quand une femme monte l'escalier (1960) Variation étonnante sur ce même thème, et film supérieur à mon avis. Le scénario est déroutant jusqu'au bout, on ne sait pas comment tout ça va se dénouer. On peut bien sûr dire que Naruse est un grand cinéaste des femmes, mais il n'est pas du tout déférent avec elles, il les montre sous tous les angles y compris les plus difficiles, c'est à ce prix qu'elles gagnent leur dignité, dans la conquête de leur indépendance, au prix de leur bonheur dans cette société patriarcale, bien souvent.
Une Femme dans la tourmente (1964) Grand film sur l'impossible amour, pourtant si proche. Avec en fond le temps qui passe, une marchandisation de la vie qui s'intensifie et met en difficulté ceux qui aspirent à vivre simplement. Là aussi, une fin incroyable, un dernier plan d'une intensité folle.
Nuages épars (1967) Je n'avais pas conscience que c'était son dernier. Et ben le bougre, son "testament" (je sais que le terme est débile en l'espèce) n'est pas bien joyeux! Encore un amour impossible, peut-être plus troublant encore parce que c'est le malheur qui le donne, puis le reprend. Les personnages se débattent mais ne peuvent lutter contre une forme de fatalité, un sens moral qui est tout aussi bloquant que moteur, mais aussi une pression sociale toute shakespearienne. Ah et c'est le seul film en couleur de lui que j'ai vu, c'est sublime, décidément les grands cinéastes des années 40, 50, se sont ensuite gavés avec l'apparition de la couleur qu'ils magnifient. Ca et les nappes de cordes tremblantes en fond sonore, rappellent presque le Hitchcock de Vertigo.
Pour l'instant: 1- Le Grondement de la montagne 2- Une Femme dans la tourmente 3- Nuages épars 4- Quand une femme monte l'escalier 5- Au gré du courant
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