Déjà-vu a écrit:
À force d'en parler, je me risque au Top 12 suivant :
Sisters
Carrie
Dressed to Kill
Blow Out
Body Double
Casualties of War
Raising Cain
Carlito's Way
Mission: Impossible
Snake Eyes
Mission to Mars
Femme Fatale
Je peux le découper en deux Top 6 :
1-6
Sisters
Carrie
Blow Out
Body Double
Carlito's Way
Mission: Impossible
7-12
Dressed to Kill
Casualties of War
Raising Cain
Snake Eyes
Mission to Mars
Femme Fatale
* plisse les yeux et regarde la liste *
* craque les doigts *
Sans doute, le réalisateur le plus ludique de sa génération : tout est énorme, opératique, sanglant, grossier, drôle, flamboyant et plein d'autres adjectifs. On sait pourquoi on est dans la salle, on sait pourquoi on a payé : j'ai demandé mon auteur saignant. Quand il veut faire un grand film de studio un peu classe et "de qualité", ça donne
Le Bucher des Vanités où Bruce Willis bouffe du saumon par plâtrées et où les actrices photocopient leurs culs pendant que
Morgan Freeman fait un speech sur la dignité d'une vie décente, ou bien
Carlito's Way avec Sean Penn en Albert Brooks et où un mec en égorge un autre après s'être reflété dans des lunettes fumées. C'est juste magnifique et j'aurai toujours une place dans mon cœur pour un réalisateur qualifié de "froid et calculateur, un homme cérébral qui tourne ses films dans un parc d'attractions". (in Les Enfants terribles du cinéma américain, de Michael Pye et Lynda Myles, 1979). D'où vient cette haine récurrente à travers la critique pour les parcs d'attractions, je n'en sais rien, mais on voit sur la couverture un extrait d'
Apocalypse Now et son Jungle Cruise de la mort, donc on a visiblement creusé le sujet.
I. La période "on s'en fout mais on regarde quand même pour compléter" :
Murder a la Mod : Vu une seule fois donc bon... c'est sympa si on passe outre l'horrible chanson-titre interprétée je crois par William Finley. J'ai souvenir de beaux passages dans le cimetière mais c'est tout.
Greetings : pareil vu une fois, zéro souvenir à part tout le délire de Gerrit Graham sur JFK mais c'est peut-être dû au fait que l'extrait est dans le doc.
The Wedding Party : vu il y a trop longtemps, je ne sais même plus qui se marie dedans ou s'il y a bien un mariage (si je sais, j'ai lu la fiche wiki)
Dionysus in '69 : c'est visiblement une pièce de théâtre avec des hippies à poil, donc non merci.
Hi, Mom! : j'aime bien la captation de la pièce expérimentale qui ne dépareillerait pas dans un débat twitter sur
Star Wars ou
Ghostbusters aujourd'hui. Il y a un mauvais esprit général que j'apprécie, jusque dans le final qui m'avait marqué.
Get to Know Your Rabbit : jamais vu parce que ça avait l'air nul mais je me trompe peut-être. Et puis il y a Orson.
II. La période "Quel est ton nom, beau guerrier ?" :Sisters : le brouillon des autres sauf qu'il y a déjà tout dedans jusque dans l'utilisation du jeu télévisé en abyme. Il y a même un côté un peu cra-cra Cronenberg avant l'heure (ou alors c'est l'accent canado-français de Margot Kidder qui m'y fait penser).
Phantom of the Paradise : top. Il y a le malaise qui commence dès le numéro des Juicy Fruits qui se barre en sucette sur leur soupe rockabilly et ensuite c'est une plongée progressive dans la folie d'une industrie qui s'auto-dévore. Le vrai Human Centipede de références nobles ou profanes : un pot-pourri de toute la culture pop qui paraît si évident qu'on énumère qu'après la vision tous les emprunts tant tout est axé sur le triangle "the man who wrote it, the girl who sang it and the MONSTER who stole it". Un film tellement plein que le générique de fin vient te rappeler tout le trajet épique qui a tenu miraculeusement en 90 minutes montre en main. Vu pour la première fois dans un ciné-club tard le soir à un âge qui n'était pas le bon : la fin me stressait tellement (après que le Fantôme s'est poignardé) que j'osais pas le regarder en entier par la suite.
Obsession : le mariage entre le côté grandiloquent de la mise en scène et les délires crapoteux de Schrader fonctionne d'autant mieux que De Palma traite ça comme la plus grande histoire d'amour jamais contée. C'est super.
Carrie : le film qui affirme que les roux ont des super-pouvoirs télékinétiques. "Ce film empeste le mépris de la femme" nous disent Pye et Myles. Dont acte.
The Fury : la version nase du précédent, un des plus moches de sa filmo. "Un mélange malheureux de télékinésie et d'espionnage paranoïaque, d'une lenteur souvent insupportable" : j'approuve.
Home Movies : jamais vu parce que ça avait l'air nul mais je me trompe peut-être (Épisode II).
Dressed to Kill : un autre film qui évite subtilement toute polémique. La grande époque de "l'éveil à la vie" de Keith Gordon et de Nancy Allen en Grace Kelly de De Palma. Un peu longuet après le début superbe consacré à Angie Dickinson.
Blow Out : celui-ci tout le monde sait qu'il est super et j'approuve. Plein de plans de mauvais goût comme tout le truc autour de la brosse à dents, Dennis Franz crucifié sur le lit, Lithgow qui passe devant une enseigne "Clams" en suivant sa victime. J'imagine bien De Palma pouffer en préparant tout ça.
