Weeds raconte le quotidien d'une bourgade résidentielle californienne de type Desperate Housewivesien. Pas besoin d'en dire plus, les habitants sortent tous d'un même moule (qu’on situe assez bien) comme le souligne le lancinant refrain du générique "Little boxes".
Vraiment tous? Non. Il y a là, coincée au milieu, une mauvaise graine. Une femme, une mère de famille, qui vient de perdre son mari, et se retrouve ipso facto obligée de trouver une source de revenus pour nourrir ses enfants. Elle sera dealeuse d'herbe.
On en conviendra, le parti pris moral est un peu limite. Mais de là découle une lente et méthodique contagion de la bonne société périurbaine. Nancy (Mary-Louise Parker) s’assure progressivement les services de plusieurs personnes plus ou moins bien placées dans l’échelle sociale (avocat, conseiller municipal, étudiant, conseiller technique en herbe, etc) et lance son business.
Pour moi, l’intérêt a vraiment commencé à la fin de la première saison (10 épisodes seulement), une fois les personnages et les situations posés, avec un moment fort, un de ceux qui me donnent envie d’aimer les séries américaines quand elles racontent le monde d’aujourd’hui : la mère de famille rentre chez elle un après-midi et retrouve son gamin de 12 ans (légèrement troublé par la mort de son père et par un cadre de vie à tendance schizophrène) en train de rejouer dans son salon, avec une camarade de classe et devant la caméra familiale, une exécution d’otage américain en Irak. Là on se dit qu’il faut quand même oser, que l’on atteint pas un tel degré de liberté artistique partout, et que c’est bien malheureux.
Et on termine la saison en un clin d’œil au Parrain, dans l’entrebâillement d’une porte qui se ferme. Nancy est adoubée, l’ascension commence ; et on rêve déjà à une chute scorsesienne.
Dans la deuxième saison, l’entreprise passe du stade de « solution de survie » à celui d’une réelle organisation de type mafieux, même si elle est larvée dans un cadre inhabituel, avec son réseau d’influences et ses mises à mort. E t c’est vraiment là que la série prend son envol. Nancy est sur tous les fronts (professionnel, sentimental, familial) et semble ne plus avoir de limites. Elle fonce dans son nouveau mode de vie comme dans un mur, comme si elle n’avait pas pris le temps de respirer depuis la mort de son mari. L’héroïne s’enferre peu à peu dans un système qui la dépasse, sans cesse rattrapée par les événements (c’est un métier, baron de la drogue !), par ses relations, ses enfants, derniers remparts de la morale. Jusqu’au dernier épisode…
Diffusion de la troisième saison (15 épisodes) l’été prochain, sur Showtime.
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