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Blue Velvet (David Lynch 1987)
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Auteur:  Cosmo [ 09 Mai 2007, 10:52 ]
Sujet du message:  Blue Velvet (David Lynch 1987)

J'ai toujours le même problème avec Lynch : à chaque fois que je revois un film de lui, il devient illico mon préféré du cinéaste. Blue Velvet est longtemps resté mon Lynch préféré, dès sa vision en 1990. C'était l'année où je découvrais également Faux Semblants, et chaque semaine je visionnais une ou deux fois chacun de ces deux films.
Blue Velvet, donc, vingt ans après son grand prix à Avoriaz ? Rien à redire, ça n'a pas pris une ride, très probablement en raison de l'aspect totalement intemporel de l'histoire et du visuel. Une mise en scène sobre qui reprend et digère les récurrences formelles du cinéaste (les plans macroscopiques, l'utilisation du son), et une histoire proprement terrifiante qui sonne un peu trop moderne. C'est l'une des grandes forces de Lynch : ses films ressemblent à des oeuvres d'anticipation. Lynch lui même décrivait Lost Highway comme un thriller du 21è siècle, après tout.
La musique, les couleurs, le son, les acteurs, les personnages, tout est parfait dans ce film coloré qui vire au sombre au fur et à mesure qu'il avance.
6/6

Filmo Lynch :

Inland Empire 1/6
Mulholland Drive : 5.5/6
Une Histoire vraie : 6/6
Lost Highway : 6/6
Twin Peaks : 6/6
Sailor et Lula : 5/6
Blue Velvet : 6/6
Dune : 4/6
Elephant Man : 6/6
Eraserhead : 6/6

Auteur:  Mister Zob [ 09 Mai 2007, 11:27 ]
Sujet du message: 

Un Lynch "quasi-linéaire" que j'adore. Moi aussi ç'a longtemps été mon préféré. Mais bon, LOST HIGHWAY tient bon la barre en ce moment.
En tout cas tu me donnes envie de le revoir...

Auteur:  Cosmo [ 09 Mai 2007, 14:23 ]
Sujet du message: 

hal5 a écrit:
C'est l'éternel problème avec Lynch : savoir dans quel ordre classer ses films. Moi, je l'ai en partie réglé avec un Lost Highway en 1ère place indétronable.


De mon côté, je reviens généralement à Eraserhead.

Auteur:  Billy Budd [ 09 Mai 2007, 15:27 ]
Sujet du message:  Re: Blue Velvet (David Lynch 1987)

Cosmo a écrit:
J'ai toujours le même problème avec Lynch : à chaque fois que je revois un film de lui, il devient illico mon préféré du cinéaste.


Presque pareil : il devient illico le deuxième, Lost highway étant mon film préféré de tous les temps de l'histoire de l'humanité et même avant, sans doute après aussi




Cosmo a écrit:
Rien à redire, ça n'a pas pris une ride, très probablement en raison de l'aspect totalement intemporel de l'histoire et du visuel.


Je ne suis pas trop d'accord au sujet du visuel qui lorgne de façon un peu étrange, j'ai conscience que, s'agissant de Lynch, la remarque est quasi débile, vers les années 50



Filmo Lynch, là, maintenant :

1. Lost highway

2. Twin Peaks, fire walk with me
3. Blue velvet

4. Mulholland dr.
5. Wild at heart

6. Inland empire
7. Eraserhead
8. The straight story
9. Elephant man
10. Dune

Je les aime tous, même Dune, grand film malade, mais je pense que la place de chacun d'entre eux n'a vocation à boger qu'à l'intérieur de son "block"

Auteur:  Cosmo [ 09 Mai 2007, 15:31 ]
Sujet du message:  Re: Blue Velvet (David Lynch 1987)

Billy Budd a écrit:
Je ne suis pas trop d'accord au sujet du visuel qui lorgne de façon un peu étrange, j'ai conscience que, s'agissant de Lynch, la remarque est quasi débile, vers les années 50


Justement, c'est ce qui rend pour moi le film intemporel. Un visuel années 50, des voitures années 80, une histoire qui pourrait être actuelle, une musique qui oscille entre les années 50 jusqu'à aujourd'hui... C'est cette absence de date définie qui pour moi le rend intemporel.

Auteur:  Billy Budd [ 09 Mai 2007, 15:33 ]
Sujet du message:  Re: Blue Velvet (David Lynch 1987)

Cosmo a écrit:
Billy Budd a écrit:
Je ne suis pas trop d'accord au sujet du visuel qui lorgne de façon un peu étrange, j'ai conscience que, s'agissant de Lynch, la remarque est quasi débile, vers les années 50


Justement, c'est ce qui rend pour moi le film intemporel. Un visuel années 50, des voitures années 80, une histoire qui pourrait être actuelle, une musique qui oscille entre les années 50 jusqu'à aujourd'hui... C'est cette absence de date définie qui pour moi le rend intemporel.


