J'avais fait un topic Marvel jadis et il y a suffisamment de films pour en faire un DC maintenant.
Catwoman (Pitof, 2004)Je ne me rappelle presque plus tout de ce film, à l'exception de quelques scènes nanardesques style Halle Berry qui s'excite sur de l'herbe à chat qu'on lui jette à la gueule et l'intrigue
"Sharon Stone, PDG d'une entreprise de cosmétiques qui ripolinise sa gueule mais la rend aussi dure comme de la pierre". Quelle idée, ce film, franchement...
Constantine (Francis Lawrence, 2005)Je ne suis pas un inconditionnel de la BD donc je n'ai pas les griefs de certains fans envers ce qu'ils perçoivent comme une adaptation trahissant le matériau de base, notamment le casting de Reeves, que je trouve bon ici. Pour ma part, j'avais été plutôt séduit par la forme ultra-léchée que Lawrence apportait au film d'horreur comme une sorte de version comic book blockbuster de
L'Exorciste. Léger mais ambiancé.
Batman Begins (Christopher Nolan, 2005)Nolan s'est surpassé par la suite mais dès ce premier chapitre, sa vision était d'une richesse des plus satisfaisantes. La question n'est même pas de savoir si cette adaptation est plus fidèle ou non, c'est avant tout en tant que film que l'oeuvre présente enfin des personnages correctement développés et ce malgré leur surnombre. Bale campe le premier Bruce Wayne digne de ce nom et Nolan, Alfred et Gordon sont enfin écrits comme de vrais personnages, le perso féminin n'est pas qu'une vulgaire cible amoureuse...et les méchants font figure de terroristes dans une intrigue directement lié au thème qui parcourt chaque fil narratif du récit, la peur, ainsi qu'au propos sur l'Amérique post-11 septembre qui guidera la trilogie toute entière. Nolan reboote la franchise en proposant un point de vue radicalement différent, terre-à-terre, ancré dans le réel, sans perdre le genre de vue, comme en témoignent les nombreuses idées de mise en scène (sa première apparition qui adopte le point de vue de ses adversaires, pour lesquels il EST « The Batman », créature mi-homme mi-animal qui leur fout les jetons, filmé comme dans un film d’horreur, comme un monstre happant ses victimes une à une, ou un monstre pendu à l’envers qui soudain déploie ses ailes et la Palme va au passage où Falcone le voit au milieu de plusieurs hommes qu’il dézingue, à peine perceptible). Et l'humour savamment dosé qui ne fait jamais basculer le film dans la frivolité des Marvel.
V for Vendetta (James McTeigue, 2006) Film que j'avais bien aimé en salles mais trouvé un peu petit et que j'ai de plus en plus apprécié au fil du temps. C'est vraiment dommage que les Wachowski ne l'aient pas réalisés eux-mêmes parce que tu sens par moments que la réa efficace mais anonyme de McTeigue freine quelque peu l'envolée lyrique. Toutefois, l'adaptation digeste du tome d'Alan Moore par les frangins et l'imagerie iconique offrent quelques moments assez puissants dans ce film au propos radical toujours plus pertinent avec le temps.
Superman Returns (Bryan Singer, 2006)Ce film, c'est MA Forteresse de Solitude. Je comprends absolument tous les reproches qui lui sont fait et pour certains, je suis d'accord (le plan de Lex Luthor, toujours aussi "hein?"), mais pour d'autres (le manque d'action), je pense que c'est juste pas le film que Singer cherchait à faire. Le problème, c'est qu'il prend 200 millions de dollars pour faire ce qui ressemble de plus en plus aujourd'hui au one-shot en BD d'un auteur. Or en comics, quand un auteur veut faire son truc, il peut le faire, ça "dérange" souvent en rien au final la continuité d'une licence multiple. Alors qu'au cinéma, quand t'as pas eu de film avec Superman depuis plus de 20 ans, c'est culotté de faire en substance un simili-remake du film de Donner à la sauce
Casablanca. C'est pas tellement ce que les gens avaient envie de voir. Moi, ça m'a parlé. Projetant sa personnalité sur le protagoniste, Singer choisit d'aborder l'un des principaux aspects du personnages (son aliénation, son désir d'adoption, d'appartenance...thèmes chers au cinéaste) en délaissant peut-être un peu les autres (alors que la scène de l'avion prouve qu'il aurait PU faire le blockbuster d'action attendu) mais sans rien perdre de l'ampleur mythologique, CHRISTIQUE, du personnage, l'épousant à 300% dans la forme comme dans le fond. Ce n'est pas un film de son temps et même s'il a baissé dans mon estime avec les années, je le trouve tout de même remarquable à bien des niveaux.
