Evan Hansen est un lycéen de 17 ans qui souffre de trouble d’anxiété sociale. Son thérapeute lui conseille de s’écrire une lettre pour l’aider à renforcer sa confiance. Lorsqu’un de ses camarades de classe, Connor, se suicide, Evan se retrouve au centre de la tourmente. Dans une tentative malavisée de réconforter la famille en deuil, Evan prétend qu’il était meilleur ami avec Connor.J'avais entendu parler de la comédie musicale dont est adapté le film parce qu'elle est signé Pasek & Paul (les paroliers de
La La Land et
The Greatest Showman), j'étais donc forcément curieux mais la vision de la bande-annonce a éveillé une crainte que les critiques ont confirmé,
Cher Evan Hansen c'est un peu
Cringe - le film.
Le point de départ est ultra tendu et certaines des premières scènes confrontant le protagoniste handicapé social à la famille endeuillée m'ont fait dire que le pitch aurait sans doute été parfait pour une comédie noire jouant à fond sur l'humour de l'inconfort, avec ce personnage qui s'enfonce dans son mensonge éhonté qui est, faut le dire clairement, un comportement sacrément irresponsable. Pour ne pas dire de fils de pute.
Alors oui, Evan est un méga angoissé, sous traitement, sans amis et vient d'un foyer brisé, et il a toujours kiffé la sœur de son camarade de classe défunt dont il va donc prétendre avoir été l'ami (criiiiiiiinge) mais malgré tout ça, il est difficile de lui trouver des excuses...mais le film ne se gêne pas, lui.
J'imagine que sur scène où l'artifice théâtral est ostensible et où les numéros musicaux sont, à quelques dialogues près, les moyens d'expressions exclusifs des personnages, l'emphase et le caractère expressionniste assumé permettent de faire passer la pilule. C'est grossier mais c'est le genre, c'est le coeur (d'ados)(aux émotions intériorisées soudainement extériorisées par le genre) qui parle. Mais en film, l'alchimie ne prend jamais. Chbosky a beau avoir signé le scénario de l'adaptation (à très mauvaise réputation) du
musical (à très bonne réputation)
Rent ainsi que co-écrit le remake
live de
La Belle et la bête de Disney, il est surtout celui qui a porté à l'écran son propre livre,
Le Monde de Charlie, et s'avère effectivement plus à l'aise dans le
(teen) drama que pour les passages chantés presque tous ultra figés, comme s'il n'avait pas voulu abandonner sa mise en scène de drame en maisons pavillonnaires et couloirs de lycée. Peut-être qu'un simple drame, complètement défait des chansons, aurait été une version adéquate pour raconter cette histoire mais en l'état, le film reste le cul entre deux chaises, trop terre-à-terre pour laisser l'excès créer l'empathie et ne pouvant alors accoucher que de moments malaisants.
L'acteur original, bien qu'il soit désormais âgé de 28 ans, reprend son rôle et son âge est finalement moins gênant que ses affectations maniérées qui participent au portrait convaincant d'un ado à tendance Asperger mais aussi à angoisser le spectateur. Le talent pour les chansons, enregistrées en plateau d'ailleurs, est là, indéniable mais la mise en scène le dessert tellement...lui et les chansons qui possèdent la même énergie pop que celles de
The Greatest Showman mais sans jamais réussir à avoir leur nature d'hymnes. Sans grande surprise, les deux seules que j'ai trouvé pas mal sont
"Sincerely, Me" qui raconte un mensonge et met en scène une vue de l'esprit illusoire, soudainement plus dynamique, et
"You Will Be Found", monté comme un clip
feel-good à la limite du supportable.
On respecte également Amy Adams, impériale en toutes circonstances, et Kaitlyn Dever, toujours aussi douée. Mais il n'y a pas grand chose à sauver de ce ratage bien intentionné, qui veut traiter de suicide, dépression et de santé mentale, chez les jeunes qui plus est, mais le fait avec le tact et la décence d'un flic de la BAC.
Voilà, une super longue critique pour un film dont personne n'avait entendu parler et que personne n'ira voir. Ne dis jamais que je ne t'aime pas, forum.