Forum de FilmDeCulte

J'avais lu le scénario y a un an et demi. C'était particulier, assez sec. En tout cas j'étais content qu'Annaud refasse un film d'importance.

Le résultat est un total film-Wiki. Le scénario, signé Annaud et Bidegain, narre les faits de façon factuelle. Il ne s'embarrasse pas de backstories inutiles, mais il n'atteint jamais la radicalité qu'aurait visé un Greengrass, et se retrouvé pollué par des inutilités du style la jeune pompier dont c'est le premier feu (mais on ne saura rien de plus sur elle): trop de caractérisation ou pas assez. Les deux personnages qu'on retient sont les deux chef des pompiers, incarnés par un Samuel Labarthe et un Jean-Paul Bordes péniblement sentencieux.

Là où quelqu'un d'autre aurait réellement collé aux basques des pompiers, Annaud choisit de multiplier les points de vue. Ce n'est pas un pur film d'incendie, ça se fragmente en montrant les politiques (Anne Hidalgo dans son propre rôle pour deux plans ! Et elle joue bien, l'animal !) ou bien les parisiens (stupides gags sur une voisine dont le chat est coincé sur un toit d'immeuble)...
L'ajout de nombreuses images d'archives au sein même du montage se marie étonnamment bien avec les plans SFX et permet de recontextualiser les évènements mais nuit à l'aspect "cinéma" (le pompon: un plan drone avec le logo Préfecture de Police en bas à droite).

En tout cas j'imagine que le film a dû se faire rapidement histoire de prendre de vitesse les nombreux projets concurrents. Speed et libéré, Annaud semble s'amuser. Il apporte de l'humour (les guides dans la cathédrale qui se contredisent, les Vélibs qui ne marchent jamais) et réussit à saisir l'absurde inhérent à la situation: les pompiers qui montent un faux PC pour distraire les personnalités politiques ; le GIGN qui débarque pour escorter les reliques... Mais souvent il dérape: honteux gag sur Trump à la Maison-Blanche qui écrit son tweet sur les Canadair...

Si Annaud se permet quelques plans sympa et claustro, sa mise en scène est trop souvent hasardeuse, à coup de zooms numériques horribles dans les plans, et d'un mauvais goût certain: contre-plongée débullée au grand angle pour un mec qui pose un sandwich dans le frigo ; on doit déplacer un vélo qui empêche les pompiers de passer = GoPro sur le vélo ; un mec récupère une clé dans un coffre: caméra embarquée sur son poignet... Beurk.

L'ensemble se laisse regarder car il y a une tension permanente (dès le départ avec un suspense bidon à la DESTINATION FINALE qui ne débouchera sur rien vu que le film n'apporte pas de réponse sur la source de l'incendie) mais dans l'ensemble c'est quand même assez grossier. Et avec une certaine pauvreté: une musique pompière (pun intended) mais cheap, des intertitres en Helvetica Narrow sans saveur... En fait le seul moyen de passer un bon moment c'est juste d'accepter que c'est pas un vrai film et juste un docu-fiction de luxe.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Vu en IMAX ou t'es un faux ?

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Le film dont clairement je ne comprends pas l’intérêt. on a tout vu en live. On a quasi lu toutes les anecdotes avant et le déroulé des opérations.

Rien de neuf à se mettre sous la dent.

Payer plus pour voir des plans GoPro granuleux gonflé 4 milliard de fois, no way. UGC Lyon Bastille FTW.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Perso, j'ai rien lu. Et ce type de film aurait pu m'intéresser mais si c'est pour faire du sous-Greengrass qui raconte R, non merci.

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A la Rochelle on a vu le pilote de la série d'Hervé Hadmar sur le même évènement et qui sort bientôt.

Autant le Annaud est quasi un docu-fiction, autant la série prend le parti-pris inverse et blinde les "destins des personnages" jusqu'à la nausée: ainsi, le tenancier de café joué par Simon Abkarian a 1. sa femme qui est en train de mourir 2. sa fille escort qui est portée disparue 3. des malfrats qui viennent racketter son bar.

Après c'est prenant car spectaculaire mais je sens que je vais pas regarder 6 épisodes...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

On dirait un film de Saeed Roustaee.

Le 2 mériterait une division en petit a et petit b tellement c'est la surcharge.

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Who dis?

Voici la bande-annonce : https://youtu.be/NH_rjA2AuGg

Cette façon de créer de la fiction sur un évènement qui n'en contient aucune c'est quelque chose.

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CroqAnimement votre

Genre Titanic?

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Ben non justement, le Titanic était rempli de passagers, l'issue était tragique, pas assez de bateaux pour tout le monde, les troisieme classe bloqués et trahis etc... Là on parle d'un bâtiment vide qui a brûlé, il y
a pas de victimes, ça duré quelques heures. A part décrire le travail des pompiers sur le moment (ce qui semblait être le projet du Annaud, qui était apparemment nul), je vois pas ce qu'on peut raconter. Donc ça brode autour dans tous les sens, je vois même pas comment ça peut être une série.

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CroqAnimement votre

Voilà. Si tu compares avec l'autre événement ( le sauvetage des gamins dans la grotte en thailande) dont on ne cesse aussi de faire des films et une série, il y a quand même un qui d'un point de vie dramaturgie, étude humaine et même lieu me parait plus intéressant cinématographiquement parlant.

