On t'a jamais aimé. Tu es banni.

Sérieux, Zaviez pas aussi l'impression que parfois les personnages avaient l'air de penser exactement l'inverse de ce qu'ils venaient de dire?

Non.

Au contraire je trouve qu'avec ces personnages-là, ce milieu, et puis le style de Despleschin par-dessus, c'est vraiment tout sauf du touchage universel. Moi je me sens complètement étranger à tout ce qu'on raconte, à tous les personnages et leurs liens ou problématiques.

Bon, je vais arrêter avec Desplechin. Comme tous ses films, je trouve que la mise en scène a de la classe, de la gueule, mais que ça reste de l'enluminure, de la poudre aux yeux. Y a un effet bourratif qui ne passe pas chez moi : les discours caméras, les iris, les fondus enchaînés ou au blanc ou (etc.), les ombres chinoises, le chapitrage... Ca donne un film très fluide, rarement ennuyant, mais assez creux.
Et surtout, j'en ai jamais rien à branler de ses personnages et de ce qu'il raconte.

Faudra évidemment que je le revoie.

Très agréable surprise que ce Conte de Noël qui reprend le chroniquage on ne peut plus naturel de La Vie des morts, avec tout ce que ça contient de drame et d'humour, mais l'étoffe en approfondissant arcs narratifs et protagonistes, aboutissant à la création d'une sorte de tragédie antique à l'ère de la médecine moderne et de la génétique.
Du coup, ça m'a beaucoup plus convaincu que ce premier essai.

Pour le genre, c'est super osé dans l'écriture et la mise en scène (ces monologues face caméra, ces iris) sans jamais être chiant. Ca a beau être segmenté et foisonnant de récits et de personnages, c'est toujours fluide et organique, tant dans la forme que le fond.

Les interprétations sont assez magistrales, à commencer par Amalric, toujours parfait (dans son emphase, dans son cynisme, dans son oeil tordu), mais tous les autres aussi...même Deneuve et Mastroianni que je trouve généralement méga froides (re)deviennent belles et chaleureuses ici, voire même sexy (ah ouais, faut qu'il arrête d'imposer Devos comme "une bombe" le père Desplechin, c'est tout sauf une bombe, surtout quand t'as ces autres actrices autour).

La seule avec laquelle j'ai un peu de mal, c'est Consigny...je comprends la démarche mais je trouve ces dialogues et son jeu un poil trop ancrés dans une certaine théâtralité (sans doute voulue) qui dénote quelque peu avec le naturel crédible des autres (qui n'ont besoin ni d'image granuleuse, ni de caméra à l'épaule, ni de séquences de 15 minutes pour être naturalistes...suivez mon regard).
Même le gamin est bien. Et le père est génial. Et Poupaud aussi, je crois que le dernier film avec lui que j'ai vu, il avait encore l'image/rôle du jeune con qu'il arborait hautainement (un flambeau qu'il a passé à Louis Garrel) et je l'ai trouvé ici très humain, très touchant.

Pour les bémols...j'ai trouvé la caméra un peu trop inutilement mobile dans le premiers tiers, ça me fait sortir du film de la voir constamment traveller à chaque plan...et le dernier tiers s'étire un chouille, rien n'ennuyant, juste un peu long.
Surtout que la "sous-intrigue" Simon/Sylvia, bien que décelable dès le début, semble n'éclore que dans la dernière partie et s'avère complètement détachée de l'axe principal (la maladie, le passé de la famille, la rivalité Henri/Elisabeth), ça fait un peu bizarre.

Un film super riche donc, je regrette qu'il n'ait rien eu à Cannes et j'espère qu'il sera reconnu aux Césars.

4,5-5/6