Topic pour tous ses films de moins d'une heure (les 3/4 de sa filmo, quoi...), parce que sinon à un topic par film on va pas s'en sortir.
Paris à l'aube (1960 - 10')
Une série de vues sur Paris au matin, entre les eaux, les vapeurs, et le soleil. Rien de bien transcendant, surtout du côté du jazz de Derry Hall posé à même le film façon improvisation, geste qui transforme l'ensemble en fond d'écran théorique devant lequel on a du mal à ressentir quoique ce soit.
L'enfant aveugle (1964 - 24')
Le film commence de l'intérieur, dans le noir, pendant que de jeunes aveugles expliquent calmement leur rapport au monde. A l'image, par flashs, le vacarme visuel se fait parasitant (courses, foules) ; le vide d'image, une bulle plus protectrice ; la voix et le dialogue, une sorte de bouée évidente. Il faut toute cette longue introduction pour prévenir un doc un peu déprimé, pour bien imprimer que sous ces visages à l'ouest plein de tics se déroule le courant d'une pensée toute à fait normale : Keuken dépeint pour le coup très en silence l'inadéquation fatale de ces enfants au monde qui les entoure. Il les suit par petites scènes hétéroclites, choppant les plans à la volée : ce côté fragmentaire et éparpillé, déjà propre à son style, épouse on ne peut mieux le contact tâtonnant qu'ont ces enfants avec le monde qui les entoure. Ça marche assez bien, bien que traînant en longueur sur la fin, mais à part quelques rares scènes (la ballade en forêt, notamment), on retrouve peu la puissance vive et lyrique que j'apprécie chez le cinéaste.
Herman Slobbe - L'enfant aveugle 2 (1966 - 29')
"Quand j'étais jeune, on a cru que j'étais débile mental". Le film commence cash et violent, reprenant la suite d'un des enfants filmé deux ans auparavant, dans un style cependant complètement différent. On comprend tout de suite pourquoi Keuken le suit lui : le gosse est complètement électrique, survolté, dans une sorte d'hyperactivité qu'on peine à suivre. Le film lui laisse tout faire, utilise les sons qu'ils bruite, le cadre suit ses mains, le montage rentre à fond dans son jeu : Keuken fait en sorte que ça devienne "son" film, comme un truc qu'il aurait créé lui-même, démarche hyper casse-gueule ici remportée haut la main. C'est un beau portrait de l'adolescence en chemin, dense et riche (c'était d'ailleurs un des films du concours de la Fémis y a quelques années - je me demande comment on a réussi à sortir 6 pages sur un extrait de ça, tellement c'est difficile à démêler...), et à part cette manie inélégante de théoriser son film en cours (une broutille, à la fin), j'ai rien à en redire. La scène de la grande roue, sorte de climax euphorique, est absolument superbe, une des meilleures choses que j'ai vu de lui jusqu'ici.
Le chat (1968 - 5')
A l'époque où Youtube n'existait pas, c'est les cinéastes internationaux qui faisaient donc des films sur leur chat... Visuellement c'est sublime, petit trip psychédélique qui fait le grand écart entre l'animal qui fait sa toilette et les images de galaxie ; le tout bien gâché par une voix-off forcée qui récite un discours pesant sur l'art. Variations sur les codes du film policier, me dit la jaquette du DVD - ah... Cela dit, le premier plan de l'oeil en contre-champ du meurtre claque bien.