Castorp a écrit:
Non mais l'histoire est plus tordue que ça : d'après le NYT, c'est pas une erreur, c'était vraiment un choix de la campagne de Trump pour échapper au reste de la ville, où tout le monde fêtait la victoire de Biden. Sauf que quand Trump a entendu Four Seasons, il a compris "hôtel de luxe", et il a tweeté "Four Seaons Hotel" par réflexe. C'est donc Trump lui-même qui crée le gag.
Tout est génial là-dedans, mais c'est surtout la photo du truc qui me met les larmes aux yeux, avec les petites affichettes Trump sur la devanture métallique et la peinture délavée du garage.
Il y a quelque chose de poétique dans tout ça, que d'aucuns qualifient de poétique. Cela me rappelle toujours des remarques de Baudrillard dans son bouquin sur l'Amérique, où il dit que les Américains n'adorent rien de plus, en tant qu'histoire, que des sortes de déviations improbables de la norme (j'ai déjà cité ce passage ici) :
Citation:
One of America’s specific problems is fame and glory, partly on account of itsextreme rarity these days, but also because of its extreme vulgarization. ‘In thefuture, everyone will be famous for fifteen minutes’ (Andy Warhol). And it is true. Take, for example, the man who got on the wrong plane and found himself carted off to Auckland, New Zealand, instead of Oakland, near San Francisco. This event made him the hero of the day. He was interviewed everywhere and they are making a film about him. In this country, it is not the highest virtue, nor the heroic act, that achieves fame, but the uncommon nature of the least significant destiny. There is plenty for everyone, then, since the more conformist the system as a whole becomes,the more millions of individuals there are who are set apart by some tiny peculiarity. The slightest vibration in a statistical model, the tiniest whim of a computer are enough to bathe some piece ofabnormal behaviour, however banal, in a fleeting glow of fame.
Vieux-Gontrand a écrit:
Sud-Radio c'est l'ex-Radio Andorre qui existait déjà sous l'occupation.
Son actionnaire principal, Fiducial , 'est pas très connu mais est un trust assez important. Il sont actifs dans la sécurité privée et ont un CA de 1.6 Milliard. Leur nom est trompeur, même si c'est à l'origine une fiduciaire.
Je me souviens qu'ils ont sponsorisé il y a deux ans un sondage dans le Figaro* sur le mode "les forces de polices ne peuvent pas tirer sur les Gilets Jaunes sans un certain encadrement, des milices auraient plus d'initiative et feraient de bons supplétifs", pendant que sur leur antenne Natacha Polony chauffait la base des Gilets Jaunes dans une émissions téléphonique. "Allez -y manifestez, la voix du peuple doit se faire entendre (à propos : mon patron est prêt à vous tirer dessus, vous lui faites gagner du fric dans tous les cas)". C'est proprement scandaleux et gerbatoire.
Le genre de truc que décrit Louis Aragon dans ses romans en parlant des années 1910, juste avant la guerre tiens...
C'est très intéressant tout ça (comme le confirme un petit tour sur Wikipédia). Radio Andorre ne diffusait que de la musique pendant l'occupation, mais son propriétaire, Jacques Trémoulet, était un pionnier et un nabab de la radio qui, via ses stations, diffusait un peu partout, a été condamné à mort à la libération, avant que le jugement ne soit cassé. Par nature, Radio Andorre, puis Sud Radio se sont heurtés aux tentatives de l'état français de contrôler les ondes. La mue populiste-pseudo contestaire ne date que d'il y a dix ans, un peu avant la cession de la radio à Fiducial et me paraît témoigner surtout de la capacité des journalistes, semblables en cela à pas mal de politiques, à bouffer à tous les râteliers (auxquels s'est rajouté RT récemment). La radio est parisienne depuis 2017, indice que le nom de la radio entretient non sans hypocrisie une certaine ambigüité qui la sert.