Forum de FilmDeCulte

En 1995, tous motivés par une raison personnelle, cinq amis se mettent en tête d'émigrer vers Londres.

Contrairement à Pathaan et Jawan, ce troisième film du comeback 2023 de King Khan après un hiatus de plusieurs années n'est pas un blockbuster masala mais si l'action n'est pas au rendez-vous et que le musical est limité à un numéro dansant (mais plusieurs chansons narratives en guise d'accompagnement), Dunki témoigne toutefois d'une variation de ton encore plus déboussolante.

Le film exploite la longueur coutumière du cinéma indien (2h40 ici) et sa division en deux parties séparées par un entracte pour mieux opérer un virage à 180° qui témoigne une fois de plus d'une industrie qui n'a peur de rien. Ainsi la première moitié s'inscrit-elle dans l'humour le plus grand public, avec un groupe de personnages qui ne dépareillerait pas dans un classique ou même dans une comédie sociale française, avec son héros charismatique et débrouillard entouré d'une femme moderne et de deux nigauds (et un colérique pour la forme). Image surlumineuse numérique un peu plate, récit qui s'amuse des galères et magouilles pour obtenir un visa (mariage blanc, séjour étudiant, incruste dans l'équipe olympique, et surtout un improbable stage d'anglais et l'examen qui s'en suit), on est vraiment dans la comédie pure.

Et d'un coup, ça vire au drame.

Même si les graines avaient été plantées, la situation était encore prise à la légère mais une déconvenue est soudainement prise plus dramatiquement et le reste du film va davantage s'ancrer dans le drame, pour ne pas dire la tragédie, une fois que les protagonistes sont obliger de quitter le pays clandestinement. Dès lors, les obstacles rencontrés ne relèvent plus du gag mais du danger de vie ou de mort et même si des éléments de fiction subsistent - SRK joue un ancien soldat donc forcément, à un moment, il va faire une badasserie pour s'en sortir - les enjeux sont réels, des gens meurent, etc. Des scènes m'ont rappelé les histoires que m'ont raconté mes parents sur notre fuite de l'Iran.

Un carton d'ouverture avait posé le contexte politique et un certain discours anti-colonialiste s’immisçait déjà dans la première partie mais c'est la seconde qui traite de plein fouet la question de l'immigration et des frontières, de l'intégration et de l'hypocrisie liée à la citoyenneté, pénalisant les pauvres. Le film a un côté catalogue sans doute un peu démonstratif au même titre que le discours didactique que va tenir tel personnage devant un juge dans le dernier acte mais cela n'en amoindrit pas la justesse.

Et surtout, malgré les giga-sabots de sept lieues de l'écriture, notamment de la romance qui vire au mélodrame le plus a-bu-sé sur la fin, y a un côté humble et humain et sincère qui fait passer toutes les pilules.

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Sacré retour du King Khan.

J'ai Pathaan sur le disque dur, faut que je le mate + quelques-uns de ses classiques.

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