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vas y la...

Kaye confirme tout le mal que je pensais d'American History X, même si effectivement ça se regarde paresseusement, avec un vague plaisir flemmard et coupable, en mode régressif façon "ouaaah ce prof allume une lumière dans le noir". Je me dis d'ailleurs que le respect que reçoit ce prof est absolument pas mérité scénaristiquement, que tout cela advient bien vite (la première confrontation avec l'élève qui l'insulte, et le petit speech creux qui lui sort en retour à base de "ce sac n'a pas de sentiments"... Je me dis que dans la réalité, il se serait pris une beigne).

Effectivement la mise en scène va n'importe où, si possible partout à la fois, et donc nulle part : le bordel-patchwork, en brouillant les pistes, lui tient lieu d'unique ciment, adossé à une continuelle nappe à piano spleeneuse qui résume l'unique prise de position du film (= la misère, c'est triste). Et quand il s'agit de construire une vraie scène forte (Brody qui passe en voix de fausset pour imiter sa mère, mon dieu...), catastrophe.

De jolies potentialités surnagent dans l'échec... Le corps professoral (Liu, Cann) forme une armada de seconds rôles qui auraient gagné à être exploités. Brody est impec, la petite jeune se débrouille bien. La façon qu'a le film de focaliser sur le perso principal, au-delà de l'école, change un brin la donne. Et le dernier plan est joli.

Mais c'est pas assez pour rattraper un film aussi fin et cinématographique qu'une leçon d'éducation civique illustrée.

Je trouve ça aussi très grandiloquent et complaisant dans l'auto-apitoiement (la musique mélodramatique qui passe en permanence, Brody avec son air de chien battu). Le scénario m'avait l'air vaseux, avec des dialogues ampoulés et un emploi de certains mots incorrects; ça c'est pour le contenu, qui est très volatile.
Dans l'esprit, le premier film qui me vient à l'esprit et dont ça se rapproche, c'est The Plague Dogs. Parfois, on a aussi l'impression de regarder un film sur des casques bleus en Bosnie qui contemplent l'horreur sans pouvoir rien faire. Le film est à peu près aussi complaisamment triste.
Malgré ces défauts, qui sont pour moi rédhibitoires et qui m'empêchent de penser que le film est bon, je ne peux pas m'empêcher de le trouver touchant.
Tout y est cliché pourtant, et ça m'énerve, mais j'aime comment le film s'y vautre sans arrière-pensée.