Film Freak a écrit:
DPSR a écrit:
Les cartes illimitées dans le colimateur du gouvernement en ce moment ne représenteraient que 6% des ventes de tickets en France. J'ai peine à y croire.
Dans le collimateur, sérieux?
Putain je me rappelle encore de Tasca et de la suspension de la vente de la carte quelques mois après sa mise en place...j'ai flippé comme rarement...
Zont pas intérêt à les retirer.
Visiblement si les cartes sautent UGC est déjà prêt à casser les prix d'une autre manière. C'est relaté dans un article de la semaine dernière publié dans le film français
Citation:
Les recommandations sur les cartes illimitées, faites la semaine dernière par la commission d’agréments des formules d’accès au cinéma, suscitent de nombreuses réactions. Au point de rappeler à chacun le risque d’une possible guerre des prix si elles étaient appliquées telles quelles.
Une semaine après la publication du bilan d’activité de la commission d’agrément des formules d’accès au cinéma, les réactions sont nombreuses. Ce n’est pas tant le bilan des cartes illimitées, dont aucune donnée chiffrée n’est encore disponible, que les recommandations visant à renforcer leur encadrement qui interpellent. Au cœur des débats, toujours et encore, le fameux prix de référence, à propos duquel la commission réaffirme la nécessité d’une concertation préalable entre les émetteurs de cartes et les distributeurs, et surtout recommande une conciliation en cas de désaccord et en l’absence d’une solution juridique. Cette réflexion a bien sûr été menée en réponse à la polémique qui a agité le landerneau de l’exploitation et de la distribution lors du renouvellement des agréments, l’an dernier, et en prévision de celui qui doit intervenir l’an prochain. Le sujet est donc sensible, très sensible ! Certains n’ont d’ailleurs pas souhaité réagir, notamment EuroPalaces, le CNC et la FNCF.
La modification préconisée de la loi – afin qu’elle soit conforme à son décret d’application, qui vise seulement les cartes illimitées et exclut ainsi de son champ toutes les autres formules d’abonnement – est aussi sujette à discussions. Pourquoi surréglementer une offre et la considérer à part du reste des pratiques tarifaires en vigueur de-ci, de-là ? Du côté des émetteurs de cartes, la chose est entendue. Si ces recommandations deviennent loi et provoquent l’arrêt d’une offre ancrée dans les habitudes du public, surtout parisien, ils feront évoluer leurs pratiques commerciales, quitte à casser les prix. Les conditions seraient alors réunies pour une guerre tarifaire d’autant plus regrettable qu’elle pourrait affecter à la fois exploitants et ayants droit, les uns contraints de s’aligner sur leurs concurrents, alors qu’ils supportent encore les coûts de rénovation du parc français, et les autres voyant leurs recettes diminuer. Pour le moment, ce scénario catastrophe demeure du domaine de l’hypothèse, mais l’inquiétude est réelle de part et d’autre, chez les exploitants comme les distributeurs. D’autant plus que la tension est forte au sein de la profession.
Il convient maintenant d’attendre la publication prochaine du rapport Perrot-Leclerc sur la concurrence, qui devrait replacer les cartes illimitées au sein d’un débat plus large sur l’ensemble des pratiques tarifaires.
Anthony Bobeau
“Il faut traiter le problème dans sa globalité.” - Victor Hadida, président de la FNDF
“À la FNDF, nous militons depuis des années pour que les distributeurs puissent avoir plus de prise sur la valeur et l’évolution de leur rémunération, et nous estimons donc très positif le principe selon lequel le prix puisse être fixé à l’issue d’une négociation. En revanche, l’intervention des producteurs et ayants droit, telle qu’elle est actuellement proposée dans le projet, reviendrait à mettre en cause le cœur même du métier de la distribution, à un moment où notre secteur cherche justement à regagner la maîtrise de son activité, et ne me paraît donc pas envisageable.
Par ailleurs, si le principe de la négociation est positif, ajouter une réglementation sur une partie minoritaire des entrées alors que, dans le même temps, la majorité des autres prix, formules d’abonnement et promotions sont totalement dérégulés, a fortiori depuis l’abandon forcé du code de bonne conduite, va nous placer dans une position assez intenable.
Il ne faut pas oublier, en effet, qu’un tiers environ des entrées nationales sont à un prix inférieur à celui des cartes. Il faut donc traiter le problème dans sa globalité, faute de quoi, et c’est le paradoxe, cette prise en compte seulement partielle de la question de la rémunération aboutira à rompre les équilibres concurrentiels du marché, avec un risque fort d’accentuation des pratiques commerciales et des promotions les plus dommageables à la rémunération des films. J’ai d’ailleurs alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics, et en particulier le CNC, et j’espère qu’une discussion constructive s’engagera rapidement.”
“Il faut ouvrir un débat sur l’ensemble des pratiques tarifaires.” - Jean-Michel Rey, vice-président de Dire
“Tout d’abord, il était important de rappeler que la réussite des cartes illimitées repose sur une très grande diversité de l’offre, et qu’elles contribuent à la rotation accélérée des films. C’est un fait que nous pouvons vérifier tous les jours dans les salles. En revanche, nous regrettons au Dire l’absence de chiffres précis. Pas un seul dans tout le rapport. Pour autant, nous ne sommes pas défavorables aux cartes.
Nous trouvons aussi très inquiétant que le débat se focalise uniquement sur les cartes illimitées dans un contexte plus large de dérégularisation des prix, notamment des opérations qui se mettent en place, ici et là, aujourd’hui et demain. Il faudrait profiter de cette occasion pour ouvrir un débat sur l’ensemble des pratiques tarifaires, et par conséquent sur la rémunération des ayants droit.”
