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MessagePosté: 12 Juil 2010, 16:49 
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Successful superfucker
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Pierre est marié avec Florence. Tout va bien dans son couple et son travail. Directeur dans l'usine de son beau-père il passe ses journées à signer des chèques et ses soirées à regarder la télé ou chez ses beaux-parents.
Les années passent, monotones, et quand arrive une nouvelle et jeune secrétaire, il en tombe amoureux, et se met a rêver...


Tout le paradoxe zadien qui nous a avé de fils sur l'affaire Pierre Etaix pendant des années et qui ne va même pas voir les films maintenant qu'ils sortent en salles restaurés... Plus qu'un cousin méconnu de Tati, les films d'Etaix, clown de formation, ressemblent à du Chaplin light, très énergiques et physiques dans le jeu. Perpétuant une sorte d'humour d'antan jamais vulgaire et avec un brin de classe (notamment dans une scène qui joue sur l'homosexualité sans jamais tomber dans un écueil cage aux folles, ou une autre de téléphone arabe où les commères du voisinage déforment un non-évènement d'une salutation de demoiselle dans un parc jusqu' un lupanar dans le buisson), ce premier essai dans la filmo d'Etaix ne restera pas au panthéon des films désopilants, mais séduit tout du long par une sorte de confiance dans l'intelligence du spectateur pour ne pas appuyer trop sur des ressorts balisés... Ca donne envie de repiocher dans sa filmo en tout cas.
4/6


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MessagePosté: 12 Juil 2010, 16:58 
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Ah, j'avais oublié qu'ils étaient ressortis. Faut vraiment que j'aille les voir.


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MessagePosté: 17 Déc 2011, 08:46 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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L'impression qu'il y aura dans ma vie de cinéphile un avant et un après Pierre Etaix. Si le film est un peu longuet (1h20 pourtant), je trouve la première heure absolument magique. J'ai bien hâte de découvrir ses autres films (et plus encore celui sur les événements de 68, Pays de Cocagne). A noter qu'il a joué dans le film de Jerry Lewis sur les camps de concentration, film qui sera, peut-être un jour, terminé et soumis au public.
5/6

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
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MessagePosté: 04 Nov 2019, 00:31 
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Curieux de voir dans un intervalle de temps assez court Les Favoris de La Lune de Iosselani et ce film, qui s'inscrivent dans un même héritage burlesque. Voyez ces surfaces brillantes dans des plans où rien n'est laissé au hasard, ces intérieurs qui respirent la bourgeoisie cossue et dont l'assemblage d'éléments semblent le fruit de longues années à consommer et à organiser son intérieur. Comme dit pour le Iosselani, Anderson est l'héritier de cette veine, mais combien plus léger est le Grand Amour, qui est presque le pendant comique et burlesque du bonheur d'Agnès Varda. Comme inspiré par la bande dessiné, la mise en scène est virtuose et fourmille d'idées, pour dessiner la multiplicité des possibles, une espèce de fatalité du monde d'antan qui n'a plus tout à fait cours de la même manière mais persiste bel et bien, ainsi que l'atmosphère d'une petite ville de province en l'occurrence tour, qui m'a remis en mémoire ce reportage dans les archives de l'ina sur la propagation d'une rumeur antisémite à travers Orléans.
Le film ne ressemble à aucun autre même s'il est cosigné par Jean-Claude Carrière, qui a été l'un des meilleurs scénaristes français. La scène de rêve sur où le lit se transforme en voiture est tout à fait délicieuse. Les transitions entre les séquences le sont tout autant. Le film n'est pas aussi boulevard qu'on pourrait le croire et se compare assez mal à du Feydeau.
Qu'est-ce qui a signé l'arrêt de mort des vélo solex sinon ? Le choc pétrolier ou l'avènement du scooter ?


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MessagePosté: 04 Nov 2019, 10:53 
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bmntmp a écrit:
une petite ville de province en l'occurrence tour,


Ca va pas être possible.

