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MessagePosté: 12 Oct 2014, 00:21 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Depuis l’enfance, j’ai eu la chance de traverser deux mini dépressions de bonheur et j’attends, tout à fait serein, la troisième. Pour tenir tête au temps, j’ai une parade qui est de fouiller dans mon stock d’émotions et d’images anciennes. Non pour retrouver ce qui ne reviendra pas mais pour deviner dans l’hiver les signes du printemps.


Mis à part le funèbre jeu d'ellipses des premières images de l'ouverture, le film commence sur un petit rythme Cavalier désormais connu : émerveillement mignon et forcé devant les recoins anodins du monde, chuchotement automatique des impressions présentes, enchaînement sur le mode un peu stérile du patchwork...

Très vite, pourtant, Cavalier surprend - ou me surprend, en tout cas, moi qui connaît mal son cinéma, et qui ait en tête l'image du Filmeur comme meilleur résumé / matrice de sa filmo. Au contraire d'un Pater qui présentait un dispositif fort dont il peinait à extraire une expérience concluante, Le Paradis est une expérience étrange dont c'est le projet qui est obscur, mystérieux, difficilement définissable, ne nous offrant pour seules balises que l'ultra célébrité des deux textes dont il part : l'Odyssée et la Bible. Ce patrimoine commun, c'est aussi une certaine intimité que nous partageons (une iconicité fondatrice, des mythes utérins communs), et qui permet d'aller fouiller dans le secret des sensations d'enfance sans jamais (ou très rarement) y faire explicitement référence.

La figuration, et par là-même l'interprétation de ces légendes toutes mêlées en une, créent une étrange mythologie globale et cohérente. On est pas très loin du Dieu sait quoi de Pollet, ou des passages bibliques d'Adieu de Des Pallières : en en passant par l'incarnation la plus modeste, par le soustractif, Cavalier suggère et fait d'autant mieux résonner l'univers entier (c'est absolument saisissant sur le passage du diable, entre autres). Ça ne vire jamais à la blague, à l'illustration consciente et amusée de son décalage comme fin en soi (une fois seulement, en fait : lors de la chanson de jazz, passage hautement dispensable saccageant malheureusement un peu le final).

En fait, le film se rate pour moi surtout dans ce contre quoi ce petit cosmos est censé se construire : la peur de la mort et de la disparition, à travers l'histoire trop empathique et artificielle du petit tombeau, qui peine ici à être un contrechamp assez frappant. On peut se consoler en se disant que ça rend le film d'autant plus lumineux, vivant, notamment par ces quelques présences humaines inexpliquées, mystérieuses, sensuelles aussi. Mais j'ai tout de même le sentiment lancinant d'un manque de cruauté et de gravité, d'une angoisse de mort trop théorique, pour que le projet soit entièrement efficient.

Le film reste globalement enthousiasmant (et au milieu d'un mois de films de 2h30, celui-ci a le bon goût de ne durer qu'1h10). Je le laisse maturer un peu pour voir... Mais c'est d'ores-et-déjà, et de très loin, mon Cavalier préféré (dont je n'ai certes pas vu grand chose).


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MessagePosté: 12 Oct 2014, 13:05 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 27828
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Je n'ai quasiment rien à dire sur ce film tant ça m'a globalement désintéressé.
J'aime bien la façon de faire du cinéma de Cavalier, ce petit théâtre qu'il organise avec trois fois rien, ces petits jouets qu'il dispose dans des décors abstraits. Ça donne parfois lieu à des images sidérantes de beauté pourtant filmées avec un caméscope lambda. J'aime aussi beaucoup la petite voix de Cavalier qui raconte des histoires comme un père raconterait des histoires à son enfant avant de le laisser s'endormir.
Mais au delà de ça, je n'ai pas compris son projet, je n'ai pas vu la cohérence d'ensemble entre récit religieux, lecture de roman et petits récits personnels filmés en gros plan. Tout cela me semble trop hétéroclite, peine à faire corps. Alors le film fonctionne sur moi comme un zapping incessant où mon attention dérive un peu d'une scène à l'autre sans que jamais je ne sois vraiment impliqué. C'est dommage parce qu'encore une fois il y a quelque chose d'assez beau dans la démarche minimaliste (j'aime beaucoup le dernier plan où la figure spectrale de Cavalier apparaît enfin).
Parmi ses derniers films j'avais préféré Le Filmeur je crois mais j'ai préféré celui là à Pater et sa démonstration lourdingue.
Mais mon Cavalier préféré reste l'excellent Plein de Super.

3/6

_________________
CroqAnimement votre


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MessagePosté: 21 Oct 2014, 21:48 
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Inscription: 07 Oct 2005, 10:23
Messages: 8088
Quelques moments surtout réussis plastiquement en fait, mais j'ai été assez allergiques à la lecture des textes globalement, au défilé de jeunes à l'écran aussi... j'avais un meilleur souvenir du Filmeur.
On pourrait s'amuser à mettre en perspective le début à celui du Kawase :)


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