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Au cœur d’une famille rom en pleine désintégration, émerge la figure de Totonel, 10 ans, dit Toto. Avec passion il apprend à lire, écrire et danser. Surtout danser et gagner le grand concours de Hip Hop. Au milieu du chaos ambiant, ses deux sœurs essayent de maintenir le mince équilibre de la famille. Le récit cinématographique d’Alexander Nanau enregistre sans pose, à hauteur d’Homme, la vie de Toto et de cette famille qui manque de tout, sauf d’humour et d’amour.

J'avais listé dans un coin ce film dans ceux que je devais voir, mais je ne savais même plus de quoi il traitait précisément. Une fois que la projection a débuté, je n'ai pas eu à attendre longtemps pour être immergé dans le milieu que ce film décrit, l'un des pires qui soit. Dur dans des situations aussi extrêmes de ne pas juger ou s'apitoyer sur le sort des personnes qui traversent ce film, et pourtant c'est le tour de force que réussit Nanau dans ce film. Le film est d'une parfaite justesse, s'attachant à retranscrire le quotidien et l'évolution de Toto et de ses sœurs au cours des 14 mois de tournages, avec un matériau brut (renforcé par les images enregistrées par les protagonistes eux-mêmes) assez incroyable. On se demande même parfois si on est pas en fasse d'une fiction et non d'un documentaire, parce qu'on se demande comment le réalisateur a pu être autorisé à filmer certaines scènes, et parce que l'évolution des deux principaux protagonistes est telle que l'on se demande si ce n'est pas romancé. Au final un film assez unique, des moments d'une grande beauté au sein d'un univers glauquissime, deux personnages (Toto et Andreea) qui nous marque profondément.

Peu de personnes qui semblent avoir vu ce film vu le peu de notes, je vous encourage tous à aller le voir au plus vite (avant qu'il ne disparaisse de l'affiche), gros coup de cœur de ce début d'année pour ce film qui devrait probablement se retrouver dans mon top 10 en fin d'année.

Pour faire plaisir à Lohmann :

Documentaire très fort et terrible qui décrit le quotidien d'un enfant de 9 ans au cœur d'une cité pourrie de Bucarest, au cœur d'un appartement d'une vétusté de squat, au cœur d'une situation familiale apocalyptique (pas de père, mère en prison, soeur toxico qui se shoote avec ses potes dans le "salon" de l'appartement). Ce qui est beau c'est voir l'enfance se confronter à tout ça. L'enfant ne sait pas ce que veut dire la pauvreté, l'enfant ne comprend pas ce qu'est la toxicomanie, l'enfant ne voit pas son quotidien comme un tableau proprement infernal. Il joue avec ses copains, s'amuse de tout et de rien (une des scènes les plus fortes du film le montre attraper une aiguille et jouer avec - les adultes le voyant faire et ne faisant rien pour l'arrêter) et se découvre une passion (la danse hip-hop).

Pas un grand documentaire, je trouve que formellement, au niveau du montage, au niveau du point de vue ce n'est pas extraordinaire, ça manque peut-être un peu de respiration. Je ne suis pas non plus très client des passages où le réalisateur a donné une caméra à Toto et sa soeur (l'autre pas la toxico) même si ça donne des beaux moments de tendresse. Mais c'est extrêmement fort dans ce que ça décrit. Dans cette plongée au fin fond du désespoir humain où on a presque l'impression qu'il est impossible de sortir.

Tout cela culmine dans une dernière scène d'horreur familiale comme on en a rarement vu. Les retrouvailles avec la mère qui sort de prison et qui immédiatement apparaît comme un poids qui va plonger Toto vers le fond. C'est absolument terrible ce qui se dit, ce qui se joue. Finalement on essaie de retenir l'essentiel, le pétillement dans le regard de Toto, le bonheur de participer à un concours de hip-hop, de jouer dans la neige, d'être un enfant en somme. Petite lumière dans cet océan de noirceur il porte à lui seul tout l'espoir potentiel d'un univers condamné.

4.5/6

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Alléluia!


On est d'accord, Nanau n'est ni Depardon ni Wiseman. J'ai cru comprendre que le projet initial n'était pas de lui mais qu'on lui a "offert", et que par ailleurs il n'a aucun projet cinématographique dans un proche avenir. La force du film ne réside pas dans ses qualités de metteur en scène, mais dans la nature du matériau brut qu'il donne à voir. En cela je trouve totalement justifié qu'il insère des séquences filmées par Andrea (celles filmées par Toto n'ont pas été retenues).


Je ne suis pas sûr de bien saisir ton argument. Qu'entends-tu par point de vue?
Ce que j'apprécie c'est que Nanau n'impose aucun point de vue, ce qui reste le meilleur positionnement à mon avis pour un tel sujet. Tout réalisateur qui aurait chercher à avoir un point de vue précis aurait penché soit vers le pathos, soit vers la morale, ce que je n'aurais guère apprécié. La caméra est juste posée tel un invité supplémentaire dans l'appartement. Libre au spectateur de ressentir et d'analyser comme il le souhaite.


Tu rejoins en cela certaines des (bonnes) critiques que j'ai pu lire ça et là. Mais personnellement ce n'est pas ce qui me touche le plus. Soit Toto est une vraie bouffée de fraîcheur dans ce film, mais ce que je trouve vraiment admirable (et qui est pour moi le personnage le plus important du film) c'est bien Andrea. Elle est en âge de faire (ou non) des choix dans sa vie, rien ne joue en sa faveur mais elle est vraiment déterminée à s'en sortir, même lorsque c'est douloureux (voir probablement humiliant, comme dans l'acceptation de son illettrisme). N'oublions pas qu'il s'agit de roms, communauté ostracisée s'il en est. J'imagine qu'il est difficile pour un tel film d'avoir une audience étendue, mais j'apprécierai qu'il soit montré au plus grand nombre, de manière à démontrer qu'il n'y a pas d'atavisme, que même une rom dans une situation familiale inextricable peut très bien faire le choix de s'en sortir malgré tout. Combien de fois a-t-on pu entendre que des personnes issues de telle ou telle communauté ne pouvaient de toutes façons pas s'en sortir, parce que dans ces communautés ils sont "comme ça".

J'ai pas vu le film, j'ai envie mais à chaque foi que j'ai voulu ça n'allait pas (malade ou simplement pas envie de sortir sous la pluie (oui j'ai une volonté immense)), par contre oui je peux confirmer que le film est l'initiative d'une association bucarestoise qui voulait filmer une communauté ROM.

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Oui mais justement cela donne ce côté un peu "reportage" au film, ce qui n'est pas nécessairement un défaut mais qui l'empêche d'atteindre autre chose que la pure description de son environnement. Dans le manque de point de vue, je veux dire le manque de "mise-en-scène" en fait, par le montage surtout. Mais je ne savais pas du tout pour cette histoire de commande, du coup ceci explique sans doute cela.



Oui c'est aussi un très beau personnage en effet et elle porte l'espoir à elle seule. En effet on se demande comment ne pas "craquer" et sombrer au même titre que tous ce qui l'entoure. Il faut une sacrée force de caractère pour parvenir à s'extraire de ce marasme.

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