Sinon je l'ai revu récemment (j'avais dû le voir à l'adolescence sur Arte...), et j'oscille entre le charme et l'originalité qui se dégagent du film, et un certain ennui.
Le charme provient de la captation d'une époque révolue (le film a été tourné à l'été 68, et il est presque immédiatement projeté dans le passé avant même sa sortie de par les évènements de mai), on est presque dans un Tintin tellement sont exacerbés les caractéristiques vestimentaires par exemple, et dans l'ambition de se faire dérouler le propos presque exclusivement par le visuel.
Comme le mentionne bmntmp, la scène des lits est délicieuse, il s'en dégage une poésie onirique toute douce, mais on a finalement la curieuse impression que le film n'a pas grand chose de plus à proposer.

Je ne m'en rappelais que la fin
le "Je ne vous aime plus", génial

qui fait plus penser à du Keaton qu'à du Chaplin, et j'aurais souhaité que le film se termine là-dessus, avec un Etaix parfait avec son visage de clown blanc plutôt que sur la scène plus burlesque et convenue
de la dispute de couple sur le parvis de la gare


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MessagePosté: 04 Nov 2019, 12:07 
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Tu m'excuseras, l'écriture sur portable n'est pas si aisée parfois.
L'intérêt du film est d'abord formel, et s'il joue son rôle de time-capsule si bien, il faut aussi se demander pourquoi. Parce qu'il a lieu en province ? Sous ses airs désuets, il n'est pas difficile de voir résonner encore quelques aspects de ce drame amoureux.


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MessagePosté: 04 Nov 2019, 12:17 
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bmntmp a écrit:
Tu m'excuseras, l'écriture sur portable n'est pas si aisée parfois.


Hé ho, je taquine.

bmntmp a écrit:
L'intérêt du film est d'abord formel, et s'il joue son rôle de time-capsule si bien, il faut aussi se demander pourquoi. Parce qu'il a lieu en province ?


Ayant grandi à Tours mon regard est peu biaisé, je joue forcément au jeu des différences entre époques, mais oui ca n'y est sans doute pas étranger. On capte un environnement familier et en même temps inconnu de ville française.


bmntmp a écrit:
Sous ses airs désuets, il n'est pas difficile de voir résonner encore quelques aspects de ce drame amoureux.


Euh.. oui ? Et donc ?


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MessagePosté: 04 Nov 2019, 12:45 
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Le film me semble plus grave qu'il n'en a l'air.


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MessagePosté: 04 Nov 2019, 13:14 
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bmntmp a écrit:
Le film me semble plus grave qu'il n'en a l'air.


Il présente une vision assez pessimiste du couple. Est ce que c'est un regard sur le conformisme de la société et du mariage, ou sur la durabilité de l'amour, je ne saurais dire, il faudrait que je vois les autres Etaix (j'ai les DVD ça tombe bien).

La gravité que tu évoques est d'ailleurs raccord avec son rôle de clown blanc.


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MessagePosté: 04 Nov 2019, 17:26 
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Sinon le Pays de Cocagne cela n'a rien à voir. Pas vraiment un film sur mai 68 non plus.
C'est un documentaire sur les vacances massifiées et les médias estivaux ( jeux et radio-crochets à la con) qui lui font comprendre de manière desperée que mai 68 est une défaite, ou en tout cas n'est pas une révolution achevée ( mais l'écart entre la question sociale et la culture n'est pas vraiment pensé par le film non plus, ce qui renforce ce désespoir). Film assez debordien en fait, en tout cas plus que Week End (même s'il ne remarque pas l'identité de classe des gens qu'il critique là où Debord serait plus nuancé, comme Perec dans les Choses d'ailleurs).
C'est très bon. Malheureusement lui-même récupéré par la forme du reportage à la Striptease, où la subjectivité et la position du réalisateur est complètement dissimulée (ce qui renforce la condescendance envers la personne filmée).

