aka 辣手神探 ("Dirty Detective") aka Hard Boiled
Un flic dur à cuire allie ses forces à un agent infiltré pour arrêter un malfrat sinistre et son gang.
Il n'est pas étonnant qu'il s'agisse du dernier film de Woo avant son départ pour Hollywood.
Je sais que le film n'a pas été pensé pour ça mais on dirait vraiment une carte de visite conçue pour convaincre les américains : les héros ne sont plus des gangsters mais des flics, l'intrigue est vraiment identique à celle de polars d'action US des années 80 avec son flic expéditif qui s'embrouille avec le capitaine et les soupçons de buddy movie, et l'action est tout simplement ce que Woo a fait de meilleur à ce moment-là, la culmination de 8 ans d'efforts dans le genre. Le mec a tout donné.
Les trois gros morceaux que sont la fusillade du salon de thé, celle de l'entrepôt et le set-piece final de près de quarante minutes sont une véritable merveille d'esthétisation, de pyrotechnie mais surtout d'idées. Tu sens que le mec pense à chaque fois comment utiliser absolument TOUT ce qu'il est possible d'exploiter dans chaque décor différent de manière à proposer autre chose que simplement des gars qui se tirent dessus en se cachant derrière des murs. Rampe d'escalier, tables, échafaudages, fenêtres, brancards, c'est vraiment un festival d'inventivité qui fait que pas deux scènes d'action se ressemblent et même presque que pas deux échanges de coups de feu se ressemblent au sein d'une même scène d'action.
Et il a mis la paquet niveau fioritures avec tantôt de la farine, tantôt des étincelles, tout ce qui lui passe sous la main et lui permet d'amplifier le caractère baroque et dynamique des plans.
Mon seul "reproche", c'est qu'il ait vraiment réduit à la substantifique moelle la dramaturgie, qui est loin d'être aussi touchante ou tragique que A Better Tomorrow ou The Killer (ou évidemment Une balle dans la tête). Ces films fonctionnaient comme drames dans lequel explosait l'action, ici on est vraiment dans un polar d'action. Ce n'est pas désincarné pour autant, parce que le partenariat entre les deux flics fonctionne, parce que l'alchimie entre Chow Yun-fat et Tony Leung est bonne et qu'il y a tout de même un minimum de profondeur sur le personnage du flic infiltré dont l'âme se perd, mais ça reste plus superficiel même si son arc de sacrifice fonctionne (bien que le happy end lui dérobe un peu de sa force).
Après, ça reste un excellent film, avec un méchant faible mais un bras droit génial, avec de l'humour juste ce qu'il faut dans le too much (le bébé quoi, Baby Cart puissance 1000), et plein de détails cultes (la clarinette, les origamis).