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MessagePosté: 28 Avr 2019, 17:07 
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Banlieue de Birmingham dans les années 80. Ray, Liz et leurs trois enfants se débrouillent tant bien que mal dans une existence déterminée par des facteurs qu’ils ne maîtrisent pas.
Le photographe et cinéaste Richard Billingham retrace en trois souvenirs et trois époques différentes le quotidien tumultueux de sa famille.


Pièce à conviction idéale pour tout pourfendeur de l'Etat Providence, Ray et Liz est une radiographie à la fois tendre et acerbe des parents de Billingham qui étaient déjà au centre de sa série photographique Ray’s a laugh dans les années 90. Tendre parce que malgré l'image peu reluisante qui nous en est donné, il n'y a aucun jugement de valeur porté sur ces deux parents quasi-indigne (ils se verront enlever la garde de leur plus jeune fils), ils sont tels qu'ils sont, avec leur défauts, leurs limites, mais sans aucune véritable méchanceté. Acerbe néanmoins parce que Billingham ne nous cache rien, de leur oisiveté coupable (la mère dont les principales occupations sont la broderie et le puzzle, le père de siffler de la bière bon marché du matin jusqu'au soir), qui se prélassent dans le lit alors que leurs enfants s'occupent tant bien que mal dans l'attente de leur réveil, qui entassent le courrier administratif une fois que le chien aura pissé dessus dans un tiroir sans les avoir jamais lu, et dont la vie semble essentiellement rythmée par la réception des allocations, seule source de revenu du couple.

Dans ce film ce que semble avant tout mettre en exergue Billingham de ses parents, c'est leur absence. S'il choisit pour titre leur prénom respectif, le film, qui s'articule autours de 3 flashbacks, fait plutôt la part belle à leur proche (les deux frères dans la première séquence, le plus jeune des fils dans la 2ème) et à tous les coups tordus que leur absence aura favorisé. S'ensuit des scènes tragi-comique où l'on ne sait s'il est préférable de rire de la bêtise des uns (le frère de Ray, un peu simplet et ayant un penchant très prononcé pour la bibine) ou de s'apitoyer des conséquences dramatiques du laxisme familiale (le jeune frère qui fugue sans le vouloir et surtout sans que ses parents ne s'inquiètent outre mesure de son absence prolongée). Entre chaque flashback, la caméra de Billingham vient retrouver son père dans son cloaque de quelques mètres carrés, allongés la plupart du temps, ne se relevant que pour ingurgiter son alcool favori, et dont le seul contact avec l'extérieur se réduit à ce qu'il peut voir par sa fenêtre. Même face à nous, il semble alors comme hors de lui-même, n'ayant plus ni désir ni volonté de sortir de cette situation de déprime absolu.

La force principale du film, qui me semble avoir quasiment disparue du cinéma britannique ces dernières années, c'est celle d'un cinéma social naturaliste qui s'attache aux plus démunis et qui arrivent à capter leur humanité. Il m'a fait me rappeler de La solitude du coureur de fond de Richardson, de Samedi soir, Dimanche matin de Reisz, du Loach de Pas de larmes pour Joy à Sweet Sixteen ou du Leigh de High Hopes et Life is Sweet (deux films qui sont probablement les plus proches thématiquement de celui-ci). Ne serait-ce que pour cette capacité à raviver l'une des veines les plus riches du cinéma britannique, c'est une réussite. Par contre son point faible, c'est que Ray & Liz ne parvient jamais à vraiment aller au-delà du simple constat d'échec qu'est la vie de ses parents.

