bmntmp a écrit:
Je suis allé jeter un oeil sur ton twitter et je suis surpris de trouver un avis plus nuancé qu'a l'époque sur la question. Ce qui peut poser problème, ce n'est pas le sujet à proprement parler mais le traitement de toute évidence et le public cible. Je lis des comparaisons avec Taxi Driver dans la bouche de Todd Philipps lui-même, qui déjà m'interloquent. Est-ce vraiment bien comparable ?
bmntmp a écrit:
Film Freak a écrit:
J'ai pas vu le film mais sinon je vois pas pourquoi on pourrait pas répondre oui à la question rhétorique du critique.
pas vu non plus évidemment mais par exemple sur l'incivilité, il fait référence à une réplique citée dans la critique du Time, laquelle est dans le même ordre d'esprit, On verra la tienne.
Mais tout simplement on juge que l'aspect politique du film est d'ordre cosmétique, quand il n'est pas tout à fait insidieux, et ce qui est critiqué par exemple dans
The Dark Knight, c'est une espèce de nihilisme facile et propre à faire son effet sur de jeunes adultes... impressionnables. Que certains en usent comme une inspiration pour commettre des horreurs est un débat subséquent, tout comme le fait qu'on puisse l'apprécier en tant que tel et sans éprouver de pulsions meurtrières.
Le débat mérite d'être posé à mon avis même si on s'est toujours gaussé quand j'évoquais la fusillade d'Aurora.
Un autre moyen d'aborder le sujet : il est évident que le problème est beaucoup plus profond, que les causes en sont multiples : accès aux armes aux états-unis, maladie mentale, problèmes psychologiques et sentiment d'isolation, situation politique qui crée des divisions (ce qui n'est pas dû seulement à Trump à mon avis). Mais à la limite, retire les armes, il y aura peut-être moins de morts mais des dégâts psychologiques qu'on doit à l'irresponsabilité et au cynisme de ceux qui font le film. Qu'on ne me parle pas de vision d'artiste ou de complexité quant à ces blockbusters hollywoodiens - et que l'auteur de Very Bad Trip, dont je ne déteste pas les comédies qui sont des odes à l'immaturité, signe un film sur le joker n'a rien pour m'étonner.
NB: Tu cites d'ailleurs toi-même Todd Phillips qui se défausse de tout propos politique.
Et je le cite en disant que c'est une habitude (agaçante) des réals américains. Spielberg disait que War of the Worlds n'avait rien de politique, Nolan disait que The Dark Knight n'avait rien de politique... En promo, ils nient toujours pour éviter toute polémique alors que les films parlent clairement d'eux-mêmes.
Pas encore vu Joker donc on va pas parler de la superficialité de son positionnement politique mais je vois pas pourquoi il ne serait pas sincère et une des motivations de Phillips.
Ses comédies "frat" semblent découler de son deuxième documentaire, sur les fraternités, mais son premier doc, sur GG Allin, punk rocker extrême, m'amène à penser que Phillips est intéressé par ce genre de figure. La comédie est juste son registre de prédilection (son prochain est un biopic de Hulk Hogan). Avec War Dogs, il a déjà opéré une transition sous influence scorsesienne vers un autre genre donc Joker me semble l'étape suivante logique, cohérente avec ce premier doc (son tout premier film d'ailleurs bien que film d'études), War Dogs mais également Borat, qu'il avait développé avant d'en abandonner la réal (et sur lequel il est toujours crédité en "story by") et qui n'a pas moins un point de vue politique derrière l'humour gras/débile.
Je vais pas parler d'auteur mais Joker est une démarche perso. C'est lui qui a pitché le projet, le co-écrit et le réalise avec un vrai point de vue différent des autres films DC ou même des adaptations récentes de comics.
Maintenant, pour ce qui est de comment le film pourra être perçu par les mal-ajustés qui s'identifieront au personnage, que veux-tu que je te dise? Le débat sur la responsabilité en art est sans fin et un peu vain à mes yeux. Je n'estime pas qu'un film doive obligatoirement avoir un point de vue moral tranché sur une question ou sur les agissements de son personnage. Est-ce que Joker sera aux incels ce que Scarface est aux caillera? Peut-être. Peut-on en imputer la faute au film? Non. Tant est que l'oeuvre a quelque chose à dire, on ne peut le réduire à un film qui jette de l'huile sur le feu.
Hinckley voulait tuer Reagan pour Jodie Foster. C'est la faute de Scorsese et Taxi Driver? Non.
Le Goarfi ne me fait pas rire mais, comme l'a souligné quelqu'un sur Twitter aujourd'hui, leur titre parodique "La société accusée de rendre les jeux vidéos violents" tape juste. Le film semble être un constat sur son époque. Il n'est pas la cause des mêmes agissements qu'il dépeint.
Enfin bref, attendons de voir le film.