Forum de FilmDeCulte

C'est bien moins pathos que beaucoup d'autres films du genre, pourtant. Le film n'embellit à aucun instant les héroïnes: elles sont montrées assez crûment, dans leurs vices aussi bien que dans leur courage. La protagoniste principale apparaît même assez cruelle et détestable dans son attitude avec l'autre, comme s'il y avait un vieux fond de conscience de classe/conscience ethnique qui prévalait. Sur le manichéisme supposé, pas d'accord non plus, puisqu'à la fin le flic en chef se montre compréhensif et humain, loin des "méchants flics qui comprennent pas la misère" habituels.

Vu hier soir sur Arte
L'affiche en page 1 du topic est superbe mais gâchée par l'une des plus belles publicités mensongères ciné et le comble c'est qu'elle est signée Tarrantino
Le cinéma indépendant a au moins ce mérite de sortir des sentiers battus et de nous offrir l'image d'une Amérique au plus près de sa réalité quotidienne dont on constate qu'elle n'est pas plus reluisante que la nôtre. Pour un peu, on croirait qu'il s'agit d'un film européen d'art et d'essai.
Le thème est rebattu (la mère de famille seule et sans ressources) mais les personnages, chacun à leur niveau, sont intéressants; j'ai bien aimé le fils et son bidouillage d'escroquerie pour pouvoir offrir un cadeau à son petit frère mais surtout l'histoire de la jeune Mohawk qui reflète en filigrane la condition actuelle des peuples indiens. Sujet ô combien inexistant du cinéma américain. Ces deux femmes se retrouvent sur un pied d'égalité, larguées qu'elles sont par leur propre vie, concluent bon gré mal gré une alliance de bric et de broc qui va pourtant les amener, au rythme tanguant de la voiture sur la glace, à s'épauler mutuellement et, finalement, à dégager une fenêtre de sortie, un futur possible pour elles et leurs familles.
Le point d'accélération à leur relation étant l'épisode du bébé abandonné au milieu de la rivière gelée, tout un symbole !

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"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
Douglas Sirk