Tom a écrit:
Le côté triste (et je le regrette pour moi-même, je ne parle pas très bien), c'est de voir l'usage de pas mal de mots disparaître pour être remplacés par des mots fourre-tout génériques. Combien de fois ai-je utilisé "truc", par paresse, plutôt que d'utiliser le terme adéquat ?
Je me souviens d'acteurs anglais, dans Looking for Richard (le doc sur Shakespeare), qui expliquaient à Pacino que ce dernier siècle avait été marqué par un divorce progressif entre les mots et le sens. Qu'en parlant moins bien, les gens exprimaient moins (et moins bien) leurs propres sentiments. Et que ces sentiments mal formulés, rentrés, brouillonnés, étaient un problème - y compris pour eux, acteurs, dont les jeunes générations avaient l'impression qu'ils déblatéraient lorsqu'il jouaient un texte savant.
Je ne sais pas trop comment me positionner face à ça (< tiens, "ça", là par exemple il faudrait utiliser un terme plus précis...), mais j'ai toujours eu une admiration pour les gens capables de fixer le bon mot sur le bon objet, le bon sentiment, qui avaient cette exactitude et cette limpidité du langage. Qui exprimaient mieux en parlant moins.
Faudrait se faire une parodie des pub iphone, avec un dictionnaire : "ça fait chier parce que t'en as marre ? Il y a un mot pour ça !"
C'est marrant que tu dises ça, parce que les néologismes ou emprunts à l'anglais que je trouve les plus pertinents sont justement ceux que auxquels on a recours lorsque le terme adéquat manque.