The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008)Nolan troque l'atmosphère poisseuse à la
Blade Runner du premier pour faire
Heat version super-héros et surenchérit sur chaque aspect du précédent, signant toujours un thriller urbain épique, faisant de Gotham City encore plus un personnage cette fois-ci et exploitant la nature terroriste de son antagoniste à la puissance 1000 pour attaquer encore plus frontalement la question de la Guerre contre le Terrorisme. Les questionnements sont propre au genre (duallité, justice, vigilante, qui a le droit, jusqu'où peut-on aller) mais traitent de l'Administration Bush (extradition forcée, torture, surveillance illégale) et ce fond politique n'empêche pas le film d'être un putain de blockbuster (la scène du camion) ludique (le jeu de piste du Joker) avec une dramaturgie en béton (la figure tragique Harvey Dent, le triangle avec Wayne et Rachel). Dense comme aucun autre film du genre (qui ne soit pas adapté directement d'un ouvrage spécifique), c'en est à mes yeux le mètre-étalon ainsi que l'un des films les plus représentatifs de son époque tous genres confondus.
Watchmen (Zack Snyder, 2009)Est-ce que c'est l'adaptation parfaite du monument de Moore & Gibbons? Non. Cependant, alors que je trouvais Snyder totalement inadéquat pour réaliser ce projet, il a su s'approprier de manière personnelle mais non moins pertinente l'oeuvre originale en y apportant une dimension iconographique de toute beauté (les ralentis du générique ou de la séquence "Dr. Manhattan") tout en développant les parallèles "méta" de la BD en y substituant des référents filmiques par le biais des costumes (de Batman & Robin à Batman Begins) ou des décors (Dr. Strangelove) ou de la BO (Apocalypse Now), et en gardant cette fois le propos philosophicopolitique. Je regrette tout de même quelques choix hasardeux (le speed-ramping durant les scènes d'action) mais ça reste un gros morceau de cinéma, surtout dans son Director's Cut.
The Losers (Sylvain White, 2010)Adaptation d'un comic book franchement banalissime qui s'apparente à un
The A-Team totalement fauché. J'aime bien les personnages, mieux définis que dans la BD, et au départ, la camaraderie générale fait illusion mais ça se prend trop au sérieux quand il faut pas et pas assez au sérieux quand il faut. Formellement aussi, c'est pas très inspiré.C'est pas dégueu à regarder, malgré toutes ces couleurs criardes, mais dans l'ensemble, ça fait très Peter Berg du pauvre. On lui concèdera des scènes d'action pas trop mal foutues.
Jonah Hex (Jimmy Hayward, 2010)On sent la patte Neveldine/Taylor (scénaristes qui devaient réaliser le film) dans le traitement rock et vulgos à tendance hystérique. Cela dit, vu comme le film pue le charcutage visant à recoller les morceaux, difficile de savoir si le rythme frénétique était une intention. Intro hachée presque incompréhensible suivie d'une séquence animée moche et inutile avant une
revenge story banale à laquelle le scénario tente de greffer une intrigue de proto-terrorisme pas inintéressante mais évidemment complètement torchée, comme le reste, et qui n'évite pas le passage visiblement obligé des westerns blockbuster par l'arsenal steampunk light à base de Gatling, d'arbalètes de poings et autres boulets de canon semi-atomiques. On a un peu l'impression d'être dans un sous-
Wild Wild West (avec une scène d'hallu nanardesque à la
Blueberry).