Là, même si cela fut un choc pour moi qui adore les monuments historiques et Paris, il y a rien à raconter à part les pompiers dans leur lutte contre le feu. Ce n'est pas non plus la chute du world trade center avec à la fois l'attentat, les victimes prises aux flammes et la sacrifice des sauveteurs.

Oui mais Cameron se focalise sur un triangle amoureux fictif. Après, oui, là c'est poussif parce que le bâtiment était vide, comme tu dis mais bon, si c'était bien fait, ça me choquerait pas. Mais ce que décrit QGJ laisse penser que non.

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Annaud est quand même un réalisateur des plus frustrants. Bon, de moins en moins avec le temps, à force de décevoir mais quand même.

Alors que j'avais été agréablement surpris par son Dernier Loup, et que je tiens son tiercé La Guerre du Feu, Le Nom de la Rose et L'Ours, en plus de liens affectifs (films vu avec l'école ou en famille, au cinéma ou au foyer), comme vraiment de grands films pas loin de chefs-d’œuvre (mais où est la frustration, déjà), j'étais plutôt motivé à aller voir ce film en salle et je crois que c'est l'affiche reprenant (?) un dessin de Plantu qui m'a démotivé.
C'est vraiment pas jojo. Comme le film. Mais ça exprime peut-être quelque chose.
Sauf que c'est tellement brouillon, le cul entre deux chaises, qu'on se dit qu'avec des producteurs/financeurs (Seydoux et Pinault) qui auraient plus eu l'intention de faire un bon film que d'apporter leur obole charitable à l'événement, Annaud aurait pu être un peu plus poussé au cul pour bosser un an de plus.
Parce que c'est un film qui lance plein de pistes thématiques et visuelles mais qui ne vont jamais au bout ou sont bâclées.

L'utilisation du split-screen et ces montages de fiction et d'images d'archives, le gars a forcément pensé qu'il y avait matière à quelque chose mais semble s'en satisfaire.
Au début, ya un montage de genre trois images patrimoniales de la cathédrale sur lesquelles yavait moyen de développer l'idée de sa représentation à travers les âges, le film en étant une autre, mais ça tombe tellement vite comme un cheveu sur la soupe, que bon...
Même certains propos entre le banal des travailleurs, des touristes, ou encore une messe évoquant plus un spectacle culturel (ya vraiment le lundi à 18h une cantatrice qui vient pousser son petit Ave Maria, comme ça, pour genre 12 fidèles ?) qu'une profession de foi (ya bien la petite fille, et là aussi, ça peut vouloir dire quelque chose sur la naïveté de la foi) ont du potentiel mais c'est torché.
Ya à la limite que les touches d'humour qui marchent mais alors, ça fait vraiment branleur. Ce qui n'est pas nouveau chez Annaud mais ça arrivait en général à être sympathique (même Sa Majesté Minor, j'aime bien même si c'est raté, ça doit avoir son petit culte comme film). Là, ça donne quand même l'impression de se moquer du spectateur.

Et d'un autre côté, ya un vrai hommage au corps des pompiers. Donc bon, quand même, c'est fort en soi. Mais dans le film, ça aussi c'est raté, parce que pompeux. Mais ça permet aussi quelques plans vraiment chouette.
Encore le Annaud de sa seconde moitié de carrière qui donne l'impression de ne se passionner que pour la moitié de ses films, se donnant à fond sur certains séquences et en mode automatique sur le reste. Et ça reste quand même pauvre vu le potentiel de la cathédrale, ses tours, ses gargouilles, sa forêt charpentière, ses escaliers, ses portes etc.

Alors ça se regarde. Comme le dit QGJ, en mode docu-drama de luxe.
Et même là, c'est frustrant. En imaginant aller dans le documentaire avec témoignages face caméra éventuellement, ou d'autres choses, yaurait pu avoir du cinéma. J'ai passé tout le film à me dire qu'un Herzog des grands jours auraient fait un truc super sur les bases jetées. Parce que ya déjà plein de choses présentes mais c'est tellement esquissé que bon, on se retrouve à un moment avec, bah un grand incendie d'un superbe monument et des pompiers avec une musique fonctionnelle (quoi que c'est limite supportable), donc ça attrape gentiment et ça passe vite.
Mais c'est quand même vraiment pas terrible. Comme un fast-food.

J'ai lu ya pas longtemps son autobio d'ailleurs. Pareil, le mec en mode grosse flemme. Certes, ce n'est pas le même exercice mais quand tu l'entends s'exprimer, tu te dis qu'il n'a pas besoin d'une journaliste co-autrice. Quoi que le gars a peut-être dépanné une pote.
Et alors c'est intéressant parce qu'entre ses conditions de productions internationales et les sujets divers et variés de ses films (et aussi ses débuts dans la pub), le monsieur en a des histoires à raconter (Une Vie pour le Cinéma, il assume en tout cas parler de sa carrière et à peine de sa vie privée, de toute façon en dehors du fait qu'il n'est pas le fils de son père, certainement rien de plus intéressant) mais en dehors du jeu de la lecture sur le cinéma qui fait se mêler ta projection d'images aux souvenirs d'images projetées, c'est assez peu conséquent.