Forum de FilmDeCulte

En effet, c'est vachement bien, et en rupture avec la routine du cinéma français. Cela fait penser, toute proportions gardées, à ce que Manchette disait de 2001 de Kubrick : une forme de fadeur consciente d'elle-même qui devient le comble de l'efficacité et de la transparence. Une structure hyper construite dont la valeur a été définie avant le contenu qui, ensuite, permet paradoxalement aux personnages de s'abandonner de façon automatique au récit , où il n'y a plus d'affect ni de reconnaissance (au sens que le mot peut avoir dans la Poétique comme chez Hegel), tant les intérêts des personnages sont transparents, sont en fait leur nom (la sœur qui n'est pas surprise de le voir débarquer après 4 ans, elle même espionnée deux fois, par son frère et les supérieurs de celui-ci). Le film opère une dépolitisation complète d'un sujet hyper-politique, mais cela sert son propos : les espions procèdent finalement de même, en se représentant le réel comme un récit et recherchant une neutralité utopique , qu'ils doivent simuler et produire finalement.

Très beaux personnages de Richard Masur et Nancy Allen. Yvan Attal est solide.
Petit bémol avec la fin qui fait pièce rapportée rapportée en (faux) happy-end alors que la séquence précédente chez Christine Pascal (dont c'est un des derniers films ) était parfaite et bien plus proche de l'univers mélancolique et lucide de John le Carré.

La vision d'un Monde sans Pitié a été une purge, mais j'ai vu d'une traite les 2h30 de ce film.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

J'aime beaucoup le moment où on voit qu'Attal compare intérieurement l'attitude du personnage Nancy Allen (qui jusqu'ici n’existait pas pour lui) à celle de Kiberlain, qui revient comme un fantôme dans le bar (la plus forte des deux n'est pas celle qui en a l'air), et réalise qu'il les abandonne de la même manière
C'est le seul lien entre les deux parties, mais il est néanmoins fort... cela rend la dernière séquence d'autant plus déplacée.

Il y une scène troublante que je n'ai pas comprise sur le coup

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

(Les scènes coupées sur le DVD sont très intéressantes., très centrées sur l'acteur, très bien mises en scène et jouant sur la durée, mais à cause de cela difficile à intégrer dans le film qui a une forme plus lisse mais plus de continuité, Belle idée d'avoir fait exister le personnage enfant (dans une atmosphère qui évoque un peu Pialat) puis de l'avoir finalement effacé, même s'il en reste quelque-chose : son oncle, rapidement mentionné dans le film, quand Pelman parle à Attal de Yad Vashem, créant un lien entre cet oncle et Pelman.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Quelqu'un l'a sous la main ce fameux making-of?

J'avoue halluciner un peu devant les critiques dithyrambiques lues plus haut et le statut quasi-légendaire du film.
Ok, c'est effectivement un polar solide, réaliste et ambitieux qui ménage ses effets mais son mérite est surtout qu'on n'aurait pas eu honte de le montrer à des américains en 94, ça semble vraiment petit aujourd'hui.

Il faut vraiment que je rattrappe le Bureau des Légendes un jour parce que le format série semble tellement mieux convenir à ce que Rochant voulait raconter.

Découvert sur le tard (après le bureau des légendes) et même si bien aimé, j'avais été déçu du fait de sa réputation et par le fait que je trouve les premières saisons du bureau des légendes mieux.

les louanges sont très louangeuses.

et par rapport à la première vague de messages, il y a évidemment le bureau des légendes. parce que je savais qu'il y avait une parenté, mais là c'est plus que ça, c'est concrètement la même chose. il y a des scènes c'est du tel quel.

même la structure inhabituelle et qui peut heurter ressemble aujourd'hui à... 3 épisodes à la suite. la premier épisode formation, le deuxième à paris (55 minutes tapantes...), le troisième avec l'espion américain... ce sont concrètement des storylines de la série.
c'est aussi vrai pour ce rythme particulier et si fort, pour cette manière de ne pas avoir de surmoi américain dans un genre très codifié par les us, ce smash total de casting, et jusqu'à attal qui a quasiment le même âge que kassovitz - kasso aurait pu jouer dans le film et attal dans la série, concrètement (ça aurait été moins bien, mais dans l'idée quoi). et bien sûr, les thèmes très similaires, avec ce petit plus du film sur israel, dont les interrogations sur l'exigence de moralité résonnent particulièrement avec l'actualité - et la conclusion ferme des personnages que la seule exigence d'israel c'est son la défense de sol, de sa sécurité, de ses intérets et de la vie des juifs qui ne sera jamais plus menacée par personne, point final.

le film était peut être trop en avance sur son temps pour la cinéphilie de l'époque, où simplement cette idée n'était pas incarnée sous la forme idoine pour trouver son public (parce que le succès du bureau est quand même extraordinaire, c'est perpétuellement dans le top 10 de mycanal alors que c'est fini depuis 4 ans...).

alors j'ai trouvé le film aussi génial que la série, c'est à dire très très.
mais j'étais particulièrement impressionné par la mise en scène, vraiment splendide, et par cette écriture qui prend son temps autant dans le récit global que dans les scènes - c'était vraiment une époque où les scénarios n'étaient pas écrits selon les normes américaines d'efficacité et où les chaines n'exigeaient pas encore des téléfilms d'1h30, et ça se voit et ça fait triste.

mais c'est aussi génial en relisant vos commentaires navrés sur la tragique carrière d'eric de savoir que ce bijou méconnu et qui avait si sévèrement floppé a finalement donné naissance à cette série culte, qui a fait sa fortune et fera sa postérité, et dont le succès a quand même dû lui réparer l'âme.

Je te conseille de mater le doc du DVD (réalisé par Guillaume Brac je crois).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

ah bah ^^

Revu Les patriotes il y a pas longtemps et autant je trouve la première partie géniale (celle avec Stèvenin) autant je trouve la seconde un peu moins forte. Mais ça reste un excellent film assez détonnant dans la paysage ciné français.

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CroqAnimement votre

La première partie c'est "Yes, de l'espionnage en France!". La deuxième c'est "Mouais, un film d'espionnage américain lambda."

C'est un peu ça en effet, bien plus classique et je crois pas trop à la love story.

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CroqAnimement votre

la deuxième partie a été un peu piratée par le fait que je me demandais s'il finirait par y avoir un lien ou pas du tout.
mais j'aime justement le fait que ce soit concrètement de la haute trahison, une intrigue d'espionnage plus classique, mais montrée de manière assez médiocre, plate, avec des gens un peu minables dans des bureaux sordides, la vraie vie quoi.
et l'absence d'états d'âme et de morale d'un pays qui protège ses intérets est super intéressante, et pas dans des bombardements ou quoi, dans une relation interpersonnelle.
et c'est vraiment une storyline inédite d'une saison du bureau des légendes, quoi.