Je me suis enfile les trois a la suite recemment. Ca te cree une sorte d'ambiance-microcosme, c'est bien sympa.
Le Parrain (1972)
J'etais un peu comme ceux qui au debut de ce topic disaient qu'ils ne sentaient pas trop concerne par ce monde de la mafia, avec ses modeles de "tu me genes=je te tue". J'avoue que d'une maniere generale les films de gangster c'est pas ma passion.
Mais la revision a vraiment fait du bien. J'ai toujours ce rapport un peu indirect au sujet mias ca reste tres interessant. Ce premier opus est classieux et grandiose, il pose les bases de la trilogie tout en equilibre. Le montage en parallele entre assassinats massifs et ceremonie religieuse represente la scene-cle de la saga aussi bien sur le fond que sur la forme. Elle montre l'essence de la culture italo-americaine, prenant ses racines en Sicile ou la vendetta etait une tradition et le catholicisme la religion. Du cote formel, il me semble que les montages paralleles representent une structure recurrente dans les trois films (superbe montage final de la partie II, fusion opera/tragedie finale pour la partie III, et d'autres...). La trilogie, et surtout cette premiere partie, montre le monde la mafia en vase clos, d'abord parce que c'est la realite du grand banditisme mais aussi parce que cette culture italo-americaine est en decalage avec la culture protestante d'une bonne partie de la population americaine.
5/6
Le Parrain, partie II (1974)
Mon prefere parmi les trois. Je le trouve plus ample que le premier, parce qu'il traite plus de l'Amerique que de la seule communaute mafioso. Les deux histoires se completent, se renvoient l'une a l'autre avec habilete et sans aucune lourdeur. Elle permet pour moi d'embrasser l'histoire et l'essence de la nation americaine mieux que le premier film, car on montre les debuts du pere mais aussi l'heritage du fils, qui lui, a ete eleve en Amerique.
C'est aussi le film de la saga ou l'emotion est la plus equilibree, je trouve. La partie I est un peu seche (a l'exception notable de la scene de Marlon Brando et de son petit fils, que je n'aime par ailleurs pas plus que ca), et la partie III est trop dans la profusion. Dans cet entre-deux, on a la partie II qui met en scene la tragedie universalisable d'un homme engage dans des mecanismes dont il a du mal a se defaire, piege par ses choix passes, son rapport a l'heritage et la famille. "Responsable mais pas coupable", selon l'expression consacree, car il est responsable de ses choix qui sont cependant conditionnes par un contexte qui ne depend pas de lui.
Commencant par la beaute de la prometteuse arrivee en Amerique et finissant sur le choc d'un trop plein d'erreurs, ce film deploie une histoire puissante, humaine et universelle.
6/6
Le Parrain, partie III (1990)
Ce film a le merite de clore la trilogie avec parfaite coherence et c'est deja beaucoup. Mise en scene du remords, tentative de reparer les erreurs du passe, en gros derniere etape de la dialectique vers le progres d'un homme dote d'une volonte admirable. Mais l'Histoire a broye l'individu, il est trop tard pour s'en sortir indemne.
Assez logique et ne manquant pas de scenes fortes, comme vous l'avez tous souligne, ce troisieme opus est cependant beaucoup moins abouti que les deux premiers. Je viens de dire que je trouvais tout coherent, mais ca ne m'empeche pas de trouver le script en lui-meme moins fluide, et c'est peut-etre tout simplement du au fait qu'il n'est pas base sur le roman de Mario Puzo (que couvraient les deux premieres parties). Ensuite, on a l'impression que, des annees apres la partie II, Coppola a un peu trop compris ce qui avait fait le succes des precedents. Du coup il tente plus d'appliquer une recette (acteurs de premiers choix - notamment Garcia en petit nouveau, photographie impeccable, jeux de clair-obscurs, conspiration a dejouer...) que de marcher a l'inspiration. Ca reste bien et captivant mais c'est plus du a l'heritage des deux premiers que d'une veritable singularite. Cela dit, le film a des aspects differents, ceux-la meme qui font que pas mal d'entre vous lui vouent une certaine tendresse. Notamment des scenes ou Coppola a mis une forte dose d'emotion, certaines tres reussies, comme la chanson chantee et jouee par son fils. D'autres font tres serie B et nanard, je trouve, tres appuyees - c'est le cas des pleurs sur les escaliers de toute la smala. Il faut dire que le physique et le jeu d'actrice de Sofia Coppola me plait moyennement, meme si c'etait courageux de la part de son pere et elle de lui faire prendre ce role. Cela dit, rien que pour le plan final, cette partie III merite une bonne note.
4/6
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) et ridicule...