Forum de FilmDeCulte

Dans un futur proche, Miami a été submergé par les flots, suite aux effets du changement climatique. Un enquêteur privé, Nick Bannister, est engagé par des clients afin de retrouver leurs précieux souvenirs. Au cours de sa dernière affaire, il tombe éperdument amoureux de sa cliente. A sa disparition, le détective est désemparé et se lance à sa recherche. Il se retrouve alors perdu dans une boucle temporelle et découvre des aspects de sa personnalité qu'il ne connaissait pas auparavant.

De par la présence de plusieurs collaborateurs de Christopher Nolan (son frère à la prod, Jackman dans le rôle principal) et le mélange de SF et de film noir, ce premier long métrage de la co-créatrice (avec Jonathan Nolan, son mari) de Westworld, a été qualifié de sous-Inception mais c'est surtout un sous-Strange Days avec la même dramaturgie (héros obsédé par son ex qu'il mate en boucle dans des souvenirs qu'il peut revivre et qu'il croit devoir sauver, aidé et sermonné par une collègue noire avec des sentiments pour lui), la même enquête (à travers des souvenirs filmés/reconstitués de différentes personnes) mais en moins politique et surtout moins nerveux (l'affaire Rodney King revisitée était le cœur du sujet dans le film de Bigelow et, ajoutée à la paranoïa du passage à l'an 2000, lui donnait un aspect fiévreux).

En soi, le film (lapidé par les critiques et plus gros flop ever pour un film sortant sur autant de copies) n'est pas déplaisant. Il s'en sort mieux que Transcendance de Wally Pfister (pour citer un autre film de SF originale peuplé de collaborateurs de Nolan). Mais sa voix off surannée cosplayant le polar hard boiled, ses rebondissements TOUS prévisibles et son rythme un peu lâche ternissent l'expérience.

Reste un univers intéressant, dans le background autour du concept et dans le monde post-apo/lutte des classes, même si son exposition se fait régulièrement didactique, et une ou deux idées fortes accouchées par ce postulat, tant dans la violence que la romance.

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J'y suis allé car je trouve des qualités à la série Westworld, dont Lisa Joy est coscénariste et coproductrice, et si le film n'est pas absolument honteux, je dirais que j'ai trouvé tout ça très basique, très plat.

On est en effet dans un cinéma para-Nolan - par la femme du frère qui a scénarisé pour Christopher, mais sans la même intensité dans l'écriture et la mise en scène. Il y a des trucs agaçants chez Christopher Nolan mais on peut pas lui enlever un certain art de l'imbrication des scènes dans des thrillers conceptuels.

Ici les tiroirs sentent le renfermé, dans des vieilles soupes et des vieilles grosses ficelles (abus d'images ok), on peut penser à un Inception chiant limite téléfilm, aussi au Strange Days de Bigelow, mais surtout pour l'intrication dans un film d'images mémorielles (et de presciences) au Minority Report de Spielberg, et là ça fait très mal. De toute façon tout ce petit monde doit quelque chose à Philip K. Dick dans le rêve des machines, qu'il soit paranoïaque ou schizophrène.

Je me suis fait bien chier dans cette romance aux caractérisations basiques, dans ces dialogues, voix off et scènes explicatifs pompeux qui bouffent trop de minutes de ce métrage, et lors des révélations et retournements mon encéphalogramme devait être déjà à peu près plat. Il y a une belle scène inventive visuellement mais sans enjeu dramatique ou thématique que j'ai pu voir, et l'action qui précède est tout simplement plate - triste et improbable duel avec un couteau.

Les chansons clés du film sont elles aussi très basiques, rien qui m'ait marqué - même si la musique est composée par le Ramin Djawadi de GOT, Westworld, etc. Lisa Joy invite d'ailleurs en même temps une actrice phare de sa série, Thandiwe Newton, qui est le personnage le mieux écrit.

Ca n'a pas du coûter très cher donc peut être y aura-t-il un autre film de Lisa Joy même si plantage au box office américain, mais pour le moment c'est la déception en terme de réalisation cinéma, en mode petit cocktail de platitudes para-Nolan.

Rien que pour cette scène le film mérite quelques points, elle figure bien la mélancolie du personnage principal qui coule toujours plus profond dans ses souvenirs... si "chiant" ça veut dire sans un scénario totalement alambiqué qu'il faut 15 min pour expliquer aux spectateurs à la fin, avec des rebondissements à répétition à la con, alors je préfère largement ce film (que l'on suit effectivement assez facilement) à ceux de Nolan.

Ce Reminiscence est surexpliqué dès le premier plan hein. Voix off, dialogues, tout est surligné, et c'est son plus gros point faible. T'as très peu de scènes silencieuses, ça cause, ça cause, et pour expliquer ce qui se passe, ce qu'on voit, tout le temps. Et de le répéter. Exposition, exposition, et encore exposition.

Or si tu veux impliquer le spectateur, si possible Show Don't Tell, surtout quand la situation est pas si compliquée à comprendre. Chez Christopher Nolan en effet il y a toujours des scènes explicatives longues mais clairement moins que dans ce Reminiscence, dans Tenet la séquence d'affrontement du Protagoniste à l'endroit puis à l'envers du tourniquet temporel est entièrement muette, ça fait quelque chose, c'est une idée de cinéma. Pense au Vertigo d'Hitchcock pour et mesure l'écart dans l'écriture et la mise en scène.

Ici il y a parfois des gros problèmes d'enchainement entre les séquences, au sens où les motivations des persos sont pour le moins artificielles ou lourdingues, et surexpliquées.

Dans ce thème des machines pour enregistrer et visualiser la mémoire d'un individu, désolé mais ce que montre globalement ce film m'a juste semblé quelconque et plat (alors que Westworld la série remake du film de Michael Crichton est autrement inventive pour montrer les robots le parc d'attraction les serveurs qui contiennent leur mémoire etc).

A mon sens la voix-off de ce film n'est pas une voix-off explicative, elle vise à nous mettre dans la peau (ou plutôt l'état d'esprit) du personnage, elle n'est pas là pour nous expliquer les ressorts tordus du scénario. A partir du moment où on comprend le fonctionnement de la machine qui permet de revoir ses souvenirs (dès le début, et il me semble sans une surcharge d'explications), ensuite le scénario se développe sans que le truc soit réexpliqué ou que l'on s'enfonce dans des circonvolutions dont il faudra parachuter le pourquoi et le comment par la suite dans des dialogues interminables. Précisément, dans ce film, les révélations sont visuelles et non parlées puisqu'il s'agit de retrouver à travers des images du passé ce qu'il s'est passé, encore une fois il ne s'agit pas de nous expliquer les détails de l'intrigue de façon dialoguée à la fin après nous avoir fait poireauter et tourner en rond pendant 2h. Que le film ait de gros problèmes par ailleurs, notamment d'enchaînement des séquences, je ne le nie pas en revanche.