jiko a écrit:
De mon côté, le simple principe de gameplay des jeux vidéos fait le prix et la spécificité artistique du médium. Les différents degrés d'implication du joueur affectivement, les émotions créés à partir de là, des trucs uniques que tu ressens pas ailleurs, ça évacue la question de scénar ou de musique ou de thème abordé.
Dans Shadow Of Collossus, l'épuration du scénar, la simplicité du dispositif qui ramène le jeu à son concept, la manière dont on s'implique dans la bataille contre le géant (on a là un rapport à l'épique complètement singulier, des sensations qu'on ne retrouve pas ailleurs), et puis on le tue et là tout s'arrête, le monstre s'effondre et c'est triste. le décalage frappant entre l'excitation de l'action et l'émotion presque mélancolique de sa conséquence, c'est quelque chose de précieux que seuls les jeux vidéos proposent. C'est largement suffisant pour parler d'art.
Et là c'est qu'un exemple, sur un type de gameplay. Tetris ou Mario ou Half Life jouent tous sur des modes différents, tous passionnants, dans une large spectre entre l'identification et le pur rapport intellectuel et conceptuel au jeu. Les questions de mise en scène et d'interactivité se posent pour les jeux vidéos comme ils ne se posent pas ailleurs, c'est vraiment quelque chose de majeur culturellement et artistiquement (pas mal de trucs sont d'ailleurs réutilisés en art contemporain, souvent moins bien d'ailleurs). Le principe de récit est continuellement réinventé, c'est un genre qui est en plus très inventif de ce point de vue.
Alors bon c'est encore jeune, y'a beaucoup de daubes qui sortent, y'a aussi encore comme une naïveté dans le discours des critiques et des développeurs sur leur propre art (mais de moins en moins, ça bouge beaucoup).
De toute façon se serait ridicule de juger du potentiel artistique d'un genre à l'aune de sa production.
Merci Jiko, ça fait plaisir de te lire.
En fin de compte je pense un peu la même chose: le fait que les jeux vidéos soient récents explique la naïveté du discourt mais aussi la difficulté de placer les jeux vidéos dans telle ou telle catégorie. Le joueur, par exemple, est trop impliqué pour qu'on puisse parler de spectateur.
C'est aussi impressionnant la vitesse avec laquelle les jeux changent: un genre à l'aune de sa production, mais quelle variété et quelle évolution incroyable. T'achète une bécane neuve, les jeux te la rendent obsolète en deux ans. Putain quand je me dis qu'il ya même pas 20 ans d'écart entre le premier Prince of persia (celui en 2d avec le son produit par la carte mère) et le dernier du genre, qui n'est plus si récent déja, c'est assez ouf.
J'ai l'impression que l'évolution est orientée principalement vers le réalisme (j'entends par la rendre le monde virtuel de plus en plus crédible) et l'identification.