Green Lantern (Martin Campbell, 2011)Si le film était sorti en 1995, peut-être qu'on aurait grave kiffé. Voix-off explicative, apparition du titre un peu cartoon, visible incompréhension non seulement du personnage (et de l'univers) mais surtout de ce qui peut faire l'intérêt des adaptations de comics même les plus formulaïques. DC tente d'appliquer la formule Marvel avec
Iron Man en guise de modèle de ce
Green Lantern bien plus léger que son matériau de base. C'est un peu
Thor (décor alternant entre le cosmos et la Terre, design casse-gueule, leçon nécessaire à apprendre par le protagoniste pour redevenir un héros, trauma père-fils, etc.) en raté. Toutes les faiblesses sont exacerbées (scènes sur Terre interminables, dialogues super didactiques, classicisme de la narration si fonctionnel qu'il tend à la banalité) et jamais le récit ne parvient à correctement articuler sa construction. Les pistes intéressantes (comme ce qu'incarnent les méchants) sont traitées de manière superficielle. C'est dommage, parce que le film ose le jusqu'au-boutisme dans l'adaptation et la direction artistique.
The Dark Knight Rises (Christopher Nolan, 2012)Épisode presque aussi différent du chapitre précédent que celui-ci l'était du premier volet. Nolan donne une vraie conclusion à sa saga et à l'histoire de guérison d'une ville, d'un pays et d'un monde qu'il raconte à travers le parcours d'un héros dont le seul super-pouvoir est l'argent. Une fois de plus, l'auteur tape dans le zeitgeist en plein mouvement Occupy Wall Street pour traiter de révolution et d'instrumentalisation des masses, avec un nouveau terroriste-gourou en guise de
bad guy. Plus
comic book (et bondien) que jamais, l'épopée finale est aussi foisonnante que son prédécesseur et offre une catharsis aux personnages (et à son auteur, mais ça s'était amorcé avec
Inception) qui fait du film le plus émouvant de la trilogie.
Man of Steel (Zack Snyder, 2013)Snyder se renouvelle complètement en adoptant pour son film le plus fantastique/SF son approche la plus réaliste sans rien perdre de l'iconisme de son style malgré l'absence de ses éléments les plus ostentatoires. Une reconstruction du super-héros après la déconstruction de
Watchmen. Le film fonctionne à fond sur son (incroyable) iconographie. Tableaux à la force évocatrice sans pareil. C'est là qu'on voit que malgré la caméra à l'épaule et l'absence de ralentis, ça reste du pur Snyder. L'écriture est moins profonde et carrée que chez Nolan, même si j'aime l'approche nouvelle du personnage (Singer en avait fait un messie orphelin en quête d'adoption, Snyder & Goyer & Nolan en font un enfant déchiré entre deux pères, entre ses souvenirs de celui qui l'a élevé, et la conscience artificielle de celui qui l'a conçu, entre ce à quoi il est destiné et ce qu'il peut choisir par lui-même) mais c'est amplement compensée par la mise en scène, faisant du film une expérience sensorielle qui m'émeut car tout est
"heightened". Accru, exacerbé, amplifié...INTENSIFIÉ. Les émotions, les actions, les enjeux...tout ce qui se passe se joue invariablement à une échelle épique, COSMIQUE. La naissance de Kal, le coup d'état de Zod, la fin de Krypton, le sauvetage d'une plateforme pétrolière, etc. Jusqu'à ce climax tant décrié, injustement qualifié de
destruction porn par incompréhension du sens que Snyder souhaite conférer non seulement à l'action mais aux enjeux dramatiques. Qu'on trouve ça grossier, soit, ça l'est, on va pas nier que l'utilisation d'une imagerie 11 septembre/apocalyptique est une manière bourrine de faire sens, mais le fait est que ça FAIT sens. Et il en va de même pour chaque séquence. C'est opératique.
Batman v Superman : Dawn of Justice (Zack Snyder, 2016)Suicide Squad (David Ayer, 2016)Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017)Top :
1. The Dark Knight
2. The Dark Knight Rises
3. Batman Begins
4. Watchmen
5. Man of Steel
6. Superman Returns
7. V for Vendetta
8. Constantine
9. The Losers
10. Green Lantern
11. Jonah Hex
12. Catwoman