Forum de FilmDeCulte

Je pense que cet article révèle le fait qu'on soit extrêmement à fleur de peau sur ces sujets. MeToo a contribué à révéler à nous tous, foruméens compris, qu'on a eu par le passé des comportements qui nous semblaient normaux mais qui ont pu blesser ou causer un malaise.

Let's set the scene.

En 2008, QGJ, le Cow-boy et moi-même avions entrepris d'écrire un programme court plus ou moins autobiographique avec pour protagoniste Bob, mon inénarrable alter ego. En 2009, la série devint un projet de long métrage rebaptisé...Lose Actually. Quelques temps auparavant, nous avions fait la rencontre de l'un des scénaristes d'Un prophète et ce dernier nous avait recommandé au futur producteur de La Horde et Antigang qui, après plusieurs mois de développement, va jusqu'à financer le tournage d'une "démo", censée valider toutes les hypothèses pour la mise en route du long, à savoir la capacité de QGJ et du Cow-boy à réaliser et mes talents de comédien.

Pour ce faire, notre bienfaiteur scénariste demande à l'une de ses amies, comédienne de théâtre, de me coacher de façon bénévole sur plusieurs séances. Elle accepte et nous organisons une rencontre pour lui expliquer le projet.

Nous sommes en 2010.

Olivia nous écoute lui expliquer notre sujet, notre point de vue, notamment sur les affres de la drague, du "jeu de la séduction", de ce que nous percevions comme des inégalités entre hommes et femmes à ce niveau...un laïus que je termine mais que Qui-Gon, face à cette femme qui ne le connaît pas, qu'il voit pour la première fois et qui est là gratuitement pour nous aider à la demande d'un tiers envers qui nous sommes donc redevables à plus d'un titre, choisit de ponctuer d'un ironique mais tonitruant et donc pas vraiment désamorcé par le petite rire qui suivit, "T'AS COMPRIS, SALOPE?".

Sur le coup, micro-gêne avec rires faux du Cow-boy et moi-même pour appuyer qu'il s'agit d'une blague et embrayage sur la conversation mais on apprendra par la suite de la bouche de notre ami scénariste qu'Olivia n'avait pas digéré ça. Et donc n'aimait pas trop QGJ.

Et toi tu es pas au courant de l'ambiance délétère qui existe dans certains boîtes américaines, en Californie notamment, où un collègue peut t'accuser de n'importe quoi par ambition, dans l'espoir que tu te fasses virer.

Quelle parano ? Et en quoi je défends quoi que ce soi ? Je te situe le contexte américain, où ça dénonce à fond dans les entreprises (et pas toujours pour les bonnes raisons) et où ça fait des procès à tire-larigot. Se protéger, c'est peut-être abusé, mais c'est tout à fait compréhensible dans un tel contexte.

Let's set the scene.
...

C'est vraiment un débat dérisoire en comparaison du problème de misogynie qui gangrène la société.

Ce n'est pas parce que la misogynie de la société est un problème fondamental à régler qu'il ne faut pas réfléchir aux effets pervers que peuvent induire sa résolution. Mais j'imagine que c'est plus confortable de vivre dans un monde binaire...

C'est quand même fou ce que ton progressivisme (qui n'est pas une mauvaise chose en soi) peut être béat et inconditionnel, ainsi que distant de la réalité et de ses cas particuliers. Qu'est-ce qui t'empêche, hormis l'aveuglement, de te représenter des formes éventuellement négatives que peuvent prendre de tels changements, a priori bienvenus.

Toujours ce même argument en bois ! Ce n'est pas parce que la misogynie de la société est un problème fondamental à régler qu'il ne faut pas réfléchir aux effets pervers que peuvent induire sa résolution. Mais j'imagine que c'est plus confortable de vivre dans un monde binaire...
Il y avait un chouette article dans The Atlantic récemment (https://www.theatlantic.com/magazine/ar ... on/573949/), qui expliquait que la jeune génération aujourd'hui aux Etats-Unis n'osait même plus draguer de peur de se faire accuser de harcèlement sexuel. En gros, on a internalisé l'idée que draguer = être un gros lourd. Excuse-moi, mais ça, c'est un effet pervers.