Lors de l'agression finale, on quitte son point de vue pour basculer dans celui de la jeune femme, et par là même dans une mise en scène de film d'horreur. Outre l'effet de flippe, très réussi au demeurant, un peu "facile", je trouve ça presque (attention mot trop fort) "malhonnête". L'ellipse ne me gêne pas, au contraire, j'aime même beaucoup le détail du casque audio récupéré qui dit tout (même si je trouve le choix de la chanson un peu en "mauvais" décalage).

Ça m'avait en fait semblé assez logique narrativement. Le film entier est une sorte de glissement qui te fait comprendre (ou plutôt "sentir", ce serait plus juste, car ce n'est jamais conceptualisé) l'accumulation de rejet et de frustration qui va mener à cet acte. Au point que, sans une seconde l'accepter, on comprend les raisons de l'agression, on comprend la logique qui dans sa tête mène à ça (d'ailleurs, si je me souviens bien, quand on le quitte c'est justement après ce loooong gros plan avec le sound-design qui monte, façon cocotte-minute). Tout d'un coup passer du côté de la victime, c'était pour moi une manière "d'observer le résultat" : de foutre un peu une claque au spectateur en rappelant soudain ce que c'est une agression - de soudain sortir la tête de l'eau de son point de vue à lui, qui pourrait presque donner à l'acte une logique. Un peu comme dit FF, "il a franchi la ligne, donc moi aussi" : c'est assez frappant comment, dès le passage précédant l'agression, avec la fille qui a un doute, il est déjà presque à l'image devenu autre chose, un prédateur distant, filmé de loin - il aurait peut-être fallu appuyer cette étrangeté-là, d'ailleurs.

Bon ça peut paraître assez alambiqué ce topo (et je sais pas du tout si c'est l'intention de Z), mais tout ça pour dire que ça ne m'a pas choqué. Un sujet plus touchy pour moi, là où se pose peut-être la question d'une sorte d'effet de frappe ou de suspense déplacé, est peut-être plutôt de savoir combien on montre ou pas de l'agression elle-même. Ça se discute, mais le choix qu'il a fait est au final sans doute le bon.