Cosmos : Une odyssée à travers l'univers en VF.
Je ne fais pas partie des fans ayant vu le
Cosmos original de Carl Sagan (1981), un modèle semble-t-il de vulgarisation scientifique. Mais de ce que j'en connais, ce reboot (ou plutôt remake) semble tout faire pour se conformer à l'esprit de l'original (il y a d'ailleurs peu d'épisodes qui ne fassent pas directement référence à Sagan). Cette série documentaire est composée de 13 épisodes de 45 minutes, et balaie le champ scientifique concernant ce qui a trait à l'univers, bien sûr, mais aussi à la science en général (ADN, évolution, etc).
Pour qui a eu sa petite période scientifique étant gamin, la série n'apprendra pas grand chose. Parce que c'est de la vulgarisation, certes, mais surtout parce qu'il apparaît très vite qu'elle a été conçue comme une arme de guerre envers le public américain. On sent une réelle urgence de construire une digue pour contrer la tendance anti-scientiste qui a grossi aux States. La moitié des commentaires consistent autant à expliquer la science qu'à la défendre contre les créationnistes, les fondamentalistes, les voix niant le changement climatique, etc. En gros, la série se conçoit comme une grosse promotion d'éveil à la science, pour récupérer les gamins avant qu'ils ne soient pris par "l'autre camp". Ça donne une ambiance bizarre, et je suis très surpris de voir qu'il s'agit du production FOX.
À l'instar de la série originelle, le but est d'allier rigueur scientifique (rester clair sans mentir pas simplification) et émerveillement (tout le folklore que trimballe l'éveil à la science et à l'espace). C'est une demi-victoire.
- D'une part, la série est absolument sidérante visuellement : surproduits, les épisodes regorgent de SFX pas très loin d'une qualité cinéma, se paient des voyages à travers les différents pays du monde juste pour y faire déclamer une transition à son présentateur, s'offre de larges tranches de dessin animé (pour toutes les reconstitution ayant trait à l'histoire ou au passé), sans compter l'ample musique orchestrale de Silvestri... Il y a une dimension picturale très marquante dans ces effets spéciaux et leur démesure colorée, ainsi qu'un évident plaisir à figurer ce qu'on ne peut pas aller voir pour le moment (des trucs de rêves de gamins, comme aller voir à quoi ressemble de près la tâche-tempête de Jupiter, ou plonger dans les océans de méthane de Titan avec un projecteur).
- D'autre part, les scénaristes de la série ne semblent pas faire assez confiance à cette surcharge d'émerveillement, et en rajoutent une couche de trop dans la voix-off. Celle-ci passe la moitié de son temps à pseudo-philosopher ou pseudo-poétiser sur l'espace et la vie, donnant à l'ensemble un cachet ampoulé un peu fatiguant, quand la rigueur d'une explication scientifique se marierait à la perfection à ces images. C'est comme si la balance penchait un peu trop du côté show mainstream (vulgarité comprise), et plus assez du côté science, pour que la recette fonctionne correctement. De plus, malgré le déchaînement visuel assez gratuit, la série ne trouve pas forcément toujours les meilleures figurations pour rendre lisible ce qu'elle entend nous transmettre, et les images les plus fortes (comme le calendrier cosmique) viennent de l'ancienne série.
Ça mérite le coup d’œil (ne vous laissez pas décourager par l'épisode 1 qui ne nous apprend pour le coup vraiment que dalle), et même si Tyson (le présentateur) est un peu crispant, ça se regarde agréablement. Par contre si vous avez des enfants, c'est absolument idéal et nécessaire, et il y a de grandes chances que ça leur reste gravé dans la tête comme LEUR grande rencontre avec la science.