à chaque fois que j'expérimente notre bôôôôô système hospitalier, j'ai beau être prévenu, ça me fait toujours un choc. Lors de mon dernier séjour à l'hosto, j'avais déjà halluciné devant le manque flagrant de moyens, et par exemple la douche unique et complètement bousillée (çàd pas de pommeau, on se lavait directement au tuyau avec un pression super-faiblarde, n'autorisant qu'un minuscule filet d'eau) pour un couloir de quinze chambres doubles, etc.
mais hier, j'ai pu voir un cran au-dessus: arrivés à 19h aux urgences de Lariboisière (vers la Gare du Nord), on ne nous a laissés partir qu'à 2h30 du mat'! Non pas qu'il se tramait un truc gravissime, hein, c'était assez bénin et, si traité normalement, on aurait passé quoi... deux, maxi trois heures?
Mais là, au bout de trois heures, justement, on n'avait toujours vu aucun personnel médical! L'occasion de constater que l'accueil des urgences, outre le côté "cour des miracles" inhérent à ce service (on voit défiler toute la misère du monde, riches hautains et acariâtres ("j'ai des amis hauts placés, vous savez!"), paumés gratinés, clodos bourrés, types agressifs, nanas qui s'engueulent... c'est assez déprimant), est dans un état absolument lamentable.
Crasse partout, matériel dans un état plus qu'approximatif (conduits d'aération rafistolés au scotch, bancs de la salle d'attente bousillés, murs comme bouffés aux mites... et faut voir les chiottes : deux malheureux trônés évidemment bouchés, une odeur de mort, un sol couvert d'une substance visqueuse, le PQ trempé posé gondolant dans cette dite substance... un infirmer qui passait par là, sans rire, premier degré : "Surtout, posez pas votre cul sur la lunette, sinon vous reviendrez nous voir pour autre chose!" (sic)
), bordel ahurissant de l'organisation (une flèche "la file d'attente commence ici" existe bien, au-dessus d'un banc de... trois personnes! après, impossible de savoir comment se dispatche l'ordre dans ce hall mal foutu où tout le monde s'empile en attendant un tour qui ne vient pas)...
Et évidemment, ce manque de moyens déjà évident d'un simple coup d'oeil au décor, a des conséquences plus graves encore sur le personnel soignant, en GRAVE sous-effectif. Le pire étant qu'un infirmier m'ayant offert une clope sur le parking m'a confessé que "ce soir, c'est plutôt calme, y'a pas beaucoup de monde, vous avez de la chance..." re-
Pas assez de personnel, donc, compter minimum trois heures d'attente (et le nom du service, c'est "les urgences", hein... c'est concept, je trouve...), et de toute façon locaux inadaptés à l'affluence: car évidemment pas assez de chambres ! Quand enfin on a été reçus, on s'est retrouvés dans le passage, dans un couloir, avec d'autres lits, avec un système de roulement des lits dans les chambres pour que les gens puissent au moins se déshabiller dans l'intimité (par contre, j'ai vu des gens se rhabiller dans les couloirs, faute de chambre libre... notamment une femme tellement honteuse qu'elle en chialait... j'ai vu aussi un vieil homme seul sur son lit tout le temps qu'on était aux urgences... personne n'est venu le voir, il était juste allongé là, réveillé, à attendre qu'on s'occupe de lui... parfois quand on infirimer passait pas loin, il faisait du bruit, alors l'infirmier lui demandait d'arrêter de faire de bruit et il passait son chemin...).
Terrifiant. Dante Lazarescu en live.
Absolument terrifiant, surtout quand tu sais que c'est absolument pas appelé à changer, vu les choix politiques du moment.
Tu sors, il est 2h30, t'as plus de métro, tu te retrouves dans un bus de nuit surbondé, avec en grande partie des gens complètement faits. Et au terminus, une seule porte est ouverte, contrôle des agents RATP suivant une organisation STUPIDISSIME et dangereuse, consistant à barrer cette unique ouverture en écartant les bras en croix. Si tu as ton billet, tu peux passer SOUS SON BRAS, qu'il ne soulève même pas.
Evidemment, entre les gens qui n'ont pas leur billet et qui veulent y couper, ceux qui l'ont et qui sont tellement comprimés et oppressés qu'ils se ruent pour sortir et tous ceux qui, physiquement (la porte d'un bus, surtout quand un seul battant est ouvert, c'est franchement riquiqui), n'arrivent pas à passer sous le bras pas du tout amical ni aidant (moi avec mon sac à dos, une grosse femme, un vieil homme, un jeune bourré, etc.).
Saturday night fever à fond les manettes.