Scarface : la version nase du Hawks mais DePalma tire le tout vers le haut et il a surement fait mieux que ce qu'aurait donné Sidney Lumet (déjà, on n'aurait pas eu
ça). Pas fan de l'interprétation à l'exception de Robert Loggia et de Michelle Pfeiffer qui regarde Tony Montana comme si un étron venait de s'habiller et de se mettre à parler.
Body Double : j'avais jamais remarqué que
Wise Guys était précédé par des films qui s'enfonçait de plus en plus dans le pastiche. Un de mes préférés : tout s'enchaîne à vitesse grand v, on passe par tout un éventail de genres, c'est un plaisir pour les yeux, et contrairement aux thrillers érotiques qui ont succédé, ça sent pas le puritanisme rance alors qu'il y a tout, au départ, pour y donner des munitions.
Wise Guys : jamais vu parce que ça avait l'air nul mais je me trompe peut-être (Épisode III). Mais je pense pas. Joe Piscopo (le partenaire malchanceux d'Eddie Murphy dans le SNL) est très bien dans
Dead Heat de Mark Goldblatt, en revanche.
III. La période "C'est toi et moi contre le monde entier, Brian" :The Untouchables : film chouchou, plus proche de la joie meurtrière du
Scarface de Hawks, à tel point que Morricone place un "Death Theme" dans la B.O. L'apothéose du style de De Palma accolé à une histoire complètement à l'opposé de ses thèmes et motifs habituels : tout est sur 11, les répliques de Mamet claquent autant que les coups de chevrotine, les fusillades sont inventives, les méchants sont odieux, les héros sont vulnérables et vertueux, on est en plein Dick Tracy. Exaltant.
Casualties of War : le sous-genre du film de guerre du Vietnam c'est peut-être un des plus pénibles pour moi, avec cette litanie expiatoire, ce que dénonçait Castorp concernant le boulot de Stone sur
Salvador : on parle plus de l'Amérique et pourquoi c'est la merde maintenant à la maison sur l'air de "n'avons-nous pas perdu notre âme avec les Kennedys ?". Dans mon souvenir,
Casualties of War passe encore bien parce que la misanthropie de DePalma s'accompagne d'une franchise assez brutale sur le traitement du sujet et ne cherche pas à trouver des excuses sur le fait de départ. Mais il faudrait que je le revois et c'est pas franchement le film que tu te passes au réveillon.
The Bonfire of the Vanities : j'avais trouvé ça super à l'époque et j'avais même lu le bouquin. Je pense que le reflet n'est pas assez glorieux et pas tant déformé que ça pour que les Américains puissent aimer se voir dedans. Déjà prendre le gentil Tom Hanks pour jouer un parfait connard, moi j'aime bien, mais je comprends que ça peut faire grincer des dents.
Raising Cain : le montage alternatif élaboré par un fan qui restitue le plan de départ (passer du temps avec Lolita Davidovich avant John Lithgow) est franchement mieux. Comme quoi, des fois faut rester sur sa première idée.
Carlito's Way : j'aime pas trop le diptyque Pacino/De Palma. On sent bien que c'est des films de producteur et que Pacino se fait plaisir en se prenant pour Cagney mais tout le côté dramatique paraît artificiel (l'idylle a du plomb dans l'aile puisque dans celui-ci on troque Michelle Pfeiffer contre Penelope Ann Miller). C'est sympa, et je suis sûrement dur parce que je le materais plus facilement que d'autres, mais bon, je pense que la vision de la mafia par De Palma est plus honnête dans
The Untouchables : réglons le problème en les balançant d'un toit.
Mission: Impossible : super, un des meilleurs blockbusters. Vu plusieurs fois en salle et à chaque fois le public retenait sa respiration pendant le casse de Langley. Ça, c'est du cinéma.
Snake Eyes : c'est vachement bien et ça joue en tandem avec le précédent. C'est même mignon la dernière rencontre sur le pont.
IV. La période "Il faudrait qu'on voit d'autres gens" :Mission To Mars :
Femme Fatale : j'aime bien quand il fait du proto-Lang avec des fins qui ne devraient pas fonctionner "c'était qu'un rêve LOL" mais qui ramène tout vers le conte de fée ou le songe. Le dernier grand film de la filmo.
Black Dahlia : c'est moins nul que ce qu'on en dit, mais c'est une plantade totale au niveau de la distribution : y a pas un acteur qui colle à son personnage, exception faite de Scarlett Johansson, donc toutes les qualités ou les scènes réussies passent à la trappe.
Redacted : pas revu depuis le ciné, parce que rien à foutre.
Passion : un peu comme
Femme Fatale, j'aime bien, c'est son
Beyond a Reasonable Doubt, et j'avoue un petit faible pour Rachel McAdams. Roomi Napace est légèrement moins nulle que d'habitude.
Domino : c'est nul et déprimant, surtout le milieu où les protagonistes restent en bagnole parce qu'il n'y a plus d'argent.
J'ai adoré le doc par contre, juste parce que c'est lui qui parle et on voit quand le film lui a plu ou quand ça l'emmerde et mine de rien, ça reste important à capter avant la mise en bière. Et il y a ce petit moment poignant, où, alors qu'on l'a vu assez guilleret et enfantin sur pas mal de questions, on le voit sortir de chez lui, de dos, et c'est juste un papi qui traîne un peu la patte. Il venait de dire que c'était du sport et que c'était éreintant de faire des films, et ça m'a touché. Ça serait triste qu'il finisse avec cette merde de
Domino alors, je sais pas, monsieur Netflix, balance l'oseille, il pourra pas faire pire que Spike Lee ou Scorsese.
Top
The Untouchables à part.
Body Double
Phantom of the Paradise
Mission: Impossible
Blow Out
Obsession
Snake Eyes
The Bonfire of the Vanities
Carrie
Femme Fatale
Dressed to Kill