les films de sport, c'est vraiment pas mon délire. c'est la raison pour laquelle j'ai toujours zappé ce film, même quand j'adorais les oscars, alors que c'était un gros morceau : meilleur film, scénario, 7 nominations, puis la musiquer hyper connue, et tout.
il est quand même revenu sur mon radar pendant les jo, parce que ça raconte la préparation / concurrence entre 2 sprinters anglais pour les olympiades de paris... 1924.
puis il se trouve par ailleurs que j'ai vraiment adoré la natation pendant les jeux, que j'ai intensifié ma pratique depuis et que je ne démérite pas, du coup je me sentais potentiellement plus sensible aux exploits individuels des sportifs.
et effectivement j'ai adoré.
mais à peine pour le sport, en fait. on ne le voit pas vraiment, et ça n'est pas construit comme on le voit d'habitude. il y a certes la course finale, un petit montage de 45 secondes d'entrainement... mais c'est dans un film de 2h05 où il n'y a pas plus de 10 minutes max de running. et ce ne sont pas des climax : même le final est au ralenti, avec une voix off par dessus, ça ne joue pas du tout sur l'intensité habituelle.
non, c'est génial surtout en tant que film d'époque. il y a les choses superficielles mais géniales : les tenues de sport de l'époque, l'entrainement très basique, le stade des jo de 1924...
il y a le travail exceptionnel de direction artistique : les costumes (qui ont eu l'oscar), tous les décors, mais ça va jusqu'aux acteurs, qui ont vraiment une tête d'antan, des corps à la musculature "d'avant", vraiment magnifiquement castés. cela va jusque dans les dialogues, les comportements... il y a la distance culturelle avec l'angleterre en plus bien sûr, mais il n'y a pas une seule fois où ça ressemble à un truc contemporain mais avec des costumes. il y a vraiment une sensation extraordinaire d'être plongés un siècle en arrière.
et puis c'est surtout que comme le film ne parle de la course sportive que de manière annexe, ils se concentrent sur autre chose. ça commence par l'enterrement d'un des deux, avec un discours pour dire qu'on ne le connait pas forcément mais que c'était un homme extraordinaire à la vie formidable. l'idée est tout à fait classique mais ça m'a cueilli dès la première scène. et on plonge donc dans la vie de deux jeunes hommes, les deux meilleurs coureurs d'angleterre, concurrents. l'un est juif dans une prestigieuse université, l'autre fils de bonne famille très religieuse, et c'est juste après la première guerre et son hécatombe. alors ça parle de leurs valeurs de l'époque, d'une autre galaxie : l'amour de la patrie, le sens des responsabilités et la loyauté à la famille - à la nation - à l'université - à dieu, bref aux structures qui dépassent les individus... c'est extraordinaire parce que ce sont des sports individuels, aux jo qui apportent la gloire, et pourtant le film met en scène cette absence d'égo et d'individualisme. leur concurrence est très civilisée, ils se serrent la main et s'encouragent sincèrement, même quand ils ont le seum de perdre face à l'autre. et de bout en bout.
et ça devient alors, en creux, un film sur l'évolution du sport : les progrès technologiques monstrueux, la professionnalisation des compétitions, l'amélioration des performances, et donc de fait l'individualisme et la starification des athlètes - même dans les sports collectifs, donc. et on voit les raisons de ces évolutions : les structures sociales qui au final brident et écrasent les individus (certains s'en accommodent très bien, d'autres non, mais au final on ne peut pas en vouloir à la génération suivante de vouloir s'en affranchir), on voit l'emballement populaire pour les performances...
et à travers les courses individuelles autant que l'évolution de la discipline sur un siècle, et en background dans le film la quête de l'excellence universitaire, on voit la quête de chaque individu et de chaque génération de faire mieux, de se surpasser, d'améliorer les choses et ses performances - cette caractéristique extraordinaire de l'adn humain.
et tout ça dans un film à oscars (mais fait en angleterre, donc à priori pas dans cette optique industrielle là) des années 80 : c'est extrêmement académique, chill, dénué de toute initiative artistique susceptible de perturber les retraités qui votent.
j'ai beaucoup aimé, et on voit l'affiche de paris 24, mi nazi ni gay :