Le film de Rufin sur les Gilets Jaunes lui ressemble un peu (même si Pierre Etaix est moins dans la mise en scène de lui-même comme personne en face d'un mouvement. c'est plutôt la mise en scène de son propre regard. Rufin ne croit pas du tout au groupe révolutionnaire en fusion et est plutôt dans le " Chacun ses raisons" renoirien là où Etaix deplore une mort brutale d'une rationalité partagée, réelle et centrale mais désinvestie : il faut faire coïncider la liberté dont on jouit et celle à laquelle on croit, c'est une conséquence de cette fonction centrale, que mai 68 n'a pas réussi à instaurer - mais a quand-même formulé).

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 07 Déc 2020, 14:00 
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Une tranche de cinéma vérité sur les vacances des français après les années 68 - j'ai pensé à Enquête sur la sexualité de Pasolini vu récemment, le problème du film d'Etaix, c'est qu'on veut nous le faire passer pour le fruit d'un énorme labeur (40 milles kilomètres de pellicule, six mois de montage) qui accouche en fait d'un objet bordélique, paresseux et un peu superficiel. L'article de dvdclassik qui lui est consacré, qui dit peu ou prou la même chose que Gontrand juste au-dessus, écrit :

Citation:
Dans un souci démocratique mâtiné d’ironie, Etaix clôt le film sur son propre procès métaphorique. Après avoir questionné un panel représentatif de Français sur divers thèmes comme le vedettariat, l’érotisme, la publicité etc., il aborde avec eux le sujet… Pierre Etaix. Loin de constituer un épisode mégalomane, ce segment permet au réalisateur de se faire épingler par les "personnages" qu’il a malmenés tout au long du film. Il suffit que quelqu’un souligne la grande finesse du cinéaste Etaix, pour que celui-ci lui donne tort en illustrant ses propos par un défilé de chair flasque. Ces divers procédés, très risqués, donnent au film une dimension suicidaire assez hallucinante. On connaissant le Pierre Etaix poète, le Pierre Etaix clown. Pays de cocagne nous présente le Pierre Etaix Kamikaze.

Le passage dure une minute et il est franchement anodin, le "gag" qui consiste à juxtaposer les paroles d'une interviewée "c'est assez spirituel" sur l'arrière-train disgracieux d'une grosse en maillot de bain, ok, mouais.
On retrouve ce procédé de faire coïncider ou s'entrechoquer les propos des intervenants et des images prises à d'autres moments dans une série récente très épatante par moments "How to with John Wilson", où des problèmes de la vie quotidienne comme "faire la conversation" "monter un échafaudage" "travailler sa mémoire" donnent lieu à des variations absurdes, où l'on passe du coq à l'âne avec une véritable verve narrative.
Intéressant pour les images de la France de l'époque, quelques paroles et visages offerts à la dérobée (vu qu'ils sont la plupart du temps dissociés jusqu'à ne plus savoir qui parle), et il est vrai, aussi, une forme de condescendance assumée plutôt rare, mais film anecdotique.


Sur allocine on peut lire ce genre d'avis éclairés :

Citation:
Quand on n'est pas dégoûté par les rangées interminables de caravanes (et on appelle cela des vacances ???), par un gros étalage de chair sur la plage aussi gerbant que l'étal d'un boucher ou par les moeurs triviales des estivants, (on a le droit par ces intermédiaires à une critique cinglante de la Société de consommation!!!), on apprend que certains ne savent même pas ce que veulent dire les mots "érotisme" ou "publicité" (quoique pour ce dernier, l'ignorance peut parfois avoir du bon!!!) ou que des hommes ont marché récemment sur la Lune.


Petite remarque sur strip-tease, enfermé à ses débuts dans son format de quatorze minutes mais qui ne débouche pas forcément sur la condescendance. D'ailleurs le ton est très variable selon les épisodes, avec une durée qui s'est allongée au fil du temps, et surtout toutes les classes sociales y sont traitées sur un pied d'égalité.


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