on aura tout essayé de chloé morin.
c'était à la bibliothèque, et je connais des gens qui la connaissent et qui la détestent du coup je trouvais ça marrant de le lire.
elle raconte qu'elle a demandé un entretien à lionel jospin, qui a demandé un exemplaire de son dernier livre, qu'il l'a lu, et qu'il a ensuite refusé l'entretien en disant qu'ils ne partagaient pas la même pensée ni les mêmes références.
c'est à la fois odieux et stupide et drôle et légitime, du coup c'est marrant.
c'est une dissertation de chloé sur la vie politique actuelle. avec 400 pages denses, elle est généreuse avec sa propre pensée. et le lire dans la période actuelle était intéressant, parce que le bilan qu'elle fait est dévastateur : ce sont des dizaines de chapitres très courts, chacun avec un angle, pour explorer à quel point tout est apocalyptique, que ce soit la situation de fond en france, le personnel politique, les moeurs politiques, le fonctionnement des médias, des partis, de l'état, la déréliction complète de notre vie commune. le bilan est dévastateur, et dans l'absolu c'est difficile de lui donner tort sur beaucoup de points. et donc le dialogue avec l'actualité est violent, la nullité globale de tout le monde, la médiocrité du débat, cette campagne pour un mandat théorique de 5 ans sans aucun programme, cette absence totale de reflexion de moyen ou long terme...
l'aspect anxiogène du livre qui dialoguait avec l'actualité faisait un effet boeuf. est-ce qu'un pays peut continuer d'avancer et rester grand quand la vie politique et intellectuelle et le personnel politique et sont apocalyptiques à ce point ?
d'un autre, le fait est que c'est dur de ne pas donner raison à lionel jospin et le fait est que pour une politologue ayant son rond de serviette sur tous les plateaux télé et ayant le droit à 400 pages chez fayard, le niveau intellectuel et culturel n'est pas fameux. on a l'impression que sa culture politique commence avec le quinquennat de françois hollande - genre elle arrive à parler de démocratie participative sans évoquer ségolène royal, bon. elle n'interview que des politiques actuels, ou les a-lists du passé (très peu), l'impression que c'est autant pour réseauter que par manque d'intéret/de connaissance du passé, alors que leur parole serait sûrement bien plus libre. et d'une manière générale, c'est l'analyse de quelqu'un de passionné de politique, qui observe intelligemment les choses, mais la pensée n'est ni particulièrement brillante ni construite - elle part même un peu dans tous les sens et dit parfois tout et son contraire.
et l'évidence m'est apparue : le personnage principale de
la fièvre est basé sur elle.