Au temps pour moi - cela dit, certaines bagnoles sont aussi un peu années 50

Auteur:  the black addiction [ 09 Mai 2007, 17:47 ]
Sujet du message: 

TRES dur le 1/6 à Inland Empire

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 09 Mai 2007, 18:31 ]
Sujet du message: 

Mon Lynch préféré, sans aucun doute possible. Depuis la première fois que je l'ai vu ado le film m'a fasciné.

Il est envoûtant, captivant, accessible, beau, terrifiant.

J'aime tous les persos, j'aime le rapport McLachlan/Dern, Frank Booth, l'utilisation du son, tout. Bref. J'adore.

Auteur:  Jericho Cane [ 09 Mai 2007, 18:51 ]
Sujet du message: 

Mon préfèré reste clairement INLAND EMPIRE, et de loin...

Auteur:  Stark [ 09 Mai 2007, 20:44 ]
Sujet du message: 

Pour moi, Inland Empire a été une sacrée douche froide. Peut-être le film le plus boursouflé et stérile de Lynch : je n'ai jamais vu le cinéaste dans une une telle impasse.

Blue Velvet est très clairement l'un de mes préférés. Je suis fou de son esthétique somptueuse, de son atmosphère de conte mielleux qui se distord dans une poésie morbide et cauchemardesques. La musique de Badalamenti, les images sublimes de Frederick Elmes, la rafale de scènes d'anthologie, Isabella Rossellini en orchidée sauvage, Dennis Hopper en psycho mémorable, Dean Stockwell en maquereau éfféminé, la musique cotonneuse de Badalamenti et pour la première fois la voix éthérée de Julee Cruise. Une oeuvre extrêmement fascinante.

Mon top Lynch, pour faire comme tout le monde. Apparemment ici on note sur 6 ?

1. Mulholland Dr. 10/6
2. Lost Highway 6/6
3. Blue Velvet 6/6
4. The Straight Story 6/6
5. The Elephant Man 6/6
6. Twin Peaks, Fire walk with me 6/6
7. Eraserhead 5/6
8. Wild at heart 5/6
9. Inland Empire 4/6
10. Dune 3/6

Pas beaucoup de déchets, donc. En fait Lynch est peut-être le plus grand cinéaste actuel à mes yeux (si tant est que ce genre d'expression ait un sens...)

Auteur:  Zaphod [ 09 Mai 2007, 20:57 ]
Sujet du message: 

Moi j'ai longtemps eu un problème avec Blue Velvet.

Il était repassé au ciné peu après la grosse claque que je m'étais prise avec Lost Highway (mon premier vrai Lynch, j'avais vu Dune et Sailor et Lula avant mais Dune bof et pour Sailor et Lula c'était un drive in... donc conditions pas top, et je ne m'intéressais pas spécialement au ciné).

Et j'avais été assez frustré... je pense que j'attendais un truc trop proche de LH.

Avec le temps ceci dit... le film a muri et m'a laissé un bon souvenir.
J'ai donc décidé de le revoir, et là, re-paf, déception encore.
Pas rentré dans le film du tout.

Mais avec le temps... les bons souvenirs sont remontés, et ça m'a donné envie de le revoir et là j'ai littérallement adoré.
Un film dont je n'avais jamais réellement compris l'intérêt devenait d'un coup très proche de moi et j'étais vraiment à fond dedans, à me demander à la fin du film si ça n'était pas de loin le meilleur Lynch.

Pas sur malheureusement que je ressente quelque chose d'aussi fort pour les prochaines visions qui ne manqueront pas d'avoir lieu...

Marrant comme parfois l'avis sur un film peut évoluer même après plusieurs visions.

Auteur:  Mayouta [ 07 Juil 2013, 19:00 ]
Sujet du message:  Re: Blue Velvet (David Lynch 1987)

La scène d'introduction est bluffante : un homme arrosant amoureusement son jardin/Le pistolet/ Accident/ Plongée lente dans la fourmilière sans oublier les multiples métaphores sexuelles, et tout ça en deux minutes, chapeau le mec.

Auteur:  Müller [ 18 Déc 2022, 11:59 ]
Sujet du message:  Re: Blue Velvet (David Lynch 1987)

Revu pour la première fois depuis de nombreuses années, suite à la CDM.

