Mufti a écrit:
Tu te contredis là... L'art qui travaille sur le beau et la pub qui joue sur la seduction.
Le beau en art n'est pas forcement séduisant, il peux inclure un esthétique de la laideur, il ne sagit pas du "joli". l'art se permet des choses que la pub ne se permetra jamais, il passe son temps à questionner le beau, son histoire, ses techniques... La seduction n'est pas une donnée nécessaire en art, le spectateur peut être violenté, malmené, troublé (c'est même souvent le but recherché), pas dans la pub. Celle ci peut être étonnante, amusante, jamais plus.
Ce qu'il faudrait dire, c'est que la publicité en soi n'est pas un médium. Les affichages, les spots tv, les jingles radio, tout cela c'est de la pub mais ça n'est pas le même médium.
Le point commun entre toutes ces pubs, ça n'est pas un langage ou une esthétique, mais bien la volonté de promouvoir le plus largement un produit. Et en cela, ça n'a rien d'une démarche artistique.
La pub, dans son essence n'a rien à voir avec l'art.
Ensuite, c'est vrai que la publicité emprunte le langage de plusieurs médiums, mais ça ne suffit pas pour en conclure qu'elle partage le même potentiel artistique. Ca reviendrait à dire qu'une infomerciale c'est du journalisme, que la pub, parce qu'elle utilise des mots, c'est de la littérature.
Qu'un artiste fasse de la pub, qu'une pub même ait des prétentions artistiques ne suffit pas pour dire que la pub c'est de l'art.
Par exemple, le spot Nike en lien plus haut. Il y a clairement une ambition esthétique. Bon, pour moi déjà ça ne dépasse pas la démo Amstrad cpc 6128 (toutes proportions gardées pour ce qui est du niveau technique). Mais plus largement, il n'y a aucune prise en compte du support utilisé. Cette pub est destinée à passer plusieurs fois par jour sur toutes les chaînes. Aussi impressionante soit elle, elle me sortira par les yeux au bout de la dixième vision. Un artiste aurait prit ça en compte.
Parce que la pub ça n'est pas seulement le film en lui même, c'est aussi son mode de diffusion (on ne peut pas considerer les pages de pub comme une diffusion de courts metrages justement à cause de ça) et je ne connais aucune pub qui propose d'integrer cette dimension dans son esthétique (à la limite, l'hystérie de la pub juvamine, avec son improbable répétition jusqu'à la nausée, contient sa propre auto critique jusqu'à l'auto destruction. Si cette pub là ne dégageait pas autant de cynisme, on aurait pu se poser la question de l'art).
La publicité a beau utiliser l'image, le mouvement et le son, son mode de production, de diffusion et son but avoué l'éloignent certainement du champ de l'art. Il est toujours possible de sortir des exemples de pub qui s'approchent des frontières, il est possible que l'art fasse parfois des intrusions dans le domaine de la pub, mais ça reste très différent.
Si il y a un interêt dans la pub, il est ailleurs.