C'est une recherche sur le rythme et la sensation avant tout. Après avoir eu l'idée de départ, j'ai sélectionné les plans qui me semblaient les plus habiles à s'associer et se confronter. En l'occurence, des ralentis réalisés au tournage et accentuant le mouvement (chutes des corps, éclats et autres brisages). L'ambition formelle est donc de les agencer de manière à créer un nouvel espace cinématographique, certes emprunté à diverses sources qui avaient déjà cette recherche du mouvement, mais qui, en insistant délibérément sur la succession, permet une approche plus radicale où le contre-champ n'a plus vraiment lieu d'être (à l'inverse des nombreuses scènes de Woo par exemple). Il s'agit en quelque sorte d'une expérience et l'usage appuyé d'un orgue de Bach sur ces images tente une approche quasi-mystique voulue par rapport à la proposition d'un nouvel espace. Le tout se voulant aérien, comme porté en apesanteur (imagerie du souffle du titre de fin), ce qui finit par parachever l'unification des images montées dans un autre cadre, lieu cinématographique.
D'un autre côté, il y a bien sûr la démonstration que l'image a besoin de la violence pour exister, ne serait-ce déjà que par l'absence du contre-champ fondant le réalisme du plan affiché, ce dernier étant solitaire. Ainsi, la succession de scènes que l'on peut qualifier de violence gratuite représente pour moi une approche frontale et primaire du plaisir que l'on prend à assister à de la destruction esthétique : ralentis, musique baroque et tout le tintoin formel expliqué avant qui insère le spectateur dans un unique but, celui de se sentir à l'aise, d'être emporté dans une certaine horreur du monde. Au fond, d'accepter ce qu'hypocritement on refuse indéfiniment, que l'homme n'est qu'une brute sanguinaire et qu'il le sait.
Bien sûr, beaucoup d'effets de montage n'existent qu'en ce qu'ils renforcent purement le rythme (fondus, asm, transitions de mouvements,...) ou le thème que j'ai développé (explosions de fins, répétition sur le flingue,...). Mais les diverses ambitions d'un artiste (j'espère ne pas vous faire hisser les poils en employant ce terme peut-être galvaudé
) passent évidemment par des touches formalistes.
Voilà, bon un peu déçu que ça ne vous touche pas plus que ça, mais toutes les sensations sont dans la nature !