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MessagePosté: 13 Fév 2020, 19:31 
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Aurora a élevé seule sa fille Emma, excluant tout homme de sa vie. Pourtant, Emma quitte à la première occasion cette mère abusive. Seule, Aurora rencontre alors Garret, qui est un ancien cosmonaute désormais alcoolique... Des liens entre ces deux personnes prennent forme.

Où j'apprends que pour son premier film James L. Brooks avait fait une petite razzia aux Oscars 1984 en récoltant notamment les statuettes du meilleur film et de la meilleure réalisation. Et en survolant rapidement les critiques françaises de l'époque (toutes chapelles confondues, des Cahiers à Positif la réception fut identique) il est assez cocasse de voir comment le film avait était traité comme de la merde, quand Comment savoir se retrouve dans bon nombre de top de la décennie 2010 sans qu'il soit objectivement supérieur à son premier (je pense même plutôt l'inverse). Ce qui semble avoir été la cause de la réception critique française plus que tiède pour Tendres Passions, c'est le passé télévisuel de Brooks, influence qui s'y retrouve distinctement. Image baveuse, intrigue familial au long court, ellipses récurrentes qui confortent l'aspect feuilletonesque, on est parfois pas loin d'un Dallas ou d'un Dynastie, la choucroute de Shirley MacLaine achevant sa ressemblance avec la doyenne de la famille Ewing (pour couronner le tout l'action se passe à Houston). Il s'en distingue pourtant clairement, en particulier par une finesse d'écriture que ces soap opera n'atteignent jamais.

Ce que l'on ressent également rapidement c'est la tendresse que Brooks porte à ses personnages, qu'il ne charge jamais (le film commence sur MacLaine jeune mère qui secoue son bébé en train de dormir pour s'assurer qu'il n'est pas mort, comme un symbole de l'atmosphère étouffante dans laquelle Debra Winger aura grandit, pour autant Aurora/MacLaine ne sera jamais réduite à un simple rôle de mère castratrice), qu'il prend le temps de nous exposer sur un temps long, sans filtre et surtout sans les juger. Il se permet ainsi de nous révéler progressivement leur profonde connexion, entre Aurora et Emma/Winger bien sûr (un moment saillant en particulier lors de leur première relation extra-conjugale simultanée, usant d'un intelligent montage alterné), le couple Emma/Flap également (j'aime beaucoup la manière dont toute la lourdeur qu'aurait pu engendrer leur adultère est totalement évacuée pour ne garder que ce qui cimente profondément leur couple), ou celui naissant d'Aurora avec son ex-astronaute de voisin (relation qui préfigure celle de Nicholson et Helen Hunt dans Pour le pire et pour le meilleur). Mêmes les seconds rôles sont finement captés, aussi courtes soient leurs apparitions à l'écran, que ce soit de Vito en amoureux transit ou John Lithgow en improbable amant, jusqu'aux enfants d'Emma et Flap.
dans cette scène particulièrement touchante où Emma leur donne ses dernières recommandations avant de mourir et dédouane par avance l'ainé des remords qu'il pourra ressentir plus tard de ne pas avoir suffisamment exprimé son amour à sa mère, scène sur le fil où Brooks ne sombre jamais dans le mélodramatique, l'une des preuves les plus évidentes de sa justesse d'écriture

Dialogue millimétré où tout ce qui est ou non prononcé compte, acuité de son regard qui évacue les moments creux pour ne conserver que les faits saillants d'une vie, malgré une réalisation (en fait surtout la photo) qui peut sembler parfois terne Brooks arrive à concentrer en un peu plus de deux heures toute l'existence d'Emma, les événements plus ou moins heureux qui suffisent à résumer sa vie. Pour en revenir à son accueil lors de sortie, je me dis que l'absence d'enjeu sociétal majeur (elle fait sciemment le choix d'une vie de femme au foyer par exemple, ce qui ne permet pas de discours féministe) a pu également jouer en sa défaveur, mais c'était alors oublier le versant profondément humaniste du film et la beauté de sa figure principale, souffle de vie très joliment interprété par Debra Winger.

4.5/6


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MessagePosté: 22 Nov 2021, 23:26 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Lohmann a tout dit.

Je ne m'attendais pas à ce que le film soit à ce point une fresque. Il y a une vraie amplitude narrative qui contraste avec la précision de l'écriture - précision qui ne se fait pas au prix de la liberté, le film restant constamment zigzagant dans son ton, souvent d'une réplique à l'autre. L'humour s'y conjugue avec une certaine cruauté qui jure justement avec cette musique doucereuse, et cette photo comme tu dis baveuse (de Andrzej Bartkowiak !). Et pourtant ça reste toujours sincère et jamais méchant avec les personnages.

Dans le dernier acte, le mélo surgit soudain. J'ai trouvé ce chapitre étonnant même si
la décrépitude physique d'Emma est trop peu marquée et le choix du choc scénaristique un peu trop assumé,
ce qui rend ce virage pas aussi convaincant qu'on aurait pu l'espérer. La scène
des adieux aux enfants
est par contre hyper forte tant elle navigue avec une adresse bluffante entre l'acerbe et le tire-larmes. Dur dur.

Marrant de voir la filiation du film jusqu'à aujourd'hui. On pense à Apatow forcément, mais on voit surtout un fil tirés par deux autres cinéastes dans des portraits de parents dysfonctionnels: Baumbach qui refait jouer à Jeff Daniels le prof de fac infidèle et mauvais père dans THE SQUID AND THE WHALE, et Miranda July qui convoque Debra Winger en mère de Old Dolio dans KAJILLIONAIRE. Les films ne sont pas identiques mais difficile de se dire que ces choix ne sont pas conscients.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
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