Forum de FilmDeCulte

aka Le Bateau



Pendant la deuxième Guerre Mondiale, 40 000 sous-mariniers allemands envoyés par Hitler embarquent pour une mission de routine dans l'Atlantique Nord. L'insouciance règne à bord. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que seuls 10 000 hommes retourneront chez eux vivants.

Bien qu'il ne s'agisse pas du premier film de sous-marin, on comprend pourquoi c'est le mètre-étalon du genre.
En réalité, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, notamment avec cette durée intimidante de 3h28 (pour le Director's Cut de 1997 qui inclut donc des scènes qui n'étaient visibles jusqu'alors que dans la version mini-série de cinq heures), en tout cas je ne m'attendais pas à ce que ce soit quasiment Master & Commander dans un sous-marin en 1941.

En effet, là où d'autres fleurons du genre comme A la poursuite d'Octobre Rouge et USS Alabama (ou même U-571 pour rester dans la même période) articulent leurs récits autour d'un high concept, Petersen adapte le roman d'un correspondant de guerre qui s'apparente davantage à une chronique de la vie dans un sous-marin. Et l'immersion (badum-chsss) est totale. La caméra embarquée de Petersen et la photo de Jost Vacano (chef op de Verhoeven) te transmettent toute l'étroitesse et la moiteur du lieu et l'écriture exploite au mieux la durée pour te faire ressentir les semaines? mois? passés enfermé sous l'eau, dans la ferraille, dans le chromosome XY, dans la guerre. Une guerre avec un ennemi invisible, presque indéfini. Ça pourrait être une autre guerre d'ailleurs, ça pourrait être un autre ennemi. Ça pourrait même être les nazis, l'ennemi.

Parce que le choix d'adopter le point de vue des allemands ne consiste pas simplement à dire "hé c'était des êtres-humains aussi" ou "les soldats ne font que suivre les ordres, ils ne savent presque pas pourquoi ou contre quoi ils se battent". Ces considérations n'entrent même pas en compte, ce serait malvenu, vulgaire. Elles vont de soi, en fait. Il y a bien un coinços nazillon à bord (et encore, ils le font pas débiter le programme ou quoi, juste il garde son uniforme et se rase et est très sérieux là où les autres sont globalement des beaufs barbus) et le regard des autres gradés à son égard en dit déjà long, tout comme l'introduction lors de la fête montre déjà l'alcool comme refuge de soldats lassés par le conflit et ne validant pas forcément les choix du Commandant en Chef.

J'ai pas mal pensé à l'excellent et sous-côté Jarhead de Sam Mendes, autre film de guerre sur l'attente et l'ennui qui rendent fou. Ce n'est sans doute pas un hasard si ce type de récit appelle à se placer du côté du camp qui perdra la guerre en question. Le film laisse son propos et sa politique être formulés par l'action, délibérément répétitive, et la durée - c'est long mais il faut que ce soit long - qui prennent inévitablement un aspect métaphorique, un enfer reflétant l'absurdité et l'interminabilité de la situation.

C'est vraiment fort. Tu comprends pourquoi Hollywood est venu le chercher mais c'est dommage qu'il n'ait jamais retrouvé ce niveau par la suite et qu'il se soit retrouvé à faire des blockbusters plus ou moins lambdas. Je suis curieux de voir ses trois premiers longs, qui n'ont rien à voir, ainsi que ses premiers films US

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