Découverte tardive d’un cinéaste dont je veux voir les films depuis vingt-cinq ans (et la sortie de Carmin profond, fortement défendu par la presse à l’époque), et dont plus de la moitié de l’œuvre reste très mal distribuée – tout ce qui est antérieur aux années 90 est difficilement visible, apparemment. En quatre films vus ces derniers jours, on retrouve déjà les thèmes qui se dessinent d’un film à l’autre : l’attente (d’une lettre, d’une pension, d’une sortie de prison…), la solitude, l’amour, l’obsession (pour un acteur, pour une vengeance…)… En plus des quatre films ci-dessous, je vais voir C’est la vie, et si je trouve le courage, Principio y fin (mais 3 heures en VOSTA…). Pas sûr d’en trouver d’autre, peut-être La Reine de la nuit et Vierge de la luxure. 1. Pas de lettre pour le colonel (El coronel no tiene quien le escriba) Deuxième film que je découvre, et là-aussi les thèmes se détachent : la solitude (ici celle d’un couple pauvre), l’attente (ce couple qui attend depuis vingt ans le versement d’une pension), l’amour (« j’ignorais que tu m’aimais autant »), jusqu’à l’obsession, la folie liée à la perte de leur fils, dont ils conservent précieusement le coq de combat. D’une douceur infinie, ponctué de dialogues magnifiques (« comment va ma femme ? Elle maigrit et vieillit, comme une femme qui a perdu son fils ») et de plans longs qui effleurent les décors. Le plus beau des quatre films découverts. 5/6 2. Carmin profond (Profundo carmesí) [Une fin que j’ai] trouvée justement assez forte, une sorte de dernier balai romantique, comme offert par un cinéaste contraint de détourner alors la réalité (peine de mort inexistante au Mexique à l'époque). Mon premier Ripstein, que j'avais loupé à l'époque de sa sortie alors que la presse en disait le plus grand bien, une belle découverte, renforcée par ce romantisme aussi absolu qu'artificiel de ces deux personnages réunis par leur vie fantasmée, et par cette mise en scène sereine, envoutante, perpétuellement mobile, d'où peut surgir l'horreur à n'importe quel moment, en tout cas totalement à l'encontre de ce que j'imaginais (je le voyais comme un film plus rugueux). Je n'ai pas vu Les Tueurs de la lune de miel, mais ça met à l'amende le Alleluia de Fabrice Du Welz. 5/6 3. Tiempo de morir Premier film, véritable matrice de l’œuvre à venir (enfin… du peu que j’ai vu), western crépusculaire faisant le lien entre le cinéma plus classique mexicain (que je ne connais pas, je cite Tavernier) et un cinéma plus moderne (Cuaron, Iñárritu…), fondé sur l’attente des personnages, le titre étant à prendre ici littéralement. Les personnages sont tous des morts-vivants qui attendent (et appellent) l’affrontement final. 4.5/6 4. Foxtrot Film au casting surprenant (Rampling, Von Sidow, Peter O'Toole) qui a aussi pour titre, lors d’une ressortie, The Other side of Paradise. Cet autre côté du paradis, c’est celui d’une île déserte sur laquelle accostent un comte et son épouse, fuyant la guerre qui gronde en Europe. Si on retrouve là-encore les thèmes du cinéaste, le tout a l’allure d’une production Cannon filmée par Gérard Kikoïne matinée d’un soupçon de Bunuel (dont Ripstein était l’assistant). 2/6
_________________ Que lire cet hiver ? Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander) La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)
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