“La situation des exploitants adhérents garantis n’évolue en rien.” - Patrick Brouiller, président de l’Afcae
“Ce rapport a le mérite d’éclaircir un certain nombre de points et de reposer la problématique de la remontée des recettes. C’est en quelque sorte une porte ouverte à la négociation. Je constate cependant que la situation des exploitants adhérents garantis n’évolue en rien. Ils doivent continuer à s’acquitter de la TSA sur leurs fonds propres et à supporter des frais de gestion très élevés.
Nous n’avons pas voulu ces cartes, nous les subissons depuis des années. Il est donc temps d’assainir ce marché. Nous avons tous des droits et des devoirs dans cette profession, notamment de nous soucier de sa pérennité.
C’est pourquoi nous devons rester extrêmement vigilants quant à la surenchère tarifaire que l’on nous fait craindre. Celle-ci conduirait le public à penser que le cinéma est trop cher. Ce serait un mauvais message à lui envoyer, surtout après tous les investissements consentis par les exploitants qui verraient dans la foulée leur marge nette diminuer.”
“Les propositions de Mme Picard risquent de perturber très fortement la profession.” l Marin Karmitz, Pdg de Mk2
“Les propositions de Mme Picard risquent de perturber très fortement la profession tout entière. Aujourd’hui, les cartes illimitées représentent 6% des entrées nationales. Leur fonctionnement peut être amélioré, mais pourquoi vouloir le surréglementer ? Et surtout, pourquoi ignorer le reste du marché au sein duquel 50 millions d’entrées sont faites à moins de 5,03 € ?Je note par ailleurs que Mk2 est totalement occulté. Nous n’avons pas une taille suffisamment importante pour créer notre propre carte, et paradoxalement, nous sommes trop gros pour être des adhérents garantis. Que devenons-nous alors ? Cette question est d’autant plus pertinente que les cartes concernent essentiellement le marché parisien, le seul où nous soyons présents. Cette volonté de légiférer est directement liée à ma sortie du Pass. Nous allons donc tirer les conclusions de ce rapport. Il aurait pourtant été plus simple de proposer une indexation du prix de référence sur le prix moyen des places en suivant l’évolution à la hausse ou à la baisse de ce dernier.Ce rapport, en l’état, risque de provoquer l’arrêt des cartes illimitées avec des effets préjudiciables pour le public, les films d’auteur et leurs distributeurs, qui sont les premiers à en profiter. Cela pourrait aussi mener à une politique des prix cassés qui sera très néfaste pour tout le secteur.”
“Les cartes illimitées ne doivent pas être banalisées.” - Michel Gomez, délégué général de l’ARP
“Nous n’avons jamais été opposés au principe même des cartes illimitées. Nous voulions seulement qu’elles soient réglementées afin d’éviter des conséquences préjudiciables pour les ayants droit. La loi a corrigé le système, et celui-ci fonctionne bien. Les émetteurs de cartes jouent franchement le jeu. Deux problèmes demeurent néanmoins d’actualité : le manque de transparence et la détermination du prix de référence. Le rapport de la commission y apporte des solutions sans remettre en cause l’existence des cartes. Il n’est d’ailleurs dans l’intérêt de personne que ces dernières disparaissent, car elles sont installées durablement sur le marché et auprès du public.En revanche, il n’est pas normal qu’elles soient traitées de manière différente du reste des pratiques tarifaires qui peuvent aussi aboutir à des problèmes de rémunération des ayants droit. Le double langage est à exclure en la matière. Les cartes illimitées ne doivent pas être banalisées, mais elles ne doivent pas non plus être hyperréglementées par rapport au reste.”
“La procédure envisagée par la multitude des intervenants rend peu probable un accord d’ensemble.” l Guy Verrecchia, Pdg d’UGC
“Tant sur le fond que sur la forme, nous désapprouvons le rapport de Mme Marie Picard et le projet de loi qui en découlerait.Alors que les effets bénéfiques des cartes en termes de diversité ne sont plus à démontrer, et que la rémunération des distributeurs est jugée satisfaisante par la grande majorité d’entre eux, on prévoit de surréglementer cette catégorie qui représente 6% de la fréquentation, avant de s’être prononcé sur les règles qui doivent régir les 94% restants.La procédure envisagée par la multitude des intervenants rend peu probable un accord d’ensemble. En fait, sous prétexte de “conciliation”, il s’agit de donner à une commission administrative le pouvoir de fixer le prix de référence sous la menace d’un refus d’agrément. Nous avons donc décidé de faire évoluer nos pratiques commerciales pour pouvoir assumer les risques que ce projet fait courir à notre entreprise.”
“Les propositions sont raisonnables et conformes à l’intérêt général.” - Pascal Rogard, Dg de la SACD
“Je constate que les chiffres les plus intéressants au sujet des cartes ne sont pas mentionnés dans ce rapport. En revanche, les propositions de Mme Picard vont dans le bon sens, celui de la transparence que nous n’avons jamais cessé de réclamer, et celui d’une concertation sur le prix de référence qui ne peut pas être fixé de manière unilatérale. Elle sont raisonnables et conformes à l’intérêt général.Le prix des cartes a augmenté de 30% depuis leur création sans que le prix de référence ne soit modifié, et cela sans aucune justification économique puisque les émetteurs se retranchent derrière le secret des affaires. Il est donc urgent que la loi soit modifiée et rapidement suivie de son décret d’application. Quant à la menace d’une politique du pire, de prix cassés, brandie par certains opérateurs, elle démontre surtout leur manque d’arguments sur le sujet.”
Propos recueillis par A. B.