Puisque ça revient souvent dans les discussions liées au téléchargement et à la qualité des fichiers téléchargés - et de fil en aiguille, à la légitimité du téléchargement (via l'argument "ce que je télécharge est de moins bonne qualité de ce que je pourrais acheter"...)
Concrètement, qu'en est-il ?
Les défauts des anciens fichiers SDJusqu'au Blu-ray, les fichiers vidéo mis en ligne étaient le plus souvent des fichiers
divX et
Xvid. La qualité de compression, liée à la faible définition (souvent 640 px de large, quand un DVD en a 720), était alors particulièrement mauvaise :
(divX - 672 x 272 - 700 Mo pour 1h43)Comme on le voit ici, la compression altère l'image, en l'amenant vers le flou. Les flous sont alors pixelisés (pixeliser sur un flou, comme ici l'arrière-plan, c'est plus discret), les contours se doublent de parasites, les visages perdent en détail.
A ce stade, on pouvait effectivement arguer qu'un fichier téléchargé sur le net n'avait rien à voir avec la qualité du DVD (qui sont certes encodés en
Mpeg2, un format archaïque, mais qui prenaient alors jusqu'à 6,5 Go du disque, quand ces fichiers sur le net ne dépassaient par 1,4 Go - et se limitaient souvent à 700 Mo). Voir un film dans ces conditions, c'était jeter aux poubelles tout ce qui pouvait avoir trait à la texture de l'image, au détail, à la finesse de la lumière, etc.
L'arrivée des fichiers HD, et leur codecArrivent ensuite les blu-ray, peu après l'apparition d'un nouveau format de compression : le
h264.
C'est ce codec extrêmement efficace qui sera adopté par les fichiers HD illégaux.
Le h264, c'est exactement la même norme que l'
AVC, qui sert à coder une grande partie des blu-ray. En gros, les défauts que vous trouverez sur vos blu-ray seront de la même nature que ceux des fichier illégaux. Ils seront juste plus discrets. Poruquoi ? A cause de deux différences :
- La taille : quand la vidéo d'un blu-ray pèse 30 Go (ou plus !), celle d'un fichier illégal pèse au mieux 6,5 Go (et plus souvent 4,37 Go).
- La définiton : celle d'un blu-ray est de 1920 x 1080 pixels ; sur le net, on télécharge surtout des
720p (1280 x 720).
La question est : est-ce que cette fois-ci, la qualité entre un fichier illégal et un blu-ray acheté est si différente ?
Et bien effectivement, plus tellement... si le fichier a bien été encodé.
Et ce n'est pas toujours le cas. Car si le xvid
altère la vidéo d'origine, le h264 torché
redessine la vidéo d'origine : il invente des données. Et ça change tout.
Les défauts du h264Les altérations du h264 sont faites pour être discrètes en lecture : les nuances dans les noirs deviennent du noir tout court, le mouvement est estimé et compensé... Cela va se traduire par un "gêne" à la lecture, sans que vous puissiez en saisir la raison. Pour voir si un 720p est propre, il faut donc le mettre sur pause.
Prenons l'exemple d'un
TRÈS mauvais h264.
Le pointillisme
(h264 - 1280 x 544 - 6,54 Go pour 3h05)C'est le défaut qui "redessine" le plus l'image : lorsqu'il y a un mouvement, les détails se regroupent en petit paquets de couleur, recréant un effet de filé artificiel. En pause, l'image se transforme en tableau impressionniste. C'est particulièrement dommageable dans le sens où cela fait perdre tout relief à l'image, et en accentue les contours (de ce fait, quasiment tous les 720p, même les plus soignés, on l'air d'être trop contrastés). C'est aussi un désastre pour les visages.
Curieusement, il faut que ce défaut soit vraiment très poussé pour qu'on le remarque en lecture. Si vous avez un 720p, allez le vérifier sur votre ordinateur en le mettant en pause, vous pourriez avoir des surprises. En mouvement, c'est une sensation de pauvreté et d'artificialité de l'image qui prédomine, sans vraiment pouvoir en saisir la cause.
Les couleurs parasitesEn simplifiant les couleurs, le h264 radicalise les subtilités de lumière. Si une nuance de teinte est présente dans la lumière générale de la scène, elle risque de ressortir avec une importance démesurée. Ici, c'est le jaune, probablement un projo "secondaire", qui via cette compression trop forte crée des tâches jaunâtres partout sur le visage (le nez, le cou...).
De manière générale, au-delà d'une tendance à sur-contraster, le h264 aura aussi tendance à sur-saturer.
Solarisation / Posterisation
(h264 - 1280 x 692 - 2,90 Go pour 1h41)La posterisation (banding) existe déjà sur le Mpeg2 des DVD : un dégradé se transforme en série de "bandes" colorées (sur un mur dans la pénombre, sur le dégradé d'un ciel, etc). Le défaut perdure sur le h264, qui encourage la raréfaction des teintes, donnant parfois, sur les fichiers les moins gros, l'impression de retourner à du 256 couleurs. Les étapes dans les dégradés ont des bords moins évidents : pixelisés, amassés en paquets (quelques gros carrés), ils sont paradoxalement plus visibles vu que cette bordure fourmille.
La mauvaise gestion du grain filmQui dit définition HD dit apparition du grain de la pellicule. Sur un bon blu-ray, ou même sur un h264 bien compressé, il sera diffus et égal sur toute l'image, et en apaisera le rendu. Sur un h264 torché, comme ici, il va se regrouper en paquets alternés avec du flou. Ils vont changer d'emplacement dans le cadre à chaque image, redonnant ainsi une sensation de fourmillement, certes, mais celui-ci sera de ce fait un peu hystérique.
Au final...Si le 720p présente de tels défauts, il est absolument inutile : vous aurez une meilleure qualité en vous procurant le DVD. Malgré sa définition moindre, vous gagnerez d'avantage à agrandir son image propre qu'à regarder une verison HD sale.
Pour cette raison, d'ailleurs, les
1080p qu'on trouve sur le net sont inutiles : beaucoup plus compressés que les
720p (puisqu'ils pèsent le même poids qu'eux, soit pas plus de 6,5 Go), ils ne feront qu'altérer l'image pour rien. Agrandir un 720p, ce n'est qu'agrandir l'image 1,5 fois, ce qui la modifie peu.
Néanmoins, s'il est correctement compressé (en-dessous de 4,37 Go, à moins que ce soit un dessin animé, vous avez peu de chances qu'il le soit), un
720p peut égaler une qualité blu-ray de manière assez redoutable - et devenir, de ce fait, un danger et un concurrent sérieux pour l'industrie.
Les défauts observés ci-dessus persistent, mais beaucoup plus discrètement. Le filé d'un mouvement sera plus visible que sa compression en "paquets", par exemple :
(h264 - 1280 x 532 - 6,25 Go pour 2h17)De même que, compressé avec soin, un h264 peut rendre un grain film tout à fait équilibré :
(h264 - 1280 x 690 - 5,97 Go pour 1h57)... ou la subtilité de variations de couleurs nuancées, sans saturation abusive :
(h264 - 992 x 720 - 4,36 Go pour 2h03)Et là, difficile de voir où se loge la différence avec un blu-ray... On arrive à la limite de ce que l’œil peut percevoir en lecture.