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Rencontres du troisième type
La Liste de Schindler

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

La liste de Schindler

Putain, ton père ou ta mère?
Tous deux sont dans mon top 3 Spielberg (l’autre c’est E.T.) donc pour moi c’est une finale avant l’heure, chacun des adversaires représentant sans doute le mieux les deux grands chapitres de Steven, d’un côté le merveilleux, de l’autre l’Histoire - pour le dire très rapidement.

Puisqu’il faut choisir je vais dire La Liste de Schindler car le film est trop important, mais bon ce sont deux insubmersibles chef-d’œuvre.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

La Liste de Schindler

Là c'est un cas intéressant parce qu'on tient peut-être les deux Spielberg les plus importants.

Rencontres du troisième type c'est probablement la quintessence du Spielberg réalisateur, La Liste de Schindler c'est probablement la quintessence de l'homme.

Rencontres du troisième type je ne l'ai jamais vraiment adoré, sauf tout le début qui marque vraiment la naissance d'un style, en terme de lumière et de suggestion, c'est un pur régal et le point Godwin du forum : séminal. La fin m'a toujours posé problème, le père qui abandonne sa famille sans se retourner, je ne peux pas l'accepter. Je n'ai pas besoin de cautionner moralement les actes d'un personnage (je laisse ça à FingersCrossed), mais difficile d'adhérer à la tonalité de cette fin quand l'abandon devient l'impensé du film. Si Spielberg se consacre totalement au merveilleux et prend fait et cause pour son alter ego (pour mieux l'avoir regretté ensuite et fait un film sur le sujet : La Guerre des mondes), il est néanmoins difficile d'occulter l'irresponsabilité de Roy Neary et son indifférence au sort de sa famille, le film serait sans doute d'autant plus fort s'il actait vraiment cet aspect. Entre le début et la fin, il faut se farcir cet empaffé de Truffaut pas foutu d'accentuer son jeu ni son anglais.

Having said that, je pense que j'ai tort de "tenir le film pour acquis", c'est effectivement un de ses meilleurs.

La Liste de Schindler en revanche, je ne cesse de le revoir à la hausse. J'ai toujours adoré le film tout en lui reconnaissant une part problématique, mais au fur et à mesure des révisions, peu nombreuses car c'est pas vraiment le genre de film qu'on lance tous les quatre matins, cette part problématique est passée de 10% (ça dure 3h15) à 5%, et elle n'a cessé de s'amenuiser jusqu'à la dernière fois où j'ai adhéré totalement, et vraiment pris la mesure de l'importance du film dans l'oeuvre de Spielberg. Aujourd'hui il n'y a en quelque sorte plus que de l'admiration, je pense qu'il était en pleine possession de ses moyens, et surtout, en pleine conscience (je pèse donc ce mot). En gros toutes les choses qu'on peut lui reprocher (la douche et la petite fille en rouge pour l'essentiel) sont au contraire les marqueurs de la lucidité de Spielberg sur la nature irreprésentable et indicible de son sujet. Par le biais de la liste, il n'a accès qu'au champ de la survie dans un cas (d'où le fait que Kubrick ait pu dire que ce n'est pas un film sur l'holocauste), et du symbolique dans un autre, car il faut redonner et réaffirmer à jamais l'humanité dans son individuation, celle-là même qui a été déniée aux juifs par les nazis. La problématique est inscrite dans l'oeuvre, ce qui fait d'ailleurs que si je dis adhérer totalement aujourd'hui, je peux là aussi laisser un pourcentage symbolique, car il faut rester ouvert à la discussion. Il n'y a pas d'affirmation (ceci n'est pas une perche tendue aux négationnistes).

Rencontres du 3e type

Tu ne considères pas que l'abandon est le sujet de toute la partie centrale du film (quand on voit le père s'absenter dans sa folie, du point de vue de sa femme et de ses enfants)?

Si, il n'empêche qu'après, il y a la fin où cette partie est totalement occultée.

Faudrait retenter ce Encounters, j'étais un peu passé à côté je pense. Quoi qu'il en soit, aucune hésitation :

La liste de Schindler

La Liste de Schindler,
J'ai été marqué par la critique de Vincent Guignebert dans Impact, lors de sa sortie et en pleine polémique, qui parlait de la question du point de vue en termes accessibles (ici celui d'un rouage de la machinerie nazie).
J'avoue que la question de faire du pognon avec le malheur du monde se pose, d'autant plus que le film est vraiment très réussi dans le portrait d'un arriviste qui va justement faire un max de blé avec l'horreur ultime.
Mais ce faisant, le film parvient quand même à faire ressortir un aspect des plus significatifs de son sujet : les liens entre le capitalisme et l'extermination programmée d'individus, qu'on finit par admettre parce qu'on réduit à l'état de chiffres. Et que cette mentalité est toujours d'actualité et diffuse dans les pays qui ont participé au conflit, même sans qu'elle ait besoin d'être matérialisée de façon aussi dégueulasse, mais on la retrouve dans les politiques d'austérité et implantation du néolibéralisme où tout devient affaire de rentabilité, jusqu'à causer des catastrophes sociales, médicales, écologiques...
Cette mentalité, elle est même présente dans le reste de la filmo de Spielberg, comme dans le choix du maire des Dents de la mer de laisser ouverte les plages parce que bon, c'est quand même la saison des vacanciers. Spielberg est loin d'être un gauchiste, mais en tant qu'entrepreneur fortuné, il est bien au fait de la façon dont les responsables du public ou du privé se comportent et considèrent la plèbe et c'est un élément qui parcourt ses films qui est toujours intéressant autant dans la gaudriole (les manigances de Hammond et de son avocat dans Jurassic Park), que dans ses sujets historiques (le conseil d’administration du Post dans... euh... le Post, où la question de la vérité devient subsidiaire face à la Bourse). Et du coup, je trouve ces descriptions - souvent par des gestes, des mimiques ou des répliques dans ses nombreuses scènes où on négocie/truande - toujours crédible. Il me semble réellement à l'aise dans cet élément critique même s'il ne remet jamais vraiment en cause le système capitaliste en soi et qu'il aurait plutôt tendance en bon américain, à se méfier de l'état ("Fools... Bureaucratic Fools").

Et puis Rencontres du 3e type, c'est beau mais c'est chiant.

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FEAR NOTHING

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5 PARTOUT

On pourrait aussi reprocher à la famille de n'avoir pas cru. Ce sont eux qui s'en vont au milieu du film.
Tu parles du sentiment d'abandon de la famille mais on peut faire une autre hypothèse: qu'aurait pensé le fils aîné de son père s'il avait appris, finalement, que celui-ci était resté près d'eux et ne s'était pas rendu sur la montagne?

J'adore Rencontres du troisième type mais je crois que quelque chose dans son rythme et sa '70serie me parlera toujours moins que les suivants.

La Liste de Schindler, chaque fois que je le revois je suis surpris de constater le nombre de facettes qu'a le film, loin de l'image de "film sérieux en N&B mi-austère mi-Oscar" qu'il peut avoir.

LA LISTE DE SCHINDLER

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