Un film finalement très dépouillé, très évident dans son déroulé et son thème principal, à savoir la contagion du mal : Frank Booth et sa déviance criminelle et sexuelle qu'on devine aisément forgées par les abus de l'enfance par des parents sans doute aussi abominables que lui (son délire Daddy/Baby est suffisamment concret dans son évocation de l'inceste pour rendre obsolète toute interprétation oedipienne), sévices qu'il recrée contre la chanteuse Dorothy Vallens pour la soumettre absolument ("he put his disease in me" elle dit vers la fin, nue et pleine de marques de coups, en regardant Sandy dans les yeux). Contagion qui menace le petit Jeffrey, pris dans une fascination pour les effets des sévices de Frank sur Dorothy, qui s'offre à lui, lui demande de la frapper, fait même tout pour qu'il la frappe tellement Frank l'a conditonnée... Fasination indirecte pour le pouvoir, pour le contrôle mental, comportemental et émotionnel qu'exerce Frank.

Très belle scène où, plus tard, Jeffrey éclate en sanglots en y repensant. Aucun cynisme, aucune complaisance pour la violence et la dépravation chez Lynch : comme je l'écrivais plus tôt dans une des poules de la CDM, Lynch a très tôt, et de manière extrêmement frontale, voire répugnante, posé les tortures sexuelles et psychologiques (en lien souvent avec des réseaux criminels qui ont compris qu'il s'agissait d'un moyen de contrôle éprouvé et efficace) comme étant le mal du siècle. Le trauma extrême comme outil de contrôle, c'est aussi au coeur de Twin Peaks, de Fire Walk With Me encore plus. Les pratiques en matière de torture des Cartels, groupes terroristes, sectes, parfois même des services de renseignements, sont suffisamment documentés à présent (sans doute moins en 86, donc chapeau) pour que les parallèles s'imposent. La criminalité la plus sordide et extrême chez Lynch n'est pas une affaire de sociologie des laissés pour compte, c'est une affaire de corruption totale accueillie sans lutte et qui aspire à gangréner la société par l'envers du décors. Un monde inversé, qui parodie la surface et ses codes moraux. On est à la limite du démoniaque dans Blue Velvet, de la possession, ce qui va se concrétiser par la suite dans les autres projets de Lynch.

L'agent Cooper, c'est donc une sorte de Jeffrey compétent, imperméable à la fascination pour le mal car suffisamment bon pour en être révolté sans ambiguité, suffisamment professionnel pour vouloir lutter contre même à travers les dimensions. Le vrai héros de Lynch, d'autant plus touchant et galvanisant qu'il n'est pas crédible.

Très grand film.

Auteur:  elmergantry [ 20 Déc 2022, 13:50 ]
Sujet du message:  Re: Blue Velvet (David Lynch 1987)

Revu hier soir.

On mesure bien rétrospectivement à quel point c’est un film charnière dans l’œuvre de Lynch, film noir sans aucune zone d’ombre dans l’intrigue (on comprend tout et pour cause, Jeffrey passe son temps à expliquer à Sandy ce qui se passe), sans mystère qui ne soit finalement résolu. On est loin des films noirs suivants du réalisateur, de plus en plus plus opaques au fil des années. Lynch œuvre encore ici dans le classicisme, il suffit de comparer pour cela les génériques d’ouverture de Blue velvet et de Lost highway, à 10 ans d’intervalle.

J’ai pas mal pensé à Hitchcock en revoyant le film. Un moment Sandy dit à Jeffrey : je n’arrive pas à savoir si tu agis en détective ou en pervers. C’est tout à fait le genre de chose que pourrait dire par exemple Grace Kelly à James Stewart dans Fenêtre sur cour, revu aussi récemment.

M’est revenu en mémoire ce que disait Daney à propos de Lynch au moment de Twin peaks :
Citation:
Je trouve qu'il y a beaucoup de points communs entre Lynch et Hitchcock. Même puritanisme d'obsédé égrillard, pris entre la phobie de l'organique et l'excès de glacis "chic". Même logique sèche des déductions sur un fond d'irrationnel destiné à demeurer tel. Même goût pour la petite ville de province américaine où seul le pire arrive sûrement. Même respect pour le public là où il est et là où il en est, c'est-à-dire en face de son téléviseur. Même talent de plasticien, généreux en rien sauf, justement, en "idées plastiques", gaiement formelles et au bord du potache. Même exhibitionnisme discret de l'"auteur" au milieu de ses personnages. Même goût pour les acteurs figés et pour les mannequins gominés. Le héros de la série, le magnifique Cooper, a quelque chose de Cary Grant jeune ou de l'intense Dana Andrews, réincarné avec le sens de l'humour en plus.

Le passage de relais entre DL et AH se fait pour moi à travers l'actrice Isabella Rossellini, Lynch osant avec la fille ce que Hitchcock ne pouvait que phantasmer avec la mère : la dénuder complètement. Inutile de dire que les scènes les plus fortes sont celles où Isabella Rossellini est à l’écran, pas seulement parce que ce sont les plus malaisantes du film, mais parce que l’actrice y dégage un magnétisme unique, comme une fièvre qu’elle arriverait à transmettre au spectateur uniquement via les images. Prodigieux.

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