Je sais même plus comment ce film s'est retrouvé sur mon disque dur, comment je l'ai découvert.
Je l'ai lancé un peu par hasard et ce fut une excellente surprise. Quel film étrange et totalement en avance sur son temps. En fait quand le film s'est terminé j'ai eu l'impression de voir un film de Makoto Shinkai en live et sans effets spéciaux. On retrouve ce mélange de bluette adolescente à des considérations fantastiques voire science-fictionnelles dans un univers onirique. C'est vraiment un film très original et assez unique par ce mélange des genres qui ne paraît pourtant jamais à chercher à l'être mais qui semble au contraire organiquement passer du teen movie, au film fantastique apocalyptique, à la fable de SF philosophique et à quelque chose de beaucoup plus insaisissable et évanescent (qui n'a pas été sans me rappeler certaines films de Naomi Kawase, notamment tout un rapport à l'eau qui évoque un peu Still the water).
Il faut se faire un peu à une mise en scène dans un premier temps assez pauvre, on sent que le film n'a pas bénéficié de beaucoup de moyens, la photo est assez plate, mais plus on avance, plus Ishii parvient à faire des miracles avec vraiment pas grand-chose. Toute ces manières d'évoquer les perturbations atmosphériques que ce soit la pluie, la canicule, la sécheresse et ces plans géniaux où des passants sont soudain affectés de cette étrange "maladie de pierre" et s'effondre au milieu de la rue. Tout concourt à donner au film une espèce d'ambiance flottante et onirique où on a l'impression que des rêves s'enchassent les uns dans les autres. Tout cela est magnifiquement incarné par ce personnage d'Izumi, jeune fille qui semble développer d'étranges pouvoirs après un accident de plongeon (mais pouvoirs que l'on ne verra jamais) et qui trimballe une espèce de mélancolie adolescente assez bouleversante.
Il y a clairement un manque de rythme dans la seconde partie où le film semble un peu bégayer dans ses péripéties Izumi hospitalisé, Izumi s'enfuit, le garçon la cherche etc... mais on lui pardonne volontiers tellement le film est absolument original et surtout d'une sincérité totale, sans esbrouffe, sans clin d'oeil de petit malin. Ishii croit dur comme fer à ce qu'il nous raconte, à la possibilité de l'ailleurs, de la fin du monde et de cette jeune femme qui a (peut-être sauvé l'humanité). La fin qui se projette brièvement dans le futur est magnifique, jusqu'à un dernier plan tout simple mais bouleversant du genre du dernier plan de Your Name (cf Makoto Shinkai) qui m'a cueilli de manière inattendue. Je lisais un autre avis qui se demandait sur Richard Kelly avait vu ce film avant d'écrire Donnie Darko et en effet on y retrouve pas mal d'élements, non pas tellement narratifs mais bien plus dans l'exploration de ce mal être adolescent comme un pouvoir conjurant des forces supérieures.
5/6