4/6


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MessagePosté: 20 Fév 2021, 11:22 
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Beaucoup aimé même si Billingham a du mal à finir le film. Vice dit qu'il a réalisé "un documentaire animalier sur ses parents". Je déteste ce genre de condescendance narquoise à laquelle le film échappe. Il y a cependant un aspect cartoon qui prédomine qui par moments, ajouté au sujet, m'a rappelé Ma vie de courgette. Mise en scène très voire trop picturale, avec des plans savamment composés et cadrés,une tendance à l'hypertrophie, au gros plan qui va s'attarder sans prévenir sur un détail. J'aime beaucoup - et fréquemment, grâce à cette recherche formelle, son aspect sensoriel, le film s'échappe très loin du réalisme pour tendre vers le conte avec une angoisse sourde même s'il s'essouffle dans la deuxième partie.
C'est aussi une autre atmosphère que les quelques photos de Ray's A Laugh que j'ai pu voir sur internet, plus rigolotes, où on imagine un père sempiternellement bourré mais avec un côté marrant dans son côté je m'en foutiste, confirmé par la vision de Fishtank, captation documentaire que Billingham a consacré à ses parents, où le père est souriant et hilare, ce qu'il n'est jamais ici.
Le film qui ne consiste, qu'en une poignée de saynètes assez étirées, reste assez mystérieux, opaque quant à ces parents. Ainsi le père, qui a l'air veule, soumis à sa femme mais pas méchant, ne siffle des bières toute la journée qu'une fois vieux et largué par son épouse. Une dernière scène avec sa femme le rend même plus bavard qu'il ne l'a. jamais été au cous du film.


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MessagePosté: 20 Fév 2021, 14:25 
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En fait l'excellente actrice qui joue la mère est une protagoniste d'une émission de téléréalité Benefits Street, dont j'imagine que la Rue des Allocs qui se passait à Amiens en France était une copie.


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MessagePosté: 11 Mai 2023, 10:08 
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bmntmp a écrit:
En fait l'excellente actrice qui joue la mère est une protagoniste d'une émission de téléréalité Benefits Street, dont j'imagine que la Rue des Allocs qui se passait à Amiens en France était une copie.


Euh non pas du tout, c'est une véritable actrice (et elle est en effet excellente) : https://en.wikipedia.org/wiki/Ella_Smith_(actress)

Rattrapé ce film un peu par hasard et excellente pioche. Le film échappe à la chronique naturaliste loachienne que l'on pouvait attendre pour aller un peu ailleurs dans une forme plus indéfinissable. En se concentrant sur des souvenirs précis à travers de longues scènes on évite la quotidienneté trop évidente de cette étrange vie oisive et détachée de toute volonté à l'image de ce père qui semble se laisser vivre. La première partie (qui est malheureusement la meilleure) est une petite merveille avec ce personnage/acteur absolument génial, un peu simplet, qui se fait piéger par un adolescent cruel. Une scène très réussie entre comédie et malaise avec toujours cette impression du regard d'un peu en-dessous, celui de l'enfant témoin. Ce qui est étonnant d'ailleurs parce que tout autobiographique que soit le film il nous montre majoritairement des moments où le réalisateur est absent. Le film a un peu du mal à trouver son rythme dans la seconde partie avec ces retours arbitraires sur le père plus âgé mais le dernier acte avec l'espèce de fuite "400 coups" du plus jeune frère est très belle également (et m'a rappelé, coucou Lohmann, The quiet girl).

Quelque chose de très singulier dans ce film, ce regard de photographe avec cette insistance sur les gros plans, sur les objets ou les insectes pour décrire une réalité intime et par extension sociale sans en faire un film lénifiant et démagogique (comme peuvent l'être les récents Loach). Beaucoup aimé.

4.5-5/6

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Dernière édition par Art Core le 11 Mai 2023, 10:29, édité 1 fois.

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MessagePosté: 11 Mai 2023, 10:25 
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Art Core a écrit:
bmntmp a écrit:
En fait l'excellente actrice qui joue la mère est une protagoniste d'une émission de téléréalité Benefits Street, dont j'imagine que la Rue des Allocs qui se passait à Amiens en France était une copie.


Euh non pas du tout, c'est une véritable actrice (et elle est en effet excellente) : https://en.wikipedia.org/wiki/Ella_Smith_(actress)


Elle joue la mère âgée. Je ne sais pas si je faisais la distinction entre les deux actrices - excellentes - à l'époque.


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MessagePosté: 11 Mai 2023, 10:35 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Ah d'accord, elle n'apparaît que dans une scène.

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