Forum de FilmDeCulte

L'histoire d'amour entre l'idole des foules et le plus grand boxeur sorti d'Europe. Ca finira mal.



Avec Charlotte de Turkheim, Jean Claude Brialy, Francis Huster, Marcel Cerdan Jr. , Jacques Villeret et Charles Aznavour.

Lelouch intercale dans cette histoire d'amour mythique une histoire bien plus terre à terre. Pensant au début que c'était une idée en bois, force est de constater qu'il a bien fait tant la partie sur Cerdan et Piaf est platissime. La faute aux acteurs d'une part. Cerdan Jr. a palié au suicide de Dewaere qui devait prendre le rôle du boxeur, et il est inexistant. Il cause à peine dans le film, est inexpressif... La catastrophe totale. Evelyne Bouix cabotine à mort en Piaf et n'est jamais crédible. Donc c'est Villeret qui tire son épingle du jeu dans son role de gros éconduit. C'est tout de même un comble de ne pas montrer cet amour historique sur l'écran, il n'y a rien, pas une émotion, pas un tremblement, aucune passion. En France, on fait rarement des trucs comme ça, alors autant ne pas gacher de telles occasions...

Lelouch use et abuse du plan séquence "virtuose". Parfois, ça rend vraiment bien (sur le quai de la gare, suivre Villeret, c'est horrible), c'est souvent super plan et super prétentieux (sur un plan circulaire, Piaf qui dit "Dieu est autour de moi... il m'enveloppe"). La musique est archi omniprésente et souvent assez saoulante. Et il ne sait pas filmer la boxe.

Donc voila.

Tant qu'a faire, autant mater le titre mondial de Cerdan contre Zale!

http://www.youtube.com/watch?v=Ecc-wJGZM5k

Je suis pas trop gêné par Cerdan perso, il a une attitude assez simple et timide qui définit bien le personnage (de toute façon à part ça il a pas grand chose de fou à jouer : celle dont on filme les émotions et réactions, c'est Piaf). Evelyne Bouix par contre c'est assez violent, le jeu tient pas les passages difficiles.

Découvrant récemment Lelouch, je continue quand même à admirer la générosité des tentatives, son absence totale d'inhibition, même si ça respire la bêtise un plan sur deux... Il y a cette capacité à avoir de vraies idées de scènes (cette manière tendue de commencer le film dans l'antichambre, par exemple, ou cette façon dont les représentations chantées ne donnent jamais l'impression de remplir le vide : elle sont toujours la part d'une scène qui raconte quelque chose d'autre). Et c'est quand même un petit exploit de réaliser un biopic "pas chiant", dont on oublie qu'il est un biopic justement - du moins dans la première partie. Celle-ci entremêle plusieurs lignes : Piaf et Cerdan avant leur rencontre (évolution "de concert" mais chacun de son côté, comme dans les comédies musicales avant la rencontre du couple de héros), et une autre histoire totalement annexe. Ensemble, ces trois parties tracent des liens mystérieux, comme pour faire un grand portrait de la France pendant et après la guerre, dans lequel la romance Piaf-Cerdan semble d'abord s'inscrire (comme fleurissant du contexte) ; puis ce mystère s'affadit, quand rien d'autre ne travaille ces parties que leur simple mise en parallèle, qui d'ailleurs peine à réellement faire sens.

Le film se retrouve en effet assez vite à court de choses à raconter, et même s'il parvient à ne pas trop souffrir de la soumission obligatoire de sa structure à l'aléatoire des évènements biographiques, il verse dans un académisme de plus en plus pépère et endormi (cet éternel aspect téléfilmesque des films français post-synchronisé et zoomés des années 70-80...). Le côté bêta des idées, le lyrisme niais de certains dialogues, l'émotion recherchée grossièrement, n'aident pas non plus vraiment à tolérer la platitude qui terrasse petit à petit l'ensemble.

Rien de remarquable donc - sinon Lelouch, dont l'isolement dans le ciné français m'impressionne de plus en plus. J'aimerais bien voir un film de lui qui fasse plus qu'acter de ce potentiel.