val mérite les coups qu'il reçoit.
et si dans ta phrase il faut comprendre que tu penses comme BHL que quand badiou parle de "rats" il est antisémite, je ne peux pas grand chose pour toi.
ah si,
ça :
Citation:
"Circonstances, 3; Portées du mot "juif"", éd. Lignes. Voilà ce que Badiou écrit "concernant le "retour" de l'antisémitisme: ""Avait-il cependant jamais disparu? Ou faut-il plutôt penser que la question de ses formes, de ses critères, de son inscription dans le discours a, dans les trente dernières années, considérablement changé de nature? Souvenons-nous qu'à la fin des années soixante-dix, après l'attentat conte la synagogue de la rue Copernic, le Premier ministre en personne, Raymond Barre, avait, en toute tranquillité, distingué parmi les victimes les juifs qui se rendaient au culte et les "Français innocents" (sic) qui ne faisaient que passer. Outre qu'il distinguait benoîtement les juifs et les Français, le bon Raymond Barre semblait bien vouloir dire qu'un juif, aveuglément visé par un attentat, doit être par quelque biais coupable de quelque chose. On a dit que la langue lui avait fourché. Bien plutôt, cette remarquable façon d'analyser la situation révélait la subsistance en quelque manière normale d'un subconscient racialiste venu des années trente. Cette assurance dans la discrimination serait aujourd'hui, s'agissant des usages du mot "juif", inconcevable au niveau de l'Etat, et on ne peut que s'en réjouir sans restriction. Les provocations verbales antisémites calculées, les fausses naïvetés discriminatoires, comme le négationnisme concernant l'existence des chambres à gaz et la destruction des juifs d'Europe par les nazis, sont aujourd'hui réfugiées, ou cantonnées, à l'extrême droite. Et il est bien vrai que, s'il est tout à fait inexact de dire que l'antisémitisme a disparu, il est juste de soutenir que ses conditions de possibilité se sont transformées, de ce qu'il n'est plus inscrit dans une sorte de discours naturel, comme il l'était encore du temps de Raymond Barre. En ce sens, Le Pen est en France le gardien quelque peu fatigué de l'antisémitisme historique, celui qui était un thème d'opinion tout à fait ordinaire dans les années trente. Il se pourrait en somme que la sensibilité nouvelle aux actes et aux inscriptions antisémites soit une composante essentielle du diagnostic de "retour" de l'antisémitisme, en sorte que ce retour ne serait, pour une grande part, que l'effet d'un considérable et positif abaissement du seuil à partir duquel l'opinion moyenne ne supporte plus ce genre de provocation racialiste. En ce qui concerne la genèse d'un antisémitisme de type nouveau, articulé squr les conflits du Moyen-Orient et la présence dans notre pays de fortes minorités ouvrières de provenance afrcaine et de religion musulmane (...) disons (...) que l'existence d'un tel antisémitisme n'est pas douteuse, et que le zèle mis par certains à nier cette existence, généralement au nom du soutien aux Palestiniens ou aux minorités ouvrières en France, est tout à fait néfaste. Cela étant, il ne me semble pas non plus que les données quantitatives, parfaitement disponibles, soient de nature à susciter une alerte générale entièrement neuve, étant entendu que, sur de telles questions, la vigilance est un impératif qui n'admet pas d'intermittence".
ou
ça aussi :
Citation:
Vous êtes, depuis la parution de Circonstances, 3. Portées du mot « juif » (Lignes, 2005), au coeur d’une polémique intellectuelle à propos de vos positions sur Israël que certains pensent favorables à sa disparition. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que cette polémique, si on la prend à son niveau le plus consistant et le plus élevé, tourne autour de la question de l’universel. Quel est le rapport entre le mot « juif » dans toute son extension, sa résonance historique et intellectuelle, et l’universalité émancipatrice ? L’universalisme subit une attaque de droite qui maintient qu’il faut revenir aux nations, aux traditions, à la religion, à la morale des familles, etc. Mais il doit compter aussi avec une attaque de gauche qui soutient que l’universalisme abstrait a toujours été une forme d’impérialisme intellectuel et qui pense que les identités sexuelles, raciales ou communautaires doivent être défendues. Contre quoi ? Eh bien, finalement, contre l’abstraction du marché. Dans ce débat, j’estime occuper une position médiane, même si j’ai la dent dure. Je m’oppose à la défense traditionaliste des identités morales, nationales ou religieuses, mais aussi à la défense moderniste qui prétend faire des identités le coeur de l’opposition politique au capitalisme mondialisé. Tel est le contexte dans lequel j’aborde la question du mot « juif ».
Pourquoi réduisez-vous la question à un mot ? N’est-ce pas une réalité ?
Bien sûr ! « Français » aussi... Mais « être français » ne m’empêche pas d’être d’origine africaine, ou aristocrate héréditaire, ou à moitié allemand, ayant telle ou telle idée de mon pays, héritier de la Révolution française ou au contraire fétichiste d’un terroir... Sous le mot, de valeur variable, on trouve une multiplicité infinie. Je polémique contre ceux qui disent que « juif » est un nom, et non pas un mot, c’est-à-dire ceux qui soutiennent que le mode de rassemblement que ce nom forme est unifié et absolument irréductible à tout autre. A mon avis, cela n’est soutenable que si intervient la transcendance divine. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, on peut soutenir que « juif » est un nom, parce qu’il s’inscrit dans l’espace d’une élection : « juif » est le nom de l’Alliance. Je soutiens, comme le fait de façon cohérente Levinas, qu’il n’est pas possible de maintenir cette exception nominale sans l’appui de la religion. Ma cible n’est en réalité ni le sionisme, ni l’existence de l’Etat d’Israël, ni même un certain type de relation entre l’identitaire et l’Etat. Je critique une instrumentation idéologique du mot « juif » dans la polémique intellectuelle, spécialement en France, à des fins que je crois liées à la vague réactionnaire dans laquelle nous sommes plongés depuis près de trente ans. Il serait terrible pour les juifs, cette multiplicité vivante, de laisser le mot dont ils se réclament, et qui est lié de longue date aux aventures de l’universel, devenir l’emblème du capitalisme modernisé, de la xénophobie anti-arabe ou anti-africaine et des guerres américaines. Je constate, avec une vraie douleur, que toutes sortes de gens dont j’ai été proche, parfois de chers amis, qui vers 1970 gravitaient autour du maoïsme révolutionnaire, ont pratiqué peu à peu la référence au mot « juif » et à l’Etat d’Israël comme un support pour quelque chose de politiquement et d’intellectuellement plus vaste, que l’on peut appeler la réinsertion dans l’Occident. Par « Occident », je veux dire l’ensemble des pays développés et « démocratiques », leur puissance et leur mode de vie jugé supérieur. Le traumatisme inouï qu’a été l’extermination des juifs d’Europe dans les chambres à gaz du nazisme rend cette instrumentation redoutable, parce qu’elle sidère la pensée, l’immobilise dans une mémoire conservatrice.