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Les dix dernières années ont vu une recrudescence en Russie du film de guerre de propagande, ce que devait être en principe Leaving Afghanistan. La page Wikipedia en français offre un récit détaillé de la mauvaise réception faite au film par certains vétérans ou représentants officiels. Et en effet, le film a ceci d'intéressant que sa vision de la guerre est exempte de tout "glamour", d'héroïsme quasiment, et qu'il évoque des personnages pour la plupart médiocres et sans autre horizon moral que se procurer, plus ou moins licitement, le dernier transistor du marché.
Le film commence de façon fort intrigante, en suivant un colonel du KGB dans sa routine, régler un différend entre un escadron et une caravane de marchands qu'il vient de contrôler (et de spolier). Après le scénario est trop lâche aux entournures, hésitant entre la chronique qui fait passer d'un groupe de personnage à l'autre de manière trop morcelée et un macguffin censé faire office d'intrigue - une mission de sauvetage - le tout devant rendre compte de la "complexité" de ce qu'était l'Afghanistan et peut-être l'URSS mais sans dire grand-chose ni sur l'un ni sur l'autre.
Des choses sont cousues de fil blanc, comme lorsque le petit garçon afghan subtilise un pistolet à un parachutiste : on devine qu'il s'en servira, et plutôt vers la fin.
Le film semble plutôt antimilitariste (notamment via un personnage de général soignant son deuil à la vodka, menteur, et sanguinaire) mais il est dans veine fataliste qui nuance un peu cette impression, avec un côté, c'est dégueulasse mais ainsi va le monde. Il y a aussi une manière bienvenue de donner vie aux autochtones, contrairement aux films américains, tout en les tuant (car c'est un film de guerre). Lounguine a pu dire que les Afghans s'entendaient beaucoup mieux avec les Russes et partageaient beaucoup plus d'affinités qu'avec les Américains, qu'ils haïssaient et considéraient comme des aliens.
Une considération ambigüe ou à plusieurs tranchants. Un des rares personnages un peu sympathiques noie son mal-être dans l'alcool et une chanson de Igor Letov "Everything is Going According to the Plan", phrase qui fut reprise de manière non-ironique en mars de cette année par le Kremlin.
Depuis Lounguine a réalisé cette année une adaptation de conte de fées